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L'Antisémite

Par Sergeuleski

Le scénario de l'Antisémite tient en quelques mots : vivement encouragé par sa femme mourante d’un cancer, un antisémite maladif alcoolique et violent, déguisé en officier nazi pour un bal costumé (son épouse... en costume traditionnel breton, coiffe et robe) accepte de se faire psychanalyser par un thérapeute juif.  

Filmé en quinze jours avec un budget plus que modeste, ce premier long métrage de Dieudonné, programmé en janvier 2012 sans perte ni fracas dans un seul lieu, celui du théâtre de La main d'or, tourne en dérision l’antisémitisme et égratigne au passage Auschwitz et une Shoah personnalisée en sainte.

Filmé tantôt en noir&blanc, tantôt en couleur, l’originalité de ce film dans lequel l’historien Robert Faurisson fait une apparition à la guest star ainsi que Alain Soral… réside dans sa construction à la façon d’un making off ; en effet, le film a autant pour sujet le tournage et parfois l’impossibilité de mener à bien une telle entreprise (séquences en noir&blanc), que l’histoire de cet homme antisémite désireux de se soigner (séquences en couleur).

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Excepté pour son épouse qui décèdera - et à ce sujet on nous laisse clairement entendre que ce n’est pas le cancer qui l’a tué mais son traitement administré par un professeur qui répond du nom de... Goldstein, l'homme au mille chimio et mille décès – tout finira bien, ou presque, pour le personnage principal enfin guéri de son antisémitisme mais maintenant homophobe, partant bras dessus et bras dessous avec son psychanalyste, le film bouclant sa boucle sur une énorme fête en public où Dieudonné et ses « acteurs », brandissant des ananas, reprennent en coeur le Chaud Cacao d’Annie Cordy rebaptisé pour l’occasion en « Shoah- nanas » devant une foule en délire sur le refrain "sho sho shoah-nanas/tu me tiens par la shoah/je te tiens par l'ananas/sho sho sho-ananas" drapeaux israéliens et palestiniens au vent.

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La dérision et la transgression ? Dieudonné est coutumier du fait ; dans ses spectacles, notre humoriste a déjà pris pour cibles sur le même mode, le racisme ainsi que deux des trois religions monothéistes ; en ce qui concerne le Judaïsme, après une première tentative en 2008, il y renoncera très vite, dissuadé par une campagne d’intimidation.

On pensera à Mel Brooks quand il ridiculise la révolution française ou le régime nazi, aux Monty Python avec La vie de Brian qui se moque de la figure du Prophète, le Christ, et plus près de nous,  le film Case départ réalisé en 2011 : premier film qui tourne en dérision la traite négrière.

A propos de ce premier film de Dieudonné d’aucuns ont parlé d’un « nanar de comique télé ». Sur le net, pas une seule critique favorable chez les Institutionnels et les aficionados du commentaire cinématographique. Dans ces critiques rédigées le plus souvent sans grande conviction, telle une condamnation purement formelle et routinière, attendue, on détecte sans difficulté des esprits en service commandé et bien rodés qui savent ce qu’on attend d’eux à la virgule près.

Une confidence recueillie auprès de l'un d'entre eux : "Le premier qui dit que le film est drôle, perd son boulot".

Du beau, du grand travail de mise au pas et de conditionnement et d’intériorisation de ce même conditionnement !

Mais comment pouvait-il en être autrement ? Quel film de Dieudonné aurait trouvé satisfaction auprès de critiques terrorisés à l’idée de devoir commenter un film qui tourne en dérision le dernier rempart, la dernière forteresse du politiquement-et-historiquement-correct ?

Nanar ou pas, (surtout, ne ratez pas l’analyse de Dominique Beniguet sur le site 01-rien.org !) le film de Dieudonné ne sera pas diffusé en salle, de la décision de son producteur iranien, même s’il est disponible un peu partout sur le net et sur le site de dieudonné.

