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Critiques en vrac 59: The Darkest Hour – Fast Food Nation – The Artist – Intruders

Par Geouf

The Darkest Hour

Critiques en vrac 59: The Darkest Hour – Fast Food Nation – The Artist – IntrudersRésumé : Deux amis de passage à Moscou se retrouvent pris au milieu d’une invasion extraterrestre. Dans une ville inconnue et face à des ennemis invisibles capables de réduire en cendre une personne en quelques secondes, ils vont devoir tenter de survivre…

Décidément, l’invasion d’aliens belliqueux est un thème à la mode en ce moment. Il faut croire que la supposée approche de la fin du monde donne aux scénaristes hollywoodiens l’envie de mettre celle-ci en scène. Malheureusement pour The Darkest Hour, il arrive un peu après la bataille, le sous estimé Skyline et le bourrin World Invasion étant déjà passés par là. Du coup, on repassera pour l’originalité, The Darkest Hour se révélant rapidement sans surprises. Le second film de Chris Gorak (le sympathique thriller Los Angeles Alerte Maximale) prend donc des sentiers extrêmement balisés, reprenant la formule gagnante de La Guerre des Mondes de Spielberg (suivre un événement planétaire à hauteur d’homme), du groupe de héros aux caractères sans surprise (à tel point qu’on devine en deux minutes qui va vivre et qui va mourir et à quel moment), en passant par les mises à mort régulières, jusqu’au final plein d’espoir assez déplacé. On a même droit aux bons rebondissements peu crédibles : forcément les héros rencontrent un type qui a inventé en 3 jours une arme contre les aliens, et forcément ils trouvent la seule radio de la ville qui fonctionne pour entendre le message indiquant l’emplacement du sous-marin de secours…

Reste tout de même une bonne exploitation du cadre, situer le film à Moscou lui donnant un cachet sympathique (on se doute que la présence à la production de Timur Bekmambetov n’est pas étrangère à ce fait), d’autant que Gorak emballe quelques impressionnantes scènes d’apocalypse dans le premier tiers du film. Le choix de ne pas dévoiler les aliens jusqu’à la toute fin du film est lui aussi assez judicieux (heureusement d’ailleurs, car ils sont assez ridicules) et permet au réalisateur de proposer quelques scènes au suspense correct. Enfin, on a plaisir à retrouver l’acteur Emile Hirsch, dans le rôle principal, celui-ci faisant preuve comme à son habitude d’une grande aisance de jeu. Dommage que ce ne soit pas dans un film plus réussi…

Au final, The Darkest Hour se laisse regarder sans déplaisir, mais son manque flagrant d’originalité et de fraicheur en font juste un produit de consommation courante sans âme, très vite oublié.

Note : 4.5/10

USA, Russie, 2012
Réalisation : Chris Gorak
Scénario : John Spaihts
Avec : Emile Hirsh, Olivia Thirlby, Max Minghella, Rachael Taylor, Joel Kinnaman, Veronika Ozerova

Fast Food Nation

Critiques en vrac 59: The Darkest Hour – Fast Food Nation – The Artist – Intruders
Résumé : La chaine de fast-food américaine Mickey’s fait face à un potentiel scandale : des analyses indépendantes ont en effet révélé que la viande de leur hamburger phare, le Big One, comporte des traces conséquentes de défécation. Don Anderson (Greg Kinnear), directeur du marketing de Mickey’s, est envoyé chez le fournisseur de la viande pour enquêter…

Réalisateur de l’excellent A Scanner Darkly, Richard Linklater s’est engouffré à la suite de Morgan Spurlock et de son fameux Supersize Me en 2006 en s’attaquant à son tour au monde trouble du fast food américain. On sent en tous les cas que ce sujet a dû toucher une corde sensible, vu que l’impressionnant casting du film comporte tout le gratin d’Hollywood : Greg Kinnear, Bruce Willis, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Paul Dano (There will be Blood), Kris Kristofferson, et même la chanteuse Avril Lavigne.

