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Poezibao a reçu n° 202, dimanche 12 février 2012

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.  
 
○ Ivar Ch’Vavar, Titre, Éditions des Vaneaux 
○ E.E. Cummings, Érotiques, Seghers
○ Emily Brontë, Cahiers de poèmes, Points/Poésie 
○ Gérard de Nerval, Œuvres complètes, tome 1, Classiques Garnier 
○ Armand Dupuy, Jérémy Liron, faire-monde & papillons, Centrifuges 
○ Jérémy Liron, en l’image le monde, La Termitière 
○ Laetitia Ilea, Blues pour les chevaux verts, Le Corridor bleu 
 
À propos de ces livres, lire une présentation détaillée en cliquant sur « lire la suite »

 
 

○ Ivar Ch’Vavar, Titre, Éditions des Vanneaux, 2012, 15 € 
 
Six filles, six garçons, sur un grand pan de la planète : Berck et un temps exorbité : le début des années 1970. Ils viennent et ils vont. – Ils viennent et le lecteur les regarde passer, sidéré par la force avec laquelle ils se présentifient… Ils vont à ce qu’il y a au bout de leur fantasme, croisant leurs mains, doigts écartés, et leurs regards…. Ils béent aux sexes, ils pincent des substances psychédéliques, ils rêvent à la Révolution, ils s’aiguisent dans la poésie. Un grand mouvement camarade, dans le grain de fa folie : ils avancent, tempête de sable, et pleurent et rient ; ils puent, huent, ils sont douze à pulluler : les garçons sont des garçons, bon, mais les six filles vous ne les oublierez jamais. Ivar Ch’Vavar chasse sur ses sables, il est lui-même un héros de cette histoire, sous le nom remarquablement juste de Grand Con. Il s’est décarcassé pour écrire cette épopée, en vers arithmonymes justifiés, d’une technicité ahurissante, mais d’une liberté d’allure et d’une invention continues ; et certes il a fallu qu’il l’aille chercher profond, la force d’écrire un tel texte, dont il savait dès le début, du reste, que l’inachèvement était la fatalité. Importantes sont les scolies qui suivent le poème : Ch’Vavar s’efforce d’y comprendre comment ça travaille, comment ça se goupille, quelles monstrueuses opérations de l’esprit font qu’un poème finit pas se trouver écrit, et qui dit toujours autre chose que ce que le poète croyait bien vouloir dire (Quatrième de couverture) 
 
 
○ E.E. Cummings, Érotiques, traduit de l’anglais et présenté par Jacques Demarcq, 160 pages, édition bilingue, Seghers, 2012, 17€,
 
Tout au long de sa vie et au gré de ses amours tumultueuses, le génial Edward Estlin Cummings a composé des poèmes érotiques dans l'intimité de son étude. Comme pour l'ensemble de son œuvre, ces textes sont marqués par une approche très novatrice, moderne, de l'écriture : les conventions syntaxiques sont bousculées, les règles typographiques bouleversées et les formes poétiques réinventées. Loin d'en faire un poète hermétique, le style de Cummings est le reflet d'une indépendance et d'une liberté de ton tout à fait remarquable pour son temps. Il n'a pas été facile pour lui de trouver des éditeurs prêts à publier la plupart des poèmes réunis ici.
Chez Cummings, la chair n'est pas triste, bien au contraire : la langue est érotisée à son paroxysme, suggérant des étreintes, des ébats et des cris. Le sens et les sensations sont invoqués. La crudité des corps et de la jouissance se présentent au cœur de l'aventure poétique. Cette anthologie couvre quarante ans de la vie de Cummings, des années 1920 aux années 1960, reflétant les expériences du poète qui sera marié rien moins que trois fois...
Aussi, après les poèmes des bas-fonds des années de jeunesse, écrits depuis les boites de strip-tease de Boston ou à l'arrière du front en France, ses textes s'adressent à ses trois épouses : Elaine, Anne et Marion. Des érotiques très différentes se dégagent donc des poèmes rassemblés dans ce volume, passant de rencontres fugitives, de rapports tarifés parfois très crus comme ceux avec la " sauvage Marj ", à d'autres plus émus, comme stupéfiés avec la " timide et luxurieuse " Elaine, ou encore mystiques et rageurs avec Marion, la femme qui l'accompagnera dans ses vieux jours.
Toutefois, en dépit de la variété de sentiments que chacune lui inspire, jamais les femmes ne sont réduites à de simples objets de désir chez Cummings. Dans son œuvre, l'érotisme apparaît comme une esthétique du partage, une communion avec la nature et ses cycles, une fenêtre ouverte sur le mystère de la vie. 
 
