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Les élections arrivent très vite en Russie

Publié le 23 février 2012 par Vindex @BloggActualite
Les élections arrivent très vite en Russie-Armoiries russes-
Commenous l’avons déjà dit dans l’article « 2012, année d’élections », la Russie va voter pour son président à partir du 4 mars (premier tour). Cela s’inscrit dans une continuité de plusieurs mandats consécutifs pour le parti Russie Unie, au pouvoir depuis 2000 avec Vladimir Poutine de 2000 à 2008, puis Dimitri Medvedev depuis 2008. Ce monopole est cependant semble t-il contesté par de plus en plus de citoyens en Russie, d’autant que lors des dernières élections législatives, fin 2011, des fraudes en faveur du parti de Vladimir Poutine ont eu lieu. Est-ce que ces contestations seront suffisantes à faire basculer le pouvoir ? La démocratie est-elle réelle en Russie, en particulier pour ces élections ? Quelle est l’importance des ces élections dans un contexte international qui se tend et dans lequel la Russie voit son importance croître ? Nous présenterons les candidats et quelques unes de leurs idées, puis nous évoquerons les enjeux intérieurs et extérieurs, avant d’analyser la campagne enelle-même et son déroulement.
Les candidats, leur programme :
Il ya pour l’instant 5 candidats à la présidence de la Fédération de Russie. D’abord, évoquons le cas de Vladimir Poutine. Celui-ci s’est présenté le 24 septembre2011, avant les dernières législatives, sur la proposition de Dimitri Medvedev, qui dû trancher car le parti Russie Unie avait du mal à savoir qui de Medvedev ou de Poutine devait se présenter. Les deux avaient une certaine légitimité : Poutine avait déjà assuré deux mandats en tant que président et un en tant que président du gouvernement, tandis que Medvedev a déjà été une fois président et une fois vice-président du gouvernement. Cette annonce qui amplifie l’effet « chaises musicales » entre Poutine etMedvedev, fut peut-être un élément qui a joué dans la contestation des dernières semaines. Quoiqu’il en soit, les élections législatives gagnées, Russie Unie a pour candidat Vladimir Poutine, en quête d’un troisième mandat. De sensibilité nationale, conservatrice et interventionniste, Vladimir Poutine a dernièrement affiché des propositions à destination des classes moyennes. Parmi elles figurent l’augmentation des dépenses dans les domaines de la santé, l’éducation et les services sociaux. Il s’agit de se rallier ces mêmes classes moyennes qui ont été le moteur de la contestation contre son gouvernement. Il souhaite combler l’écart entre riches et pauvres et augmenter le salaire des enseignants, des chercheurs et des médecins ainsi que les allocations familiales. Il s’est aussi prononcé contre un relèvement de l’âge de la retraite. De telles propositions feront-elles le poids face au désarroi et à la contestation de la corruption ? L’autre grand candidat de cette élection est celui du Parti Communiste (KPRF) : Guennadi Ziouganov, déjà candidat en 1996, 2000 et 2008. Il ya aussi le candidat du LPDR, Vladimir Jirinoski, nationaliste et libéral. Pour le parti social-démocrate, c’est Sergueï Mironov qui se présente. Il souhaite des transformations sociales et démissionner après seulement 2 ans de mandat pour organiser de nouvelles élections. Il sait que ces élections de 2012 seront contestataires. Enfin, pour le Parti Juste Cause, c’est le milliardaire Mikhaïl Prokhorov qui est candidat. Son programme prône la création d’une zone économique commune avec l’Union Européenne et la mise en place d’une monnaie mondiale ayant pour base l’euro et le rouble. Il souhaite aussi réduire les déficits publics en privatisant des entreprises d’Etat. Il annonce qu’il se limitera à un seul mandat. Le parti libéral Labloko de Grigori Lavlinski ne sera pas présent, faute de signatures (24 pour cent serait invalide). Selon certains, il s’agit d’une manœuvre de Vladimir Poutine pour l’empêcher de perturber sa victoire.
