Magazine Culture

Marlon Browden - "Marlon Browden Trio" 2001 Fresh Sound New Talent

Publié le 10 janvier 2012 par Audiocity

 

Le hasard fait parfois bien les choses, encore faut-il savoir le provoquer. Lorsque je décide de partir m'acheter des disques, j'ai toujours en poche une liste précise d'albums à m'offrir mais, comme tout collectionneur, j'aime aussi passer du temps à défricher les bacs pour y trouver quelques surprises inattendues qui m'auront attirées selon des critères de sélections qui me sont propres (comme tout un chacun en somme). Ca peut être une pochette, une date, des musiciens, voir même un prix attractif. Cela fait parti des joie du fouineur. Dans le cas de ce disque, c'est d'abord la pochette que j'ai trouvé sympathique. Rien de très original au demeurant puisqu'il s'agit d'un portrait en noir et blanc de celui que je suppose alors être le leadeur du trio, Marlon Browden (perspicace le mec). Ca m'a tout de suite fait penser à "Pieces Of A Man" de Gil Scott-Heron, ou encore "A Tear To A Smile" de Roy Ayers. Seulement là, hormis le fait que cela ne pouvait être que du jazz, aucune date ne figurait au verso du boitier, ce qui peut occasioner le doute dans mon esprit, genre, pourvu qu'il ne s'agisse pas d'un disque produit dans les années 80 (je reconnais une certaine aversion pour les sonorités de cette époque, notamment de claviers). Et puis, comme de bien entendu, il y avait ce satané antivol qui avait été collé en dépit du bon sens, en plein sur le line-up, si bien qu'il m'était impossible de savoir qui jouait  sans avoir à complètement l'arracher, ce que je ne décide de faire qu'en cas d'extrème urgence. Là, je n'avais pu qu'apercevoir qu'il s'agissait d'une formation "traditionelle" comprenant un trio piano/wurlitzer-basse-batterie. J'imagine alors que Marlon Browden est le pianiste du groupe. Je trouve aussi sympathique d'utiliser le Wurlitzer qui reste un instrument souvent délaissé au profit du Rhodes. Le vendeur que je connais bien ne pouvait rien m'en dire de plus mais il se propose gentiment de me le faire écouter si je le souhaite. Qu'importe. A 5 euros le cd, le risque n'est pas très élevé. Et puis cette pochette, je l'aime bien; ce type m'inspire confiance. Mon baluchon en poche, délesté de plusieurs dizaines d'euros, léger, je quitte la boutique et rentre chez moi avec déjà dans l'idée de commencer mes écoutes avec lui, cette-fois livret en main, histoire d'être fixé sur son compte.


Première approche et premier émoi, tout de suite. Je pense avoir fait une bonne pioche et remercie mon instinct. Seulement, très vite, je suis surpris de lire que Marlon Browden est en réalité le batteur du groupe. La musicalité et les nuances sont bien là mais, dès les premières mesures d'ouverture de "Piano Song", j'étais pourtant quasiment sûr qu'il était le pianiste du trio (surtout que la batterie n'intervient qu'après 1 minute 40, et encore, seulement par quelques jeux de symbales progressifs et aériens). Sur "It Won't Pay The Way" (une composition de Avi Lebovich) ça se confirme. Finalement, comme pour le reste de l'album, on pourrait encore croire que le morceau est tenu par le pianiste, mais pourtant cette-fois ça y est, la distinction est plus nette. De l'énergie avec beaucoup d'élégance et de clarté; le jeu est aérien et les frappes de toms ou de cymbales sont sèches, justes, parfaitement distillées. Souvent en dehors du temps (j'adore), son phrasé n'est pas trop envahissant et s'intègre idéalement et sans ostentation à l'ensemble. Le trio prend plaisir, l'album prend tout son sens. J'y vois plus clair. Une reprise de "Anchor Song" de Björk, ainsi qu'un très bon medley comprenant la réinterprétation au Wurlitzer par Pete Rende du magnifique "Guinnevere" que Miles Davis avait écrit pour son album "Bitches Brew" mais que l'on ne peut écouter que sur le coffret du même nom, et du titre "Snake" du pianiste argentin Guillermo Klein. Les 4 autres morceaux sont écrits par Marlon Browden et sont tous de très bonne facture. Encore maintenant je prends beaucoup de plaisir à y percevoir de nouvelles émotions. C'est le cas de "Daydream". Encore une fois le piano est plutôt devant, mais vraiment rien de dérangeant à cela. La ligne de basse de Matt Pavolka  me rappelle un air très connu dont je ne peux me souvenir. Mes neurones me jouent des tours; peut être du Hancock, mais pour le soupçon de In A Silent Way, là aucun doute. Quoi qu'il en soit, si "Marlon Browden Trio" reste très (trop) confidentiel, il est d'une humilité sincère et mériterait certainement qu'on s'y intéresse d'un peu plus près. Vous n'y trouverez pas de démonstration outrancière de technicité de haut vol, certe, mais pour ma part je n'ai jamais été friant de cet exercice de style et préfère attendre des musiciens qu'ils me fassent partager leur art avec virtuosité et simplicité plutôt que de m'en exclure au profit de leur égocentricité d'artistes "égoistes" en quête de reconnaissance personnel. Ici tout est affaire de retenue et de silence. Mais après tout chacun son truc, de toute façon il y en aura suffisamment pour tout le monde.   Pour l'heure et dans le futur, j'adhère à "Marlon Browden Trio". Amazon iTunes

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Audiocity 526 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines