*
"quand le soleil
s'éteint
que se retirent
mes eaux
que s'effritent
mes rives
et mon visage
que monte
du fond de mon lit
cette odeur de vase
croupissante
quand je suis maintenu
au-dehors
que je languis au pied
de mes murailles
quand revenir à ma terre
et ma source
est positivement
l'impossible
qu'au moins les mots
fixent ces instants
recueillent
cette souffrance
me rappellent
que je demeure
en chemin
me préparent
l'accès
à ce que j'ai
éperdument
attendu"
*
"un cri surgi
du sang
du mucus
et commence
la vie orpheline
et chaque
homme
est ce cri
et chaque mère
s'abat
dans la fosse
ouvre
l'infernal
chemin
qui ramène
à ses flancs"
*
"et ils ont tant bu
épié scruté dévoré
ardemment
une ferveur retenue
concentrée
une âpre
et souterraine
véhémence
tu t'es porté
au-devant
de la vie
et ils ont tant bu épié scruté dévoré
tes yeux insatiables
connu de telles fièvres
de si torturantes fringales
mais quand
s'ouvre l'oeil
qui t'inonde
de lumière
rien ne subsiste
de tout
ce qu'ils ont
amassé
alors
éperdument
tu te portes
au-devant
de la vie
exposes
au vent
le feu
qui t'a
dénudé"
*