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Marcus Miller au Jazzablanca : une perfection envoûtante

Publié le 25 avril 2012 par Lcassetta

L’entrée de Marcus Miller sur scène fut sensationnelle et fracassante ! Standing ovation avant même le début du premier morceau. Ça débutait très fort, j’avais l’impression de recevoir une claque en plein visage. J’étais d’ores et déjà abasourdie par la dextérité du jeu de basse de Miller. Chronique.  

Le début était tellement prodigieux que j’avais déjà délaissé mon petit cahier noir où je prenais note, pour aller danser. Il était humainement et moralement impossible de prendre note avec une si bonne ambiance. Mais pour vous, j’ai écrit ce que vous avez raté.

Incroyable est le sens du rythme des musiciens. Trompette, saxophone, piano (pas de synthé, un vrai piano enfin !), guitare et bien sur la légendaire basse de Marcus. La deuxième chanson était une sorte de ritournelle jazzifiée, cette dernière ne peut être qualifiée que de fantaisiste mais aussi de prouesse très originale. La batterie résonnait avec robustesse et cet admirable bouquant était divinement attrayant et plaisant.

J’avais du mal à réaliser que devant moi se trouvait celui qui accompagna, durant toute une époque, l’un des piliers du Jazz : Sir Miles Davis. Les vrais mordus de ce genre de musique (une religion pour d’autres) devaient sûrement trouver le prix de leur ticket donné et trop peu pour une prestation si bonne. Tellement bonne qu’évaporée sur une terre nouvelle, j’avais du mal à me concentrer pour écrire sur mon cahier.

Il y avait plus de monde que durant les autres concerts. L’ambiance festive devint plus sereine après un court speech de Marcus, je cite : « Ça fait du bien d’être ici » et enchaina avec « Je vais vous interpréter de nouvelles chansons, extraites de mon nouvel album, Renaissance, qui sortira en mai prochain. J’espère que vous allez apprécier ! ».

Nous n’étions visiblement pas au bout de notre surprise. Un swing indéniable, qui aurait pu causer des arrêts cardiaques. (en même temps, vu la tranche d’âge de l’auditoire qui dépassait généralement la quarantaine, je me demande comment il n’y eut pas mort. Ce serait ironiquement une belle mort si on y pense !) L’un des morceaux fut couronné avec un solo de trompette si mirifique qu’il séduirait un satanique fan de metal aux cheveux verts.

La légende dit que Miles Davis et Chet Baker ne s’aimaient pas. Et ce soir-là, assise sur des escaliers pour être en hauteur, je savais que s’ils étaient toujours en vie,  ils seraient côte à côte et peut être même enlacés. Miller avait ce pouvoir de ressusciter les âmes de Jazzmen !

Le morceau Master Of All Trades me donna la certitude que j’assistais à l’un des concerts les plus mémorable que le Maroc aura connu. J’espère qu’entre autres, on dira : « Marcus Miller est passé par là » comme à Essaouira où l’on retrace le passage de Hendrix, même dans les endroits les plus improbables. L’interprétation de Master Of All Trades était « saucée » si j’ose dire, pas trop, juste assez pour me laisser sans voix et bouche bée sans même la capacité de lever la tête. Un frisson pas comme les autres.

Je ne saurai vous dire combien de standing ovations, de cris et d’applaudissements il y eut ce soir-là, j’avais arrêté de compter au bout du 10e. Le public était effectivement déchainé.

A ma grande surprise, j’ai reconnu la cadence de Get up Stand up de Bob Marley. Je ne suis pas très fan de reggae mais la reprise fut totalement différente de l’originale et je ne pouvais en être que ravie. On entendait l’auditoire fredonner le refrain. Et c’est ainsi que le trompettiste se remit à nous faire frissonner. C’était une belle histoire, probablement une histoire à l’eau de rose transformée en notes musicales. Une sensation de légèreté, je flottais sur un nuage en coton. Noblesse musicale que mes oreilles n’ont eu que rarement l’honneur de déguster, c’était comme ressentir le moelleux d’un fondant au chocolat fondre au palais de ma bouche. Le paradis sur terre m’offrait enfin une place.

Les noms des musiciens avaient aussi un brin de classe : Brown, Miller ou encore Hawn.

Feeling Good de Nina Simone fut la 5e ou 6e chanson, et je pouvais écