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Le Top 25 des chansons de Kanye West

Publié le 14 mars 2012 par Lcassetta

Kanye West a toujours été un artiste fascinant. Il impressionne certains, en dégoûte d’autres, mais ne laisse jamais indifférent. D’abord remarqué pour sa production sur des albums aujourd’hui considérés comme incontournables, il se fera vraiment remarquer lors de la sortie de son premier album, The College Dropout.

Sauf que voilà, Kanye West ne se réduit pas à la seule image mainstream qu’il a : Yeezy est souvent très bon rappeur, excellent lyriciste et maître de la production. A force de voir autant de chansons de Kanye West acclamées dans des listes de meilleurs sons de rap, de l’année, de la décennie, etc. j’ai décidé de classer les 25 meilleures chansons du rappeur, en espérant vous en faire découvrir de nouvelles ou vous en faire découvrir certaines que vous connaissez déjà, mais sous un nouvel angle.

Ainsi, j’ai pioché seulement dans ses 5 albums solo et son album collaboratif avec Jay-Z. C’est parti !

25 - Heard’Em Say (sur Late Registration).

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La collaboration entre le rappeur et Adam Levine, chanteur du groupe Maroon 5, s’est faite naturellement. Quand ce dernier a écouté la démo, il a automatiquement commencé à chanter dessus et le tout semblait naturel pour les deux artistes. En plus du charme de la collaboration, Kanye West nous délivre certaines de ses meilleurs lines dans un rap conscient captivant, touchant à la société, au racisme, à l’économie, à la politique, mais sur un air presque naïf qui, grâce à la douceur du beat et le chant de Levine, transforme la chanson en l’une des berceuses rap les plus douces depuis Dear Mama de 2pac.

Line préférée : And I hear’dem say, nothing’s ever promised tomorrow today. 

24 – Flashing Lights (sur Graduation). 

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Sûrement l’une des chansons qui définit plus le caractère égocentrique et torturé de Kanye West, Flashing Lights est dirigé à l’une de ses ex matérialiste qui l’obsède toujours, jusqu’aux limites de la folie. C’est du pur Kanye West, qui se plaint continuellement de sa relation, qui se plaît dans le luxe, mais qui ne trouve pas de solution. Il sait qu’il veut l’oublier mais il préfère encore la garder au fond de son “memory museum”. Sur un beat à la quintessence de la pop de qualité, on retrouve synthés, sonorités old school, électro… Et un feel très mélancolique propre à l’artiste.

Line préférée : Like a flight with no visa, 1st class with the seat back I still see you.

23 – Paranoid (sur 808s & Heartbreak).

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L’une des chansons de cet album qui aurait le plus sa place dans d’autres albums. Ici, Kanye West essaye de réconforter sa compagne, qui n’a pas confiance et qui devient parano. Un thème classique, certes, mais très bien exploité par Kanye. Sur un beat très pop aux proportions épiques, il lui rappelle à quel point il est parfait pour elle sur un excellent flow, accompagné de Kid Cudi. Sauf que l’autre côté du spectre est vicieux et presque angoissant, accentué par le côté presque inquiétant du beat. On le croit pas trop quand il lui dit de ne pas s’en inquiéter, surtout quand il lui dit qu’elle s’inquiète à propos des mauvais choses et pas des bonnes, et c’est ça qui est fascinant.

Line préférée : You worry ’bout the wrong things, the wrong things…

22 – Through The Wire (sur College Dropout).

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Le tout premier single de Kanye West. Cette chanson avait un défi énorme : Kanye West a toujours été reconnu comme un producteur. Il était temps pour lui de prouver au monde qu’il peut rapper, et servir de contre-exemple à l’idée générale que les producteurs ne peuvent pas rapper. Ainsi, après un accident qui a failli lui coûter la vie et qui au final lui a décollé la mâchoire, il a décidé de rapper sur son accident pour transformer l’horreur en espoir. C’est donc comme ça que Kanye West a décidé de s’introduire devant le monde des rappeurs : en parlant de son accident. La mâchoire attachée par des fils de fer, il rappe sur un flow bien particulier, précis et puissant. C’est là la force de Kanye, ce qui était son pire accident a fini par devenir sa plus grande chance.

Line préférée : But I’m a champion, so i turned tragedy to triumph, make music that’s fire, spit my soul through the wire.

21 – Murder To Excellence (Sur Watch The Throne)

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Le concept même de ce son est génial. Composé en deux parties, il aborde d’abord un rap conscient sur un beat engagé le black-on black crime, pour ensuite se transformer subtilement et très finement en un son à la gloire des deux rappeurs, rappelant qu’ils font partie de l’élite en rappelant qu’ils ont réussi à survivre à ça. La qualité de la narration de Kanye West a toujours été une de ses forces, mais là c’est le point positif majeur de la chanson. On en oublie presque Jay-Z pour se concentrer sur les lyrics poignantes de Kanye West, qui cite le classique “It’s a war going outside that we ain’t safe from”, qui sait aussi bien faire pleurer en racontant l’histoire de ses amis du ghetto que rendre admiratif devant ses conseils pour vivre la black excellence.

Line préférée : In the past if you picture events like a black tie, what’s the last thing you expect to see? Black guys?

20 – Everything I Am (sur Graduation).

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Personnellement mon préféré, mais bon passons. Ici, Kanye West est vrai. Franc. Plus de bling bling ni de façades, Kanye West se révèle à tous dans un effort de franchise inattendu vu l’ego du rappeur. Il explique alors qu’il ne sera jamais aussi parfait que certains, aussi bon qu’un autre, avec une franchise déconcertante. Il admet qu’il n’est pas le “rappeur de cité” qu’attendent les gens, qu’il ne s’habille pas comme les autres rappeurs, et que la majorité des gens ont une image négative de lui, surtout la communauté noire. En gros, everything I’m not made me evrything I am. Le fait d’être aussi franc est déjà louable pour n’importe quel rappeur, alors pour un rappeur aussi égocentrique et populaire que Kanye West, c’est un véritable exploit. Le beat accentue cette situation d’aveux volontaires en créant une ambiance douce et presque mélancolique… Mais surtout, le beat est de DJ Premier, sans conteste le plus grand producteur de tous les temps. Mais surtout surtout, c’est l’un de ses meilleurs beats, et le travail sur le scratching est phénoménal. Voir Kanye West franc sur un beat old school, ça n’a pas de prix.

Line préférée : People talk so much shit about me at barbershops, they forget to get their hait cut.

19 - Two Words (sur College Dropout).

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Accompagné de Mos Def et de Freeway, Kanye West nous délivre un concept lyrique de génie : chaque line est composée de deux mots qui s’associent ou qui s’opposent, ce qui mène à énormément d’énumérations qui ont un effet d’accentuation génial et qui donnent à chaque mot son importance. Sur l’un de ses meilleurs beats, très complexe, rapide et travaillé, qui mélange soul, rock et baroque, les trois rappeurs délivrent une bête de flow qui donne vie à des lyrics de qualité énorme. Mention spéciale au couplet de Mos Def qui est l’un des meilleurs de tout l’album.

Line préférée : Two words, United States, no love, no breaks.

18 – Lost In The World (sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy)

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Kanye a toujours dit que son couplet sur cette chanson était son couplet préféré. On le comprend, vu la qualité lyrique de ce couplet. Après une énumération qui explique à quel point cette fille est la meilleure des choses, tout en étant la pire chose qui lui est arrivée, Kanye West fait une sorte de retour à la réalité. Après tout le côté égocentrique et épique de l’album, Kanye West se retrouve perdu, et se sert de cette chanson comme conclusion à son album, afin de revenir à la réalité. Elle n’en est pas moins épique, puisqu’elle est presque aussi gigantesque que All Of The Lights. Transformant le chant autotuné de Bon Iver (oui, autotuner Bon Iver et en faire quelque chose d’artistique est un exploit) en refrain puissant et en chant engagé, Kanye West crée une chanson épique et très puissante qui clôture parfaitement ce 5ème album.

Line préférée : If we die in each others arms, we still get laid in our afterlife.

17 – Never Let Me Down (sur College Dropout)

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Jay-Z et J.Ivy, un poète, rejoignent Yeezy sur ce son pour délivrer plein de messages conscients. On retiendra surtout la qualité lyrique du sublime poète de J.Ivy infusé de métaphores et d’émotion, et le flow excellent de Jay-Z qui s’accapare la chanson à sa gloire en prônant son succès et sa longévité dans le rap… Ce qui n’empêche pas Kanye de délivrer un fantastique couplet conscient en rendant un hommage humble à ses grands parents et aux morts tout en dénonçant le racisme et la situation de la population afro-américaine dans un registre très triste accentué par le piano mélancolique et le superbe refrain plein d’émotion. Le tout rend la chanson très touchante et on voit un Kanye humble et humain qui pour une fois n’insulte pas son ex mais l’honore. Une magnifique leçon d’humanisme.

Line préférée : You sent tears from heaven when you seen my car get balled up, but I can’t complain what the accident did to my left eye… Cause look what an accident did to Left Eye! First Aaliyah now Romeo must die? I know I got angels watching me from the other side. 

16 – Otis (sur Watch The Throne). Lire notre chronique. 

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Ce track a quand même reçu peu de succès commercial et beaucoup de critiques des fans de radio. On comprend aisément pourquoi : ce son est trop underground pour plaire à ceux qui ne sont pas “initiés”, entendez ceux qui ne connaissent que Heartless ou Stronger. Déjà que ce son est énorme, il le devient encore plus en sachant que Kanye West et Jay-Z l’ont sorti en tant que single principal. Sortir quelque chose d’aussi “classique” pour se faire de l’argent, c’est un pari risqué. Je vous explique : Otis est une PURE collaboration. Là où on s’attendait à un duel entre les deux egos sur-dimensionnés, on se retrouve avec une collaboration presque naturelle, comme une connexion spirituelle entre les deux artistes. Pas de refrain, un sample soul, une collaboration à l’ancienne ou chacun construit sur le couplet de l’autre… C’est trop classique pour devenir un single, et pourtant c’est un doigt lancé à la musique commerciale que nous font ces deux artistes. Le flow génial des deux rappeurs et la qualité des lyrics, en plus du côté entraînant du beat et la symbolique même de la chanson rendent ce track excellent.

Line préférée : I got five passports, never going to jail… I made Jesus walks, never going to hell.

15 – All Of The Lights (sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy).

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Sans conteste l’une des chansons les plus épiques de Kanye West. Tout dans cette chanson est exagéré, énorme et prend des proportions épiques. Kanye West mélange l’orchestration épique de Late Registration au modernisme et à la variété de My Beautiful Dark Twisted Fantasy, pour au final aboutir à ça : 11 featurings, des choeurs, un beat éclectique mélangeant des percussions de d’n'b à de la pop épique et un opéra dramatique qui raconte l’histoire d’un homme qui veut se rattraper après avoir fait une erreur fatale : l’adultère. Cette chanson représente totalement le gigantisme de l’égo de Kanye West, et celui de l’album en général, sans pour autant tomber dans le ridicule, non : tout est calculé et orchestré par le génie de l’artiste.

Line préférée : Something wrong… I hold my head : MJ gone, our nigga dead. 

14 – Welcome To Heartbreak (sur 808s & Heartbreak).

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Le travail effectué par Kanye sur la voix est particulièrement remarquable sur cette chanson. Il chante et rappe dans un registre doux et lo-fi qui rend le rappeur humain et presque dénudé face à son image de “méchant”. Ici, Yeezy se détache de la célébrité et on découvre un Kanye sensible qui se plaint de son manque de “normalité” dans sa vie. Il se voit devenir père, veut une famille, et en même temps s’en plaint. Les visions de la vie de famille le torturent, car il sait qu’elles sont irréalisables, et il transforme ça en cauchemar avec l’excellent chant travaillé de Kid Cudi qui contraste avec la douceur de Kanye West. Le beat est minimal, et infusé d’électro expérimentale et du son typique à l’album. Sur un album aussi sentimental et profond, Welcome To Heartbreak est l’un des sons les plus représentatifs de la sensibilité et de l’émotivité de Kanye West.

Line préférée : Bad enough that I showed up late, I had to leave ‘fore they even cut the cake… Welcome to heatrbreak. 

13 – Good Morning (sur Graduation).

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L’intro de son troisième album est une sorte de prise de conscience de Kanye West. Kanye West se réveille, et réalise tout ce qui l’attend dans sa vie. On retrouve alors un Kanye conscient de son ego, qui crache sur l’éducation et qui remballe ses haters en annonçant lui-même qu’il n’a pas peur du futur. Il raconte l’histoire comme s’il était en retard pour sa remise des diplômes, sur un flow captivant qui accompagne l’une de ses chansons les plus fortes lyricalement parlant. Toute pleine de jeux de mots, de comparaisons, de références, chaque line est intelligente et nous prouve à quel point Kanye West peut être un lyriciste de génie. Mais surtout, c’est le beat qui fait tout. Sur un beat assez minimaliste, il applique des choeurs doux au refrain qui colle parfaitement à l’ambiance “réveil”, et sample Jay-Z à la fin de la chanson pour rappeler le feel old school hip-hop. Ainsi, cette chanson a encore plus de mérite en sachant qu’elle introduit parfaitement son troisième album.

Line préférée : Good morning, on this day we become legendary, everything we dreamed of, I’m like the fly Malcolm X : buy any jeans necessary, Detroit Red cleaned up.

12 - Devil In A New Dress (sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy).

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La première chose qu’on remarque, c’est le beat. Pas produit par Kanye, il en reste excellent et l’un des meilleurs de l’album : sur un magnifique sample soul, il mélange les proportions épiques de l’album à un magnifique solo mélancolique qui prépare l’énorme couplet de Rick Ross, l’un des meilleurs de l’album. Au niveau des lyrics, c’est aussi l’un des plus tristes, traitant de la manière dont la compagne de Kanye a agi avec lui, et son incompréhension face à la nature changeante de l’amour. Du jour au lendemain, elle le quitte et Kanye est désespéré, confus, condamné et presque suppliant. Il parle d’amour d’une manière tellement triste qu’on pleurerait presque pour ses aventures ratées, comme s’il blâmait la faute sur lui-même si ses compagnes finissent toutes par devenir des “asshole” et donc lui ressembler. Au final, Kanye délivre énormément de questions rhétoriques qui sont parmi ses meilleures lines. Si ça ne vous suffit pas, la composition de la chanson est tout aussi géniale : Après les deux couplets de Kanye, le beat se transforme en une composition très complexe et intense, entre expérimental, hip-hop et un superbe solo de guitare qui ne fait que préparer la puissance brute du couplet de Rick Ross, qui délivre l’un de ses meilleurs couplets, aussi bien lyriquement qu’au niveau du flow. Un paquet de punchlines et de célébration de sa personne, de son goût du luxe dans un registre souvent soutenu et au final un Rick Ross comme on l’aime : luxueux et classe.

Line préférée : I hit the jamaican spot, at the bar, take a seat, I ordered you jerk, she said you are what you eat. You see I always loved that sense of humor, but tonight you should have seen how quiet the room was.

11 – Stronger (sur Graduation).

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Reprendre Daft Punk n’est pas donné à tout le monde. Bien les reprendre non plus. Le très jovial et dansant Harder, Better, Faster, Stronger est transformé en une hymne épique à la gloire de Kanye West qui délivre un flow exceptionnel sur un beat puissant et qui montre la qualité du mélange entre hip-hop et électro. Kanye n’est plus le “sped soul sampling guy” depuis longtemps, et il a prouvé à quel point il pouvait être inventif et transformer tout ce qui n’apparaîtra pas exploitable à certains en l’un des plus gros hits de la décennie.

Line préférée : I ask, cause I’m not sure, do anybody make real shit anymore? 

10 – Gorgeous (sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy).

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Soyons d’accord : Kid Cudi et Raekwon n’apportent strictement rien au son. RIEN. Vraiment. C’est pas à cause de la qualité des couplets de Kanye, non, ils apportent rien à la chanson en particulier. Le refrain de Cudi est entraînant, mais voilà. Le couplet de Raekwon est bon, mais voilà. Ils semblent trop superficiels par rapport au thème de la chanson en fait. Mais ça n’empêche pas Gorgeous d’être l’une des meilleurs choses que Kanye West a accompli. Il revient sur la manière dont il est perçu par les médias et par la “white america”, sur ses haters, etc. à travers des lines mémorables et une arrogance sarcastique, fine et très bien travaillée, et pose line intelligente sur line intelligente. C’est sans conteste l’un des sons les mieux écrits de Kanye, et mention spéciale pour le troisième couplet. C’est du Kanye West, narcissique et égocentrique comme rarement il l’a été, mais narcissique avec une arrogance très agréable. C’est dur d’être aussi imbu de sa personne et de savoir aussi bien en parler sans déplaire à tous, et Yeezy le fait comme personne d’autre.

Line préférée : Cause the same people that tried to black ball me forget about two things : my black balls. 

9 – Big Brother (sur Graduation). 

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Des sons aussi humbles et honnêtes de la part de rappeurs sont toujours appréciables. Mais dans le cas de Kanye West, ça prend une autre ampleur. Big Brother puise dans la qualité narrative de Yeezy pour raconter sa relation avec Jay-Z, et fait preuve d’une humanité et d’une humilité absolue. Pour quelqu’un d’aussi populaire, accepter de reconnaître la force d’un autre rappeur et le louer tout en explicitant leur relation, leurs rapports de force, c’est un acte héroïque. Mais surtout, on appréciera la qualité lyrique de la chanson et la manière dont Kanye aborde sa relation avec lui, entre admiration, relation de mentor, et rivalité, voire jalousie honteuse et difficile à admettre. Racontant les débuts de leur relation avec une franchise propre au hip-hop classique, depuis la production du classique The Blueprint, Kanye passe par tous les hauts et les bas de leur relation tout en gardant ce respect et cette humilité, cette humanité pure qui rend la chanson aussi touchante. Kanye reconnaît le succès de son “grand frère”, qu’il n’aura jamais son flow et qu’il l’a humilié sur plusieurs de ses propres chansons avec une franchise extrêmement louable. Oui, c’est ce recul incroyable que prend le rappeur qui rend cette chanson aussi puissante et émotive et qui en fait un réel exploit. Au final, ce son est intemporel et garde ce feeling de ce que Kanye a fait de plus “hip-hop” dans sa carrière.

Line préférée : If you admire somebody you shold go on head tell’em, people never get the flowers while they can still smell’em. 

8 – Niggas In Paris (sur Watch The Throne).

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On va faire simple : Si Otis était déjà une collaboration spectaculaire, Niggas In Paris emmène le terme “collaboration” à un autre niveau. Juste pour vous dire : c’est dur de savoir se vanter. Ca demande aussi bien une maîtrise de l’arrogance qu’une finesse lyrique très pointilleuse. Ici, ça semble tellement naturel à Kanye West et Jay-Z que ça en devient déconcertant. Les deux délivrent l’un des sons les plus arrogants et puissants de ces dernières années en exploitant et en expliquant à quel point ils sont au top du top. C’est un peu le principe de Watch The Throne résumé en une chanson : deux géants qui montrent pourquoi ils sont des géants. Sauf que là, tout est puissant, chaque line, chaque percussion, chaque montée, chaque descente. On aura rarement vu le flow de Kanye aussi bon et aussi complexe dans sa carrière, et c’est encore plus visible en le comparant à Jay-Z. Le terme “collaboration” prend un tout autre sens puisqu’il devient presque une connexion spirituelle entre les deux artistes. Même le beat est représentatif de cette puissance, de l’originalité des samples à ses proportions épiques et violentes. On ne se lasse pas de la célébration de leur gloire, tellement que cette chanson a maintenant coutume d’être jouée plusieurs fois d’affilée en concert, jusqu’à 9.

Line préférée : Doctors say I’m the illest, cause I suffer from realness, got my niggas in Paris, and they going gorillas, HUH!

7 – Say You Will (sur 808s & Heartbreak).

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Kanye West devient over émotionnel. Autant Kanye West arrive à être touchant en étant un bâtard incompris et égocentrique, autant quand il ouvre sa sensibilité c’est difficile de la contenir, surtout quand il devient faible, intime et met à nu des sentiments qu’il n’a jamais montré. Etant l’intro de l’album, ça aura étonné tout le monde de voir Kanye aussi émotionnel, mais c’est la parfaite représentation de l’état de Yeezy lors de la sortie de l’album : un Kanye West torturé, déchiré, blessé de partout et sensible. Encore une fois, c’est en général dur de faire des sons aussi émotionnels et sentimentaux, et ça devient encore plus un exploit quand c’est quelqu’un comme Kanye West qui s’y colle. C’est ainsi qu’il met tout en place pour définir cette ambiance : Le beat est minimal, répétitif, triste, expérimental et j’en passe. En plus d’être globalement très beau, il y a deux petits éléments qui transforment tout, tout. Les deux petits “beep, bop” qui se répètent en boucle durant toute la chanson, et qui rappellent un lit d’hôpital. Oui, ces deux petits sons sont (entre autres) ce qui font la différence dans cette chanson. Après 4 couplets très courts et un refrain désespéré, Kanye décide de laisser 3-4 minutes d’instrumental avec les petits bips aliénants, se répétant en boucle et devenant peu à peu extrêmement douloureux, si bien que chaque petit bip et chaque petit bop deviennent des poignards qui à chaque fois nous tuent de plus en plus lentement. En plus du génie de l’instrumentalisation de cette chanson, on en vient au chant. Kanye est désespéré comme jamais, suppliant, déchiré et torturé. Plus on avance et plus le refrain se fait déchirant, pour voir au final que Kanye essaye presque de se rassurer lui-même et est au bord des larmes. Et ça, il en faut du recul pour le faire, et il en faut du talent pour bien le faire.

Line préférée : When I touch your neck, I grab your soul. 

6 – We Major (sur Late Registration).

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Late Registration a toujours été l’un des albums de hip-hop les plus baroques de tous les temps grâce à l’orchestration de Jon Brion qui a co-produit l’album. Ca se sent particulièrement sur We Major, l’un des sons les plus complexes et géniaux de Kanye. Sur un beat magnifique et très complexe, on retrouve Kanye West, Nas, Really Doe et Tony Williams chanter et rapper avec un flow à la limite de la perfection tout au long des épiques 7 min 30 de la chanson pour aboutir au final à une véritable célébration de la gloire des artistes : We Major, tout simplement, vaut bien son titre. Kanye West a rarement aussi bien rappé et ferait presque de l’ombre au couplet honnête et franc du légendaire Nas de part sa qualité lyrique et de part la qualité impressionnante de son flow. En majorité, la chanson est pleine de détail et chaque portion en est épique, du très long et très bien rappé couplet, au chant de Tony Williams, au beat très complexe tout en passant par le moment où le beat fond pour préparer un Kanye West motivé pour son dernier couplet. Tout y est parfait et extrêmement bien mené, et on ne retrouvera aucune fausse note mais énormément de très bonnes surprises et des lines des plus mémorables. On ne sera pas étonnés de voir que Kanye et Nas essayent de faire sonner le We Major du refrain comme “We Made You” et on serait presque tentés de croire qu’ils le disent vraiment.

Line préférée : So they ask me… “Why you call it Late Registration, Ye?” Cause we takin these motherfuckers back to school!

5 – Last Call (sur The College Dropout).