Enjeux nationaux et internationaux :
Concernant les enjeux internationaux, des experts lors de la conférence de Venise :« Elections du président russe : attentes européennes », ont estimé qu’une réélection éventuelle de Vladimir Poutine renforcerait la Russie sur la scène internationale. Peut-être d’abord parce que c’est un habitué et un homme politique expérimenté dans les relations internationales comme dans la politique extérieure. Ainsi, l’ancien premier ministre espagnol José Maria Asnar estime t-il que le projet politique pour une grande Russie de Poutine rendrait la Russie plus forte. Encore faut-il que ce projet réussisse, ce qui est tout à fait envisageable au vu des deux mandats de Poutine à la présidence entre 2000 et 2008 qui ont été marqués par une montée en puissance économique et politique de la Russie. Selon certains, ce renforcement passerait également par un resserrement des liens avec l’Union Européenne. D’autres intervenants de la conférence ont encouragé la Russie dans son non usage de la répression face aux manifestations : cela ne peut, selon eux, qu’accroître le prestige de la Russie sur la scène internationale. Rien n’est moins important dans un pays où il existe une véritable oligarchie et où les libertés, notamment de la presse, sont encore assez restreintes. Les enjeux liés à la liberté et à la démocratie en Russie sont bien réels. Les pays européens encouragent la Russie dans ce sens à organiser des élections objectives et sans fraude, ce que l’Union Européenne devrait contrôler par l’envoi d’observateurs. Les enjeux intérieurs concernent plus la continuité d’une certaine prospérité Russe : en effet, l’économie Russe est depuis une décennie environ en reprise. Après une crise économique suite à l’ouverture au système capitaliste dans les années 1990’, la Russie, grâce notamment à ses ressources en pétrole et en gaz, retrouvent une croissance économique. Cependant, les inégalités et la corruption sont dénoncées et consistent également un enjeu important.
Des élections réellement démocratiques ?
Les dernières élections législatives qui ont eu lieu en décembre 2011 sont à l’origine d’un enjeu majeur de ces élections présidentielles : la démocratie, tout simplement. Car la seule tenue d’élections ne permet pas automatiquement de respecter a minima la démocratie. D’autant plus lorsque celles-ci sont suspectées d’être frauduleuses, ce qui est le cas des dernières législatives en Russie. Suite aux résultats, certes les moins bons de son histoire pour Russie Unie, des manifestants ont dénoncé des fraudes électorales. Ils ont alors manifesté avec un ruban blanc pour demander l’annulation des élections et le départ de Vladimir Poutine, perçu comme l’organisateur de cette fraude. Cette contestation fut la plus importante depuis 2000 et s’est étendue aux provinces, ce qui montre une certaine intensité. Cette contestation est toutefois hétéroclite. Même Mikhaïl Gorbatchev a demandé à Poutine de renoncer et quitter le pouvoir. Des manifestations, certes moins importantes, ont encore lieu. Une mission d’observation de l’OSCE a confirmé le litige qu’il existait sur le déroulement du scrutin. Vladimir Poutine est mis dans une position délicate. Il doit garantir la pluralité et le respect d’un suffrage sans fraude pour restaurer son image altérée auprès des russes. Mais cela ne va-t-il pas jouer contre lui et pour la victoire de ses adversaires en mars prochain ? Pour ce faire, Vladimir Poutine a annoncé la mise en place d’une machine anti-fraude par l’installation de caméras dans les 91 400 bureaux de vote afin d’assurer le bon déroulement des élections sans fraude. Il faut dire que certains médias internet, en développement important en Russie, avaient diffusé des vidéos des fraudes aux dernières élections législatives. Peut-être Poutine souhaite t-il cette fois ci jouer la transparence. Cependant, Reporter sans Frontière dans sa dernière étude sur la liberté de la presse dans le monde classe la Russie à la 142ème place du classement de la liberté dans les médias. De même, l’organisation a dénoncé le retour forcé de la journaliste indépendante française Anne Nivat le 13 février dernier, inquiétée parcequ’elle avait rencontré des leaders de l’opposition Russe. Cet épisode permet de se demander si réellement la démocratie sera réelle lors de ces élections à grand enjeu.
Entous les cas, la course est lancée : Vladimir Poutine a rassemblé aujourd’hui à Moscou 130 000 partisans lors d’un meeting où il s’est présenté en défenseur de la patrie.
Sources :
-Le Nouvel observateur ;-Les échos ;-Ria.ru ;-La Charente Libre ; -rsf.org ;-categorynet.com ;-Les échos ;-BFM TV (23 février 2012).
Vincent Decombe.

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