 

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La LICRA a saisi mardi 10 avril le tribunal de grande instance de Paris pour faire interdire le film. Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris n'a pas interdit la diffusion du film, comme le demandait la LICRA. Mais celle-ci peut encore saisir la juridiction du fond.

Dans son ordonnance, la juge reconnaît que « la plupart des images et propos peuvent être ressentis comme particulièrement choquants et provocateurs » mais, nuance-t-elle, « il n'est pas pour autant établi, avec l'évidence requise en référé, qu'elles constituent » un négationnisme ou une provocation à la haine contre les juifs.

En outre, écrit-elle, « malgré son caractère insidieux et particulièrement outrancier, la séquence n'est nullement présentée comme une thèse scientifique ou sérieuse et nul ne peut se tromper sur son aspect parodique, étant rappelé que le juge n'a pas à se prononcer sur le bon ou le mauvais goût de ce qui est présenté comme humoristique ».

Et les experts judiciaires, juges, avocats et autres de tergiverser à bon compte avec plus ou moins de bonheur et d’honnêteté sur les chances de succès de la LICRA après ce premier revers ; LICRA qui nul doute reviendra à la charge car, le contentieux entre Dieudonné et cette ligue ne date pas d’hier.

Du côté de Dieudonné, on envisage de porter plainte pour harcèlement contre cette ligue.

En attendant, on pourra toujours écouter Dieudonné en conversation avec un Robert Ménard aux petits pieds, courageux donc mais pas téméraire pour un sou. Mais ça, ce n’est pas vraiment une surprise : Dieudonné Invité de Robert Ménard.

  

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Qui sème la censure, l'exclusion et le bannissement à l'encontre d'un artiste dans l'exercice de son Art, comme ce fut le cas contre Dieudonné, récolte Faurisson - là où ça fait mal -, et en prime… un film qui semble vouloir mettre un terme au contentieux qui oppose l’humoriste le plus talentueux de sa génération avec l’incontournable LICRA sous la tutelle du CRIF.
Dieudonné est aujourd'hui banni des médias ; il fut pendant un temps interdit de salles de spectacle sur le territoire français ; phénomène de vendetta jamais rencontré en France contre un artiste dans l’exercice de son art ; sous de Gaulle et Giscard, même les artistes les plus engagés n’auront pas connu un tel bannissement !

En effet, on n'a pas connu en France un tel climat de chantage et de terrorisme intellectuels exercés sur les institutions et les médias, leurs producteurs, animateurs et journalistes (télés, radios et journaux) depuis l’ère communiste et stalinienne - le PCF en particulier, avec ses intellectuels et ses sympathisants jusqu'aux années 70.

A moins d'être aveugle ou partisan, difficile de ne pas admettre que leurs méthodes sont étrangement identiques : insultes, discrédit, intimidation physique (avec la LDJ entre autres groupuscules), calomnie, procès d'intention, amalgames, chantage affectif, chantage professionnel...

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Une dernière chose... ô rien ! Presque rien… trois fois rien : l’Antisémite est un film drôle… très drôle. Aussi, ne laissez personne vous gâcher ce plaisir ! Un plaisir décuplé par une transgression piment d’une vie sociale qui crève lentement sous la chape de plomb d’un politiquement correct qui cache mal une débauche et une orgie de prise de pouvoir et d’intérêts sans nombre et sans précédent – et nous ne sommes qu’au tout début de ce disfonctionnement citoyen et démocratique.

Oui, la transgression ! A l’heure où, comme jamais auparavant, ceux qui prétendent à la cohérence et à la vérité sont à l'intelligence ce que les feux d'artifices sont aux miracles : le secret de polichinelle d'un esprit infantile dans le meilleur des cas, manipulateur…  dans le pire.  

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Pour info : une vidéo qui explique d'où est parti Dieudonné (ou d'où il vient...)


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