« Au cours de sa quarante-troisième année, William Stoner apprit ce que d’autres, bien plus jeunes, avaient compris avant lui : que la personne que l’on aime en premier n’est pas celle que l’on aime en dernier et que l’amour n’est pas une fin en soi, mais un cheminement grâce auquel un être humain apprend à en connaître un autre. »
Une fois n'est pas coutume, la belle quatrième de couverture...
Né pauvre dans une ferme du Missouri en 1891, le jeune William Stoner est envoyé à l’université par son père, et au prix de quels sacrifices, pour y étudier l’agronomie. Délaissant peu à peu ses cours de traitement des sols, ce garçon solitaire découvre les auteurs, la poésie et le monde de l’esprit. Il déçoit les siens, devient professeur, se voue corps et âme à la littérature, sert ses étudiants, assiste impuissant aux ravages causés par une terrible crise économique et deux guerres mondiales, se trompe d’histoire d’amour et finit par renoncer au bonheur. Tout cela l’entame, mais rien ne le diminue : il lit. Célébration d’une âme droite enchâssée dans un corps que la vie a très tôt voûté, voilà le récit d’une vie austère en apparence, ardente en secret.
Comment puis-je vous transmettre l'envie de lire Stoner ?
A l'instar de son personnage, John Williams est un auteur discret, bien trop méconnu. Publié en anglais en 1965, Stoner est aujourd'hui disponible en français grâce à une libre traduction d'Anna Gavalda.
Rien n'est dit, tout est suggéré, la vie parait simple pourtant la complexité s'enchevêtre tels des fils qui se nouent davantage lorsque l'on tente de les démêler. Les pages se tournent, l'air de rien, et puis soudain, on est pris à la gorge, on rêve d'une vie meilleure pour William Stoner.
Comme j'ai aimé ce roman ! Quelles nuances dans la narration, quelle finesse dans l'écriture ! Les mots ont trouvé leur résonance, écho, écho, écho, dans mon âme de lectrice. Lisez, oui !, lisez Stoner !
Message personnel à Anna Gavalda et Le Dilettante
Deux autres romans... quand vous voulez.
Le Dilettante, 380 pages, 2011
Extraits
« Cet amour de la littérature, de la langue, du verbe, tous ces grands mystères de l'esprit et du cœur qui jaillissaient soudain au détour d'une page, ces combinaisons mystérieuses et toujours surprenantes de lettres et de mots enchâssés là, dans la plus froide et la plus noire des encres, et pourtant si vivants, cette passion dont il s'était toujours défendu comme si elle était illicite et dangereuse, il commença à l'afficher, prudemment d'abord, ensuite avec un peu plus d'audace et enfin... fièrement. »
« Quand il était très jeune, William Stoner pensait que l'amour était une sorte d'absolu auquel on avait accès si l'on avait de la chance. En vieillissant, il avait décidé que c'était plutôt la terre promise d'une fausse religion qu'il était de bon ton de considérer avec un scepticisme amusé ou un mépris indulgent, voire une mélancolie un peu douloureuse. Mais maintenant qu'il était arrivé à mi-parcours, il commençait à comprendre que ce n'était ni une chimère ni un état de grâce, mais un acte humain, humblement humain, par lequel on devenait ce que l'on était. Une disposition de l'esprit, une manière d'être que l'intelligence, le cœur et la volonté ne cessaient de nuancer et de réinventer jour après jour. »