Plutôt que de s’intéresser une fois de plus au problème de la malbouffe et de ses conséquences sur la santé, Fast Food Nation se penche sur l’envers du décor, au travers de quatre personnages distincts : un cadre dirigeant d’une grande chaine de fast food recherchant l’origine des traces de matière fécale retrouvées dans la viande de leur principal produit, un couple de sans papiers mexicains travaillant dans l’usine fournissant la viande en question, et enfin une lycéenne bossant à la caisse d’un des restaurants de la chaine. Une approche du sujet intéressante, mais qui n’est pas sans causer quelques problèmes narratifs, le film semblant parfois s’éparpiller quelque peu et manquer d’équilibre entre les différents protagonistes. Le personnage de la lycéenne est par exemple assez inutile et son histoire n’apporte pas grand-chose au film. De même, la première moitié du film se concentre principalement sur l’enquête menée par le cadre interprété par Greg Kinnear, ce qui fait que l’on se demande parfois pourquoi on suit les autres personnages, notamment le couple de mexicains, dont l’intérêt ne se révèle que dans la dernière partie du film.

Reste que malgré ces quelques maladresses, Fast Food Nation arrive souvent à toucher juste, notamment dans sa description effarante du cynisme dont peut faire preuve l’industrie agro alimentaire : mépris des règles d’hygiène, emploi de main d’œuvre non qualifiée que l’on jette dès qu’elle n’est plus utile, négociation agressive des prix et blacklisting des personnes refusant de jouer le jeu, dissimulation, mensonge, etc. La démonstration est au final éloquente, et certaines scènes font froid dans le dos, que ce soit le monologue d’un Bruce Willis monstrueux sur la raison pour laquelle l’enquête va être enterrée, ou le final montrant la chaine d’abattage dans toute son horreur.

Fast Food Nation n’est donc pas exempt de défauts, mais réussit au final à parfaitement faire passer son message, et après visionnage on aura bien du mal à se rendre au MacDonalds du coin et à considérer son hamburger de la même façon.

Note : 6.5/10

USA, 2006
Réalisation : Richard Linklater
Scénario : Eric Schlosser, Richard Linklater
Avec : Wilmer Valderrama, Catalina Sandino Moreno, Greg Kinnear, Ashley Johnson, Paul Dano, Bruce Willis, Patricia Arquette, Avril Lavigne, Luis Guzmán

The Artist

Critiques en vrac 59: The Darkest Hour – Fast Food Nation – The Artist – Intruders
Résumé : Star incontestée d’Hollywood dans les années 20, Georges Valentin (Jean Dujardin) se retrouve mis sur la touche lors du passage du muet au parlant. Alors que son refus d’embrasser cette nouvelle technologie le met au ban d’Hollywood, la jeune Peppy Miller (Berenice Bejo) devient l’étoile montante de la profession…

Est-il possible, à l’heure de la haute définition et du cinéma virtuel, de réaliser un film à succès en noir et blanc, et muet de surcroit ? Il semblerait bien que oui, vu le succès public et critique international du nouveau film de Michel Hazanavicius, réalisateur des deux OSS 117 avec Jean Dujardin.

The Artist suit le destin de Georges Valentin, acteur star du muet qui se retrouve du jour au lendemain mis au ban d’Hollywood par son refus de passer au parlant. Au-delà du simple exercice de style consistant à tourner un film muet en 2011, The Artist propose une réflexion intéressante sur la marche du progrès et l’obligation de s’adapter pour survivre. Le film d’Hazanavicius propose surtout une adéquation assez exceptionnelle entre le fond et la forme. Car loin d’être un simple gimmick, l’absence de paroles du film permet surtout au réalisateur de coller au mieux aux états d’âme de son héros (notamment lors d’une excellente scène de cauchemar), qui refuse obstinément de céder à cette « mode passagère » du parlant. Ce ne sera d’ailleurs que dans les dernières minutes du métrage, quand il acceptera enfin de laisser tomber sa fierté mal placée, que le monde autour de lui gagnera une voix.

