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Salem – King Night

Publié le 06 février 2012 par Lcassetta

Lcassetta retourne sur l’un des albums les plus controversés de 2010. Le classique de la witch house a été reçu différemment par les critiques… A nous de vous prouver l’intérêt de cet album.

La Witch House est encore aujourd’hui, en 2012, un terme trop approximatif et trop… exploité. En 2010, quand on pensait Witch House, on voyait des pyramides, des croix, beaucoup d’instrus violents et de satanisme. En 2011, on voyait plus un terme générique relevant d’une ambiance fantomatique et on pouvait même labelliser Clams Casino de ce terme, avec son ambient déchiré et ses vocals éthérés et fantomatiques. Aujourd’hui, ce genre renvoie plus globalement à tout ce qui est nocturne, angoissant et ritualiste. Pourtant, 2010 et 2011 ont souffert de beaucoup de releases presque parodiques. Des titres composés de pyramides inversées et de symboles, des beats presque brouillés et brouillons, du drag dégueulasses et des paroles presque vomitives. Oui, la Witch House a été retournée dans tous les sens et c’est souvent à ça qu’on l’associe. “Witch House ? Non désolé, je suis pas satanique.”

Pourtant, tout a commencé à partir de ça. King Night a servi de base et de modèle à la majorité des releases qui ont suivi. Ainsi, en 2010, les détracteurs du terme et par extension du genre ont critiqué négativement cet album avec une objectivité douteuse, accompagnée d’une haine injustifiée. Cependant, King Night n’est pas n’importe quel album de Witch House pour fluokidz de 15 ans. King Night est très bien mené et a beaucoup de moments de génie et surtout réussit à retranscrire avec perfection l’ambiance qu’il prétend mener. Oui, King Night est particulièrement angoissant, flippant, nocturne, et j’en passe. Qu’il s’agisse du title track très déchiré et chaotique, ou des sons de rap, tout, je dis bien tout, est propice à cette ambiance. Il fait nuit, vous êtes drogué, vous avez sûrement commis un meurtre, tout se fait flou, vous paniquez… La chanson King Night est très représentative : Les synthés très puissants, les vocals éthérés rappelant des rituels, les drums rapides et l’ambient très fort. Salem a inventé ce genre et personne d’autre que Salem ne peut retranscrire une telle ambiance sans tourner au ridicule. Tout dans cet album est exagéré, et intense, sans virer à la caricature. La chanson éponyme est tout ce qui fait la gloire du mouvement : le drone, l’ambient, les synthés… C’est la cavalerie de l’enfer, les flammes, la beauté de la nuit, et la gloire du sacré.

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Salem ne font pas que dans les synthés épique et le rituel. On a alors droit à deux chefs d’oeuvre sur cet album, en plus des autres excellents sons : Sick et Trapdoor. Les deux chansons sont accompagnées d’un rap très explicite. D’ailleurs, l’un des principaux motifs des critiques négatives ont été ce rap. OUI, le flow est médiocre et le pitch rend la voix très grave. Mais ce flow n’est pas fait pour suivre un beat ou pour balancer des punchlines. Ce rap est fait pour être vicieux, pervers, violent et pour donner des mots aux vices de Salem. Pour caractériser la musique de Salem et la tourner en ridicule, le terme “futuristic ghetto satanic swag” a souvent été utilisé. Pourtant, ce terme est le plus approprié. C’est exactement ça : Le beat est futuriste, les paroles et les claps/drums sont ghetto, les paroles sataniques et le flow du rappeur swag. Par ailleurs, l’ambiance est explicitée de manière très réussie. Les deux paroles atteignent la perfection dans les lyrics malgré la médiocrité du flow. Cependant, on peut faire abstraction du flow du rappeur vu que ce n’est pas sa principale fonction. Ainsi, sur un ton pitched down et donc très grave, il rappe violemment avec un ton pervers et vicieux. Be quiet, little lamb, I need you for tonight… Wanna take a ride with me? Nah, that’s the wrong seat… First I’ll tie your hands and feet, shhhh, don’t make a peep! Le rappeur aborde ça avec un certain charisme presque jemenfoutiste qui a un effet encore plus angoissant. C’est ghetto, c’est swag. Imma slit your wrist!  Chaque lyric est à sa place et amplifie cette sensation d’interdit, de peur et d’angoisse. Oui, j’ai peur du rappeur quand il dit qu’il va me couper les veines. Et c’est clair : I’m on some evil shitTrapdoor est sûrement celle qui représente le plus cette ambiance : Le rappeur parle de drogue de manière violente, insulte, balance des réflexions ghetto sur la vie… et devient vite fou, panique, part dans une excursion mystérieuse, court dans la rue, fait des accidents, panique… Les bruitages d’accidents sont parfaits pour accentuer cette sensation. But me is different, I’m not tryna be alive… I just tryna get HIGH. Oui c’est ridicule. Mais cette line aurait été ridicule si n’importe quel rappeur l’aurait dit, pas dans un contexte aussi… dangereux. Tout est propice à l’interdit : I doubt she know fire, but I could introduce her, all it takes is mashes and just a little juice. Cette perversion est représentative du son de Salem.

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Salem n’est pas non plus que du rap. Sur des sons comme Hound ou Killer, on retrouve plus de variété et d’originalité. Déjà que leurs beats sont uniques, avec leurs voix distordues à l’extrême et leur ambient obscur, on retrouve du chant torturé sur Killer, où le chanteur chante de manière désespérée, sur un beat très drone dont la distorsion progressive de la voix relève d’une douleur profonde de la part de ce dernier. Et c’est très beau. Oui, Salem savent aussi se montrer émotionnels et c’est très appréciable. Tout est fascinant et presque sacré. Salem vivent dans un monde où le rituel est quotidien.

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Ainsi, Salem réussissent avec perfection à imposer une ambiance qui leur est propre. King Night est le classique de laWitch House et a influencé toute la flopée de productions du genre. Après, on aime ou on n’aime pas… Ceux qui préfèrent la douceur seront horripilés par le vice et la violence alors que d’autres seront fascinés par cet univers. En tout cas, c’est indéniable : King Night est l’un des plus importants albums de cette décennie.

Salem – King Night
Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Etudiant de 17 ans passionné de musique underground. Je connais la musique comme ma poche et des trucs que même Discogs ignore... Je te fais découvrir les meilleures et les pires sorties, je façonne ton goût. C'est moi qui analyse la musique actuelle et qui vous cultive. Pour vous servir. http://www.facebook.com/Simoh.PT @SimohTheCreator http://www.last.fm/user/Simoooh


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