Take Shelter
Résumé: Curtis (Michael Shannon), banal employé dans une boîte de BTP, commence un jour à avoir de terrifiants cauchemars dans lesquels une tornade accompagnée d’une étrange pluie jaunâtre détruit tout sur son passage. D’abord inquiet sur son état mental, il ne tarde pas à être convaincu qu’il doit absolument bâtir un abri anti-tornades dans son jardin pour protéger sa famille, quitte à engloutir toutes les économies du ménage dans ce projet démentiel.
Bête de festival ayant récolté des louanges aux quatre coins de la planète, Take Shelter est le second film de Jeff Nichols, après le drame Shotgun Stories. Pour l’occasion, il retrouve l’acteur principal de son précédent film, Michael Shannon, connu surtout pour son rôle marquant dans le Bug de William Friedkin et sa participation régulière à la série Boardwalk Empire.
Take Shelter s’intéresse donc au cas de Curtis, un homme tout ce qu’il y a de plus normal, qui du jour au lendemain commence à avoir des visions d’apocalypse terrifiante et se persuade qu’il doit construire un abri anti tornades pour sa femme Samantha (Jessica Chastain, la mère de Tree of Life) et leur fille Hannah. Malgré un rythme assez lent qui pourra en rebuter certains, Take Shelter est un film réellement prenant grâce au talent de son réalisateur et de son acteur principal. Car là où d’autres auraient raté le coche en rendant le personnage principal effrayant et antipathique par sa folie, Nichols ne perd jamais de vue le côté humain de son histoire. On suit donc d’un œil inquiet la lente descente aux enfers de Curtis, et on prend rapidement fait et cause pour lui, d’autant que le personnage est très bien écrit et doute lui-même de l’état de sa santé mentale. Michael Shannon livre une prestation d’une grande justesse, parfaitement secondé par l’excellente Jessica Chastain en mère courage soutenant son mari jusqu’au bout. Le film comporte de très beaux moments d’émotion, comme lorsque Curtis pète un câble à un repas communautaire et comprend alors à quel point il se retrouve au ban de la société.
Mais surtout, la très grande force de Take Shelter est d’arriver à faire pénétrer le spectateur dans l’esprit de Curtis, au point que l’on finit par se perdre avec lui et ne plus savoir si ses visions ne sont que la manifestation de sa folie ou si elles sont réelles. Difficile du coup de ne pas se tordre les mains d’angoisse lors d’une des dernières scènes, lorsque Curtis doit ouvrir la porte de son abri pour découvrir si le monde a été détruit ou non. Une immersion rendue possible grâce au soin apporté à l’écriture et à l’interprétation, mais aussi grâce à la réalisation carrée de Jeff Nichols. Les scènes des visions de Curtis, bien que finalement peu nombreuses, sont très impressionnantes et effrayantes grâce notamment à un excellent travail sur le son.
Au final, plus qu’un simple thriller fantastique, Take Shelter est un très beau drame humain, prenant, émouvant et effrayant. On attend dès lors la suite de la carrière de Jeff Nichols avec intérêt…
Note : 8/10
USA, 2011
Réalisation : Jeff Nichols
Scénario : Jeff Nichols
Avec : Michael Shannon, Jessica Chastain, Tova Stewart
Another Earth
Résumé : Un soir, une nouvelle planète apparaît soudainement dans le ciel étoilé. Il s’avère que celle-ci est identique en tous points à la Terre. Alors qu’elle est en train d’observer cette seconde Terre au volant de sa voiture, Rhoda (Brit Marling) percute un autre véhicule, tuant sur le coup une mère de famille et son enfant, et envoyant le père dans le coma. Quatre ans plus tard, après être sortie de prison, Rhoda tente d’expier sa faute auprès de John (William Mapother), l’homme dont elle a tué la famille. Mais ne parvenant pas à lui dire la vérité, elle lui ment et lui propose ses services en tant que femme de ménage. Ils ne tardent pas à sympathiser, et John retrouve peu à peu goût à la vie grâce à la présence de Rhoda. Mais la jeune fille a participé à un concours offrant l’opportunité de partir sur la seconde Terre…
Autre bête de festival ayant notamment été primée à Sundance, Another Earth utilise à l’instar de Take Shelter un argument fantastique pour raconter un drame humain. Mais là où le film de Jeff Nichols parvenait à mêler harmonieusement les deux aspects, Another Earth fait très vite passer son background de science-fiction au second plan. A vrai dire, à la vision du film, on a rapidement l’impression que le réalisateur Mike Cahill a tenté de cocher toutes les cases de la « liste pour obtenir un prix à Sundance » : nombre réduit d’acteurs, filtres de couleur « arty », mouvements de caméra inutiles « mais qui font classe » (filmage en style documentaire, zooms rapides sur les visages, etc). L’argument science fictionnel se révèle très vite n’être qu’une façade inutile pour un drame tout ce qu’il y a de plus banal, certes porté par un duo de bons acteurs, mais tellement peu original qu’on a l’impression d’avoir déjà vu le film cinquante fois auparavant.
