Je devais avoir une douzaine d'années. Pour un jeune cinéphile, Canal+ et ses films d'horreur trois samedi par mois, c'était comme Noël tous les week-ends. En passant, chez moi, il n'y avait pas de télécommande à la télé, pas de magnétoscope, pas d'ordinateur et bien entendu, pas de Ipod, pas de téléphone portable, et pas de console de jeu vidéo. Tout se passait dans la tête, ou à la radio.
De l'autre côté de la rue, en face de chez moi, il y avait ce jeune type, dix-huit, dix-neuf ans, vaguement chômeur, dans mon souvenir, mais qui adorait les gosses du lotissement ET les films d'horreur. Certaines fois, il nous invitait, ma bande et moi, nous étions cinq ou six, et l'après-midi filait devant sa téloche et ses cassettes vidéo, il nous hypnotisait avec des classiques comme Alien, Hurlement ou Chromosome 3, quand il ne nous traumatisait pas définitivement avec des machins italiens à gerber, du style de Anthropophagous (1980, de Joe D'Amato, n'y allez pas, surtout...) Je lisais Mad Movies ou l'Écran Fantastique, quand j'avais l'argent et le courage de les acheter. Et sur les murs de ma chambre s'étalaient Madonna et Freddy Krueger ou Jason.
Lorsque Aliens est sorti, c'était un tel truc, j'ai enragé de ne pas avoir l'âge. Il y est allé. Au retour, dehors, appuyé sur le capot de la voiture de ses parents, il m'a raconté le film, je n'ai jamais oublié ce moment. Je ne sais pas pourquoi.
Tout ça pour dire que ce blog, au départ, c'est pas Boy Meets Girl, c'est plutôt Monster Meets Pin-Up. Il était juste temps de retrouver la bonne ligne éditoriale. C'est fait.
Evelyn DEAD.