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Last Call, c’est l’outro de 13 minutes du premier album de Kanye West, mais surtout l’un des plus grands tours de force de Kanye West et le plus gros doigt qu’il aie lancé à tous. En gros, après 3-4 minutes d’un rap fantastique, on a droit à une dizaine de minutes de Kanye qui raconte tout son parcours, avec des ad-libs de plusieurs rappeurs etc. et comment il a réussi à devenir un rappeur, en réalisant ses rêves et en motivant toute une génération de rappeurs. Ce son est une hymne à la gloire de Kanye West, mais surtout une hymne à la motivation et à la “live your dreams” attitude. Reprenant le thème des barmans, un “last call” est le dernier appel pour aller boire avant la fermeture des bars. Ici, c’est le dernier appel pour écouter Kanye West avant la fin de l’album, pour écouter la véritable histoire. Pas la peine de vous expliquer comment Kanye est franc et honnête tout en restant égocentrique et insolent, mais il faut surtout mettre l’accent sur quelque chose : Si Kanye est doué en narration, c’est un véritable plaisir de l’écouter raconter sa vie et son succès en 13 minutes tellement la qualité lyrique de la chanson est difficilement comparable avec toutes les figures de style et les triple entendre. Par ailleurs, le beat est l’un de ses plus complexes et l’un de ses meilleurs, les plus travaillés et les plus adaptés à l’ambiance, et son flow est particulièrement arrogant, ce qui rend la chanson encore plus glorieuse et triomphante. C’est l’histoire d’un succès phénoménal, d’un simple producteur qui a prouvé au monde entier qu’il pouvait rapper, et c’est une leçon de morale énorme.

Line préférée : Now I could let these dream-killers kill my self-esteem, or use my arrogance as the steam to power my dreams.

4 – Gone (sur Late Registration).

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L’outro du second album de Kanye West reprend le même côté épique et baroque que We Major, mais différemment. Avec un beat extrêmement élaboré, qui change à chaque refrain, chaque couplet, et qui sample Otis Redding (non, Otis n’est pas la première fois que Kanye a samplé Otis Redding, merci), tout prépare au dernier couplet de la chanson. Damn, le dernier couplet. Souvent considéré comme le meilleur couplet de la carrière de Kanye West, il est même l’un des meilleurs couplets de tous les temps. Kanye n’a jamais aussi bien rappé que sur Gone, et la structure détaillée du son rend le tout véritablement parfait. Chaque couplet est d’une qualité exceptionnelle ! On atteint déjà l’un des meilleurs tour de force en matière de rap chez Kanye West avec les deux premiers, concentré d’humour et de prouesses lyriques, mais ce n’est rien comparé au dernier. Le beat change subitement après le splendide couplet de Consequence (qui exploite le mot “gone” à toutes les sauces), et après une petite minute d’instrumental orchestral, de plus en plus angoissant et inquiétant, on se prépare lentement à se prendre le stand out verse de Kanye direct dans la gueule. Kanye a tout préparé pour que ce couplet soit monstrueux, qu’il soit la finalité de la chanson. Kanye commence avec un ad-lib doux pour ensuite délivrer son couplet sur un beat qui devient alors inquiétant et menaçant, pour finir sur une note de joie et de motivation douce qui finit l’album avec brio. Je veux dire, ce couplet est tellement puissant qu’il y a trente secondes de silence symbolique à la fin du track, ce qui en accentue le côté chef d’oeuvre avec l’orchestration. Le meilleur rap de Kanye West, avec une consistance lyrique rarement atteinte et l’un de ses meilleurs beats (ou en tout cas le plus travaillé), avec une réalisation parfaite et extrêmement détaillée, c’est ce qui fait de ce son l’un de ses plus grands classiques. Prenez juste garde au dernier couplet.

Line préférée : Imma open-up a store for aspiring MCs, won’t sell’em no dreams but the inspiration is free. (on peut dire qu’il l’a fait en lançant son label !)

3 – POWER (sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy).

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POWER est un concentré des meilleurs lines de Kanye West, sur un flow des plus impressionnants et un beat des plus épiques et énormes. La structure musicale en elle-même est gigantesque, du thème mégalomane qui va tellement bien à Yeezy au sample de King Crimson en passant par la splendide et sublime outro. Tout est rendu immense dans cette chanson, tout, et chaque line est à graver parmi les plus mémorables et les plus intelligentes de Kanye West. L’outro rend le tout encore plus épique, avec le chant magnifique de Dwele qui raconte comment Kanye se suicide en sautant par sa fenêtre, contemplant sa vie et où il en est arrivé avec tout son pouvoir, tout en reconnaissant qu’il n’en a pas assez, qu’il n’est pas encore au top et qu’il continuera jusqu’à ce qu’il y arrive. Il n’a jamais eu l’air aussi puissant, impressionnant et motivé, et c’est au final tout ce que Kanye a toujours été : arrogant, sarcastique, puissant, influent, et génial. Ici, Kanye est fier d’être aussi bourré d’ego et le justifie très bien. POWER est tout simplement le son le mieux écrit de Kanye West, mais surtout le plus représentatif du personnage et celui qui le rend le plus fascinant.