Mais la plus grande réussite du film reste avant tout de proposer une histoire touchante et un film passionnant pour le public moderne malgré ses contraintes de prime abord rébarbatives. On se laisse très vite prendre au jeu, au point de presqu’oublier l’absence de paroles. Une réussite due en particulier à l’interprétation sans faille d’un casting quatre étoiles. Jean Dujardin porte tout simplement le film sur ses épaules, réussissant à faire évoluer son jeu avec subtilité au fil des changements de son personnage. Il surjoue ainsi en début du film, à l’image des longs métrages que son personnage tourne, puis laisse petit à petit tomber cet artifice pour laisser apparaitre l’homme derrière l’artiste. Berenice Bejo est quant à elle lumineuse et extraordinaire en jeune femme surprise par sa soudaine gloire mais n’oubliant pas ses amis. Et à leur côté, on retrouve avec plaisir de grands acteurs tels que John Goodman, James Cromwell (très touchant en fidèle chauffeur), ou encore Malcolm McDowell.

The Artist est une vraie réussite, un film bourré d’humour et d’émotion, et qui prouve que tous les genres de cinéma, même les plus désuets en apparence, peuvent cohabiter et fédérer le public.

Note : 8/10

France, 2011
Réalisation : Michel Hazanavicius
Scénario : Michel Hazanavicius
Avec : Jean Dujardin, Bérénice Béjo, John Goodman, James Cromwell, Malcolm McDowell

Intruders

Critiques en vrac 59: The Darkest Hour – Fast Food Nation – The Artist – Intruders
Résumé : Espagne. Le jeune Juan est en train d’écrire une histoire de monstre lorsque sa mère lui demande de se coucher. Réveillé en pleine nuit par son chat qui miaule à la fenêtre, il surprend un monstre encapuchonné qui attaque sa mère. Londres. Lors d’une visite chez ses grands-parents, la jeune Mia trouve dans un arbre une boîte contenant le début d’une histoire mettant en scène le monstrueux « Hollowface ». Chacun de leur côté, les deux enfants ne tarde pas à être hanté par ce mystérieux croquemitaine, au désespoir de leurs parents respectifs.

On n’avait plus de nouvelles de Juan Carlos Fresnadillo depuis l’excellente suite de 28 Jours plus tard, réalisée en 2007. Il revient cette année avec un long-métrage ambitieux, tant en termes d’intrigue que de logistique (tournage en deux langues dans deux pays différents, acteurs de renom).

Intruders suit donc deux histoires parallèles, l’une en Espagne et l’autre au Royaume-Uni, n’ayant a priori pas de lien entre elles si ce n’est la présence d’un effrayant boogeyman qui terrifie les enfants de deux familles bien distinctes. Un boogeyman qui est la première réussite du film, imposant et inquiétant avec sa capuche sans fond et ses longs doigts osseux. Le scénario original et tortueux fait la part belle aux apparitions de ce monstre pas comme les autres, tout en se concentrant sur la psychologie de ses personnages. Et si les frissons sont finalement assez peu nombreux, le film réussit à retenir l’attention grâce à ses personnages, incarnés par d’excellents acteurs. Clive Owen est impeccable comme à son habitude en père perdu incapable de protéger sa fille, et Pilar López de Ayala est magnifique en mère courage au bord de la dépression. A leurs côtés, on retrouve les toujours très bon Carice Van Houten (Black Book) et Daniel Brühl (Goodbye Lenin). Mais ce sont surtout Ella Purnell et Izán Corchero, qui incarnent les deux enfants du film, qui impressionnent le plus. D’un naturel confondant, ils parviennent avec aisance à éviter le piège du gosse flippant et énervant. Et si le twist final reliant les deux histoires pourra assez être facilement deviné par le spectateur attentif, il reste tout de même assez intéressant et emmène le film sur des sentiers psychologiques passionnants.

Mais malgré toutes ces qualités, Intruders manque parfois un peu de rythme. Juan Carlos Fresnadillo est suffisamment doué pour relancer régulièrement l’intérêt, et les acteurs sont tous excellents, mais on s’ennuie parfois légèrement devant le film. Si le résultat n’est doncpas toujours à la hauteur des précédents films de Fresnadillo, Intruders recèle tout de même suffisamment de qualités pour valoir le détour.

Note : 6.5/10

Royaume-Uni, Espagne, 2011
Réalisation : Juan Carlos Fresnadillo
Scénario : Nicolás Casariego, Jaime Marques
Avec : Clive Owen, Izán Corchero, Ella Pumell, Carice Van Houten, Daniel Brühl

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