A vrai dire, Cahill semble tellement se foutre de son argument science-fictionnel qu’il multiplie les incohérences agaçantes, le pire restant ce twist final inutile juste bon à faire s’interroger le spectateur. Tout le monde s’extasie par exemple devant l’apparition de cette seconde Terre, mais personne ne semble s’inquiéter de sa provenance ou du fait que celle-ci se rapproche dangereusement de notre planète. Le film reste tout de même regardable grâce au talent de ses deux acteurs principaux, Britt Marling (aussi co scénariste du film) et William Mapother (Lost), tous deux très touchants dans leur interprétation de ces personnages brisés par la vie.
Mais on ne peut s’empêcher d’être agacé par un film qui prend clairement le genre qu’il aborde de haut et laisse un sentiment de prétention assez désagréable.
Note : 5/10
USA, 2011
Réalisation: Mike Cahill
Scénario: Mike Cahill, Brit Marling
Avec: Brit Marling, William Mapother
Happy Feet 2 (Happy Feet Two)
Résumé: Erik, le fils de Mumble, est timide et réservé, et incapable de danser ou chanter comme les autres pingouins. Se sentant incompris, il s’enfuit et rencontre un groupe de pingouins vénérant Sven Puissant, un pingouin capable de voler…
Le premier Happy Feet réalisé par George Miller était à la fois une démonstration technique impressionnante et un bon film pour enfants entraînant et avec un message écologique plus que d’actualité. Pour ce second opus, Miller et son équipe reprennent la même formule, tout en ajoutant l’indispensable 3D. Le résultat est un spectacle familial de haute volée, malgré un scénario s’éparpillant parfois un peu et un message moins percutant. On sent que l’équipe tire parfois un peu la corde, notamment en rajoutant le personnage d’Erik « parce que les bébés pingouins sont trop mignons », mais l’énergie du premier film est bien présente. Les numéros musicaux sont une fois de plus excellents et puisent dans un répertoire suffisamment large pour que le film ne soit pas périmé dans deux ans (on navigue avec bonheur de Justin Timberlake à Queen en passant par de l’opéra). Seule l’histoire des deux krills (de petites crevettes) interprétés en VO par Brad Pitt et Matt Damon semble un peu déplacée par rapport au reste du film. Mais les deux acteurs s’en donnent tellement à cœur joie que leurs personnages restent très attachants et offrent souvent des interludes comiques très drôles.
Mais le plus impressionnant dans ce Happy Feet 2 reste la réalisation de George Miller. On sent le réalisateur inspiré par la liberté offerte par l’animation et celui-ci se lâche ici totalement, offrant au spectateur des images magnifiques, et des mouvements de caméra incroyables, le tout renforcé par une 3D tout simplement extraordinaire. Les scènes montrant l’essaim de krills sont tout bonnement impressionnantes, de même que les scènes sous-marines offrant une profondeur inédite.
Malgré ses quelques défauts scénaristiques, Happy Feet 2 reste un bon divertissement familial, à découvrir absolument sur grand écran pour apprécier pleinement la maîtrise de la 3D de George Miller.
Note : 7/10
USA, Australie, 2011
Réalisation : George Miller
Scénario : George Miller, Gary Eck, Warren Coleman, Paul Livingston
Avec: Elijah Wood, Robin Williams, Pink, Ava Acres, Brad Pitt, Matt Damon, Hugo Weaving