 
○ Emily Brontë, Cahiers de poèmes, 224 p. Points/Poésie, 2012, 7€ (en vente le 23 février 2012) 
 
Ces cahiers personnels, composés de poèmes épars, offrent un panorama de l’évolution psychologique, morale et poétique de l’auteur des Hauts de Hurlevent. Emily Brontë, partagée entre extases et désenchantements, entre foi et doute profond, vision sombre et amère de l’humanité, livre ici une œuvre d’une troublante beauté. Quand le poème devient source de l’imagination romanesque. (Prière d’insérer) 
 
 
Gérard de Nerval, Œuvres complètes. Tome I,  Choix des poésies de Ronsard, Du Bellay, Baïf, Belleau, Du Bartas, Chassignet, Desportes, Régnier. Edition de Emmanuel Buron et Jean-Nicolas Illouz, Editions Classiques Garnier, coll. "Bibliothèque du XIXe siècle", 2011.,450 p., 49€ 
 
Le Choix des poètes du XVIe siècle constitue une défense et illustration de la poésie populaire et nationale, soit, en 1830, une défense et illustration de la poésie romantique. Le Romantisme invente la Renaissance et l’« école de Ronsard » sert de modèle aux aspirations poétiques et politiques de l’école romantique. L'anthologie constitue en outre une œuvre originale, où Nerval s’approprie les poètes du passé et marque ses lectures d’un signet qui les réserve pour sa création ultérieure. Table des matières du livre 
 
 
○ Armand Dupuy, Jérémy Liron, faire-monde & papillons, Centrifuges 
 
Le monde tel qu’il apparaît, n’est donc que le processus narratif propre à chacun d’entre nous 
 
 
○ Jérémy Liron, en l’image le monde, La Termitière, 10€ 
 
Notre rapport à l’image est complexe comme il sous-tend notre rapport au monde qui ne peut être que d’une complexité absolue. En interrogeant l’espace, dans lequel toujours une image se situe, on interroge tout autant le temps puisque que nous sommes confrontés à des souvenirs, à des intuitions. Ce n’est pas pour rien que Proust est aussi important.
Jérémy Liron interroge simultanément images, espace et temps. Toute image évoque. Le monde tout autant évoque des images. Une sorte de cercle qui néanmoins n’est jamais clos puisque les réponses se bousculent, s’accumulent, se contredisent parfois et que c’est bien ainsi sinon il en serait fini de notre humanité. site de l’éditeur 
 
 
○ Laetitia Ilea, Blues pour les chevaux verts, traduit du roumain par Fanny Chartres, Le Corridor bleu, 2012, 12€
 
Blues pour chevaux verts est avant tout une déclaration d’amour et d’amitié de Letitia Ilea aux êtres qui lui sont chers et dont le souvenir réconforte, malgré la menace permanente de leur disparition : sa mère, dédicataire du livre, son père, pour qui elle a composé quelques-uns des plus émouvants poèmes du recueil, ses amis écrivains, qui l’accompagnent dans sa création poétique. La poésie de Letitia Ilea a la politesse de rendre les vies et les choses plus belles. Attentive aux détails du quotidien qui fabriquent le vide et la solitude, elle a fait sienne la formule de Raymond Carver : « Les mots, c’est finalement tout ce que nous avons, alors il vaut mieux que ce soit ceux qu’il faut et que la ponctuation soit là où il faut pour qu’ils puissent dire le mieux possible ce qu’on veut leur faire dire. » La fulgurance du mot juste et le rythme délicat des vers libres soutiennent la tonalité mélancolique de ce blues qui flirte, sans s’y perdre, avec le désespoir. Les illusions se retrouvent mises à nues et les échecs résistent. C’est un sourire, souvent grinçant, parfois joyeux, qui célèbre les grandes batailles des petites choses. 


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