Line préférée : Screams for the haters, got a nice ring to it… I guess every superhero need his theme music.

2 – Runaway (sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy)

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Runaway est simplement le plus grand effort que Kanye West a accompli : s’incliner devant les critiques et admettre qu’il a été un “asshole”. Lui, le rappeur le plus égocentrique de l’histoire, qui a dédié tout un album à sa rupture, qui a insulté ses anciennes relations tellement de fois que c’en est devenu une habitude, rompt avec son image de bâtard et s’ouvre à la réalité : il a été un vrai bâtard. En 9 minutes Kanye chronique son regret et ses défauts en admettant avec désespoir et émotion tout ce qu’il a été et tout ce qu’il a fait avec une rancoeur extrêmement touchante et mélancolique. Pour une fois, Kanye accepte son rôle de “douchebag” et se met de l’autre côté du miroir pour avouer qu’il n’a jamais été doué avec les relations et que pour une fois, c’est à lui que le blâme revient. Il reconnaît son pessimisme et son comportement, et cette humilité est impressionnante. Il se lance ainsi un toast, en en lançant un à tous les gens “comme lui”. Mais surtout, Kanye ne s’arrête pas là. Il fait un effort incroyable en infusant cette chanson de désespoir, comme si c’en était vital : il demande aux femmes de le fuir et de fuir les “mauvais garçons” comme lui, mais en le chantant de manière viscérale. Sur un piano très intense et un beat rappelant les proportions épiques de l’album, Kanye West va encore plus loin dans ce thème du désespoir et du regret. La moitié de la chanson consiste en une reproduction vocodée à souhait de la première partie, où Kanye chante de manière encore plus désespérée et humaine tout ce qu’il a fini par admettre. Le son devient beaucoup plus émotionnel et brut, et encore plus vrai. Kanye West n’a jamais été aussi touchant et humain que sur Runaway, et c’est un exploit d’admettre tout ça quand on connaît l’histoire du personnage.

Line préférée : And I just blame everything on you, at least you know that’s what I’m good at.

1 – Jesus Walks (sur The College Dropout). 

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Vous vous attendiez vraiment à autre chose ? Il est évident que Jesus Walks est le meilleur son de Kanye West, si ce n’est l’un des meilleurs sons de la décennie et l’un des plus importants et influents. Il a fait l’effet d’une bombe et a été acclamé par tous pour le courage de Kanye West, qui dédie un single à sa foi. En général, les radios refusent de diffuser des sons religieux ou en rapport avec la foi, ce qui indigne totalement Kanye West qui décide d’en faire une chanson pour expliquer à quel point la foi est importante et pourquoi est-ce qu’il trouve totalement stupide d’interdire la diffusion radiophonique de ces thèmes vu l’importance de la foi. Mais surtout, Kanye West nous prouve son génie en tant que producteur en nous délivrant son meilleur beat, et le plus épique pour appuyer un sujet aussi important mais surtout pour le transformer en triomphe. Ainsi, sur un beat extrêmement puissant et détaillé, on retrouve énormément de force, de puissance presque intimidante et d’intensité grâce aux chants gospel en choeur. Tout est énorme dans ce son, de la puissance du beat à l’audace de Kanye West, en passant par le flow viscéral et les lyrics captivantes. C’est ce que Kanye West a fait de plus gros et de plus mémorable, et qui a été le plus remarqué dans le monde du hip-hop. Jesus Walks est devenu un modèle dans l’histoire du hip-hop des années 2000 pour sa qualité parfaite.

Line préférée : I wanna talk to God but I’m afraid case we ain’t spoke in so long… so long.

Le Top 25 des chansons de Kanye West
Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Etudiant de 17 ans passionné de musique underground. Je connais la musique comme ma poche et des trucs que même Discogs ignore... Je te fais découvrir les meilleures et les pires sorties, je façonne ton goût. C'est moi qui analyse la musique actuelle et qui vous cultive. Pour vous servir.


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