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Femme sous influence cherche à sortir de secte

Par Borokoff

A propos de Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin 2.5 out of 5 stars

Elizabeth Olsen - Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin - Borokoff / Blog de critique cinéma

Elizabeth Olsen, Sarah Paulson

Après avoir disparu pendant deux ans, Martha, 20 ans, appelle un jour en désespoir sa sœur ainée Lucy pour qu’elle vienne la récupérer dans les Catskills, au Nord de New-York. Alors qu’elle passe ses vacances avec son fiancé dans le Connecticut, Lucy accepte. Devant le comportement étrangement asocial voire sauvage de Martha, Lucy cherche à comprendre ce qui est arrivé à sa petite sœur, qui semble aussi perdue que traumatisée. Mais à chaque fois qu’elle lui parle, Lucy se retrouve face à un mur. Quant à son fiancé, il commence à sérieusement « péter les plombs », lui qui n’a que deux semaines de vacances par an…

Ecrit par Sean Durkin lui-même, dont c’est le second long métrage (il œuvre beaucoup dans la production, de Two Gates of Sleep notamment), le scénario de Martha Marcy May Marlene (références à Martha et Marcy’song, deux chansons de Jackson C. Frank) combine pendant une grande partie du film flashes-back et retours au présent.

Pendant deux ans, la très jeune, très belle et très paumée Martha (Elisabeth Olsen, innocente au regard clair et magnétique, mais inconnue au bataillon) a fait partie d’une secte. Sous la coupe d’un gourou plus que malsain (excellent John Hawkes, fidèle à lui-même), elle a subi ses « enseignements » sur la liberté (du genre « tu es ton seul maitre et guide ») et une éducation gratuite ou plutôt à la contrepartie exigible en nature.

Durkin décrit bien l’embrigadement de Martha, proie facile, fille instable et influençable, fragilisée par de graves problèmes familiaux. Mais c’est surtout le scénario qui vaut le coup. Pourtant, pendant la première heure, un certain ennui nait de la dichotomie du scénario, la manière un peu symétrique ou binaire, répétitive avec laquelle l’histoire alterne systématiquement souvenirs de Martha et retours au présent.

Et puis, peu à peu les frontières se brouillent entre la réalité du présent et la mémoire de la jeune femme. Martha n’est plus sûre de se souvenir exactement de ce qu’elle a vécu, mais surtout l’expérience dans la secte a laissé de telles séquelles en elles qu’elle est sujette à des hallucinations, un délire paranoïaque de persécution qui culmine dans une agression physique sur le fiancé de Lucy (Hugh Dancy) qu’elle a pris pour un membre de la secte venu l’enlever !

Alors, le scénario, habile à déjouer les pronostics, s’appuie sur son aspect déceptif et de très bons acteurs dans l’ensemble. Si l’on croit s’attendre à ce que la secte furieuse débarque vraiment chez Lucy (scénario classique et manière attendue de rejoindre passé et présent), il n’en est rien. Peu à peu, l’histoire se concentre uniquement sur le présent et la perception tronquée de Martha de la réalité qui l’entoure, dont elle n’a plus qu’une vision délirante née d’un imaginaire tourmenté.

Cette confusion des sens devient fascinante autant que le bizarre qu’elle engendre et qui n’est pas sans rappeler l’univers onirique et tortueux de Lynch, même si l’on aurait aimé que Durkin aille plus loin encore dans cette fantasmagorie qui tourne peu à peu à l’aliénation. La chute déçoit un peu en effet…

http://www.youtube.com/watch?v=BSulfueUCuk

Film américain de Sean Durkin avec Elizabeth Olsen, John Hawkes, Hugh Dancy, Brady Corbet, Sarah Paulson (01 h 41).

Scénario de Sean Durkin : 3 out of 5 stars

Mise en scène : 2.5 out of 5 stars

Acteurs : 3.5 out of 5 stars

Dialogues : 2.5 out of 5 stars

Compositions de Daniel Bensi et Saunder Jurriaans : 3 out of 5 stars


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