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Des chapelles dans le monde du vin

Par Mauss
Il est assez navrant de lire sur des blogs ou des forums, avec l'exemple du dernier billet écrit par Nicolas de Rouyn (ICI) à quel point certaines sensibilités deviennent si rapidement des sortes d'apprenti-ayatollah montant immédiatement sur leurs grands chevaux.

Qu'on nous comprenne bien : pour toute personne censée, condamner dans un même élan les producteurs qui essaient d'appliquer sur leurs terres des principes de culture "nature", "bio" ou "bio-dynamique" ou je ne sais quoi encore dans ce sens, c'est d'une stupidité élémentaire. Merci de penser qu'on puisse avoir un point de vue un peu plus étudié.

Que maintenant nous devrions faire plus attention aux mots que nous utilisons, j'en donne volontiers acte et on essaiera, autant que possible, de ne pas oublier ce point afin de ne pas froisser ceux qui ont un sens particulièrement aïgu de l'utilisation de ces mots autour de "nature", un vocable qui, quand même, quelque part, peut garder un sens généraliste.

Il est évident que certains producteurs font des choses remarquables dans ce domaine, et là je pense immédiatement à Lalou Bize-Leroy, Anne Claude Leflaive, la DRC et autres propriétés qui, depuis des lustres, et sans en faire un argument commercial majeur, se rapprochent de plus en plus de ces concepts de respect de la terre et s'éloignent là aussi de plus en plus d'utilisations massives d'intrants chimiques.

Alors certes, cela donne matière à des discussions parfois trop virulentes sur des vins comme ceux de Nicolas Joly, car, fatalement, d'un côté, on aura toujours ceux pour qui un vin, avant tout, doit être bon à la consommation et plaire et d'autres pour qui, on doit accepter l'évolution gustative de ces vins "nature" simplement parce qu'ils suivent des règles de chapelle.

Ce que je lis souvent ici et là, c'est que beaucoup de ces vins nouveaux ont des évolutions dans le temps particulièrement aléatoires. Alors, s'il s'agit de mettre à l'évier des crus qui, manifestement, évoluent mal dans le temps, ma foi, s'il s'agit de vins à moins de "X" euros, on n'en fait pas un caca nerveux : quoique…

Mais quand on nous bassine que ce ne peut être un élément important - la buvabilité du vin et les plaisirs qu'il doit apporter - alors là, permettez nous de soutenir un point de vue plus nuancé… qui ne veut pas dire que d'ici quelques années, on trouvera probablement un équilibre sur ce plan.

C'est bien un point de vue (je crois) qui a été mis en évidence depuis quelques temps maintenant par Michel Bettane et d'autres. On a encore le droit de séparer le bon grain de l'ivraie et de garder in fine les qualités gustatives d'un vin comme critère majeur d'un achat.

Et pour revenir sur le cas Marionnet discuté sur le blog de Nicolas, restons calmes : jamais ce domaine n'a mis en avant l'appartenance à une chapelle qu'il exploiterait effrontément. Henry Marionnet fait depuis des décennies des vins sans soufre, pas faciles à produire, avec bien souvent des cuvées entières qui vont aux égouts, simplement parce que ce producteur est très sensible aux maux de tête qu'apporte ce soufre qui, trop utilisé pour des soucis de sécurité, dénature le vin.

Oui, le vin est un monde de passion où chacun veut défendre mordicus ses favoris, mais évitons de tomber dans des mauvaises fois et dans des diktats qui n'amènent nulle part.

On fera gaffe, promis, de ne pas utiliser ces mots bio, biodyanmique, nature sans rappeler ces règles élémentaires de proportionnalité et notre absence de défendre mordicus telle ou telle chapelle. 

On gardera par contre toujours comme principe fondamental qu'un vin ou il est bon, ou il n'est pas bon. Maintenant, si on dispose d'informations sur ce qui se passe en amont ou sur ce qui motive le producteur, on le fera et sans initier systématiquement de polémiques particulièrement vaines, surtout quand elles deviennent immédiatement des attaques à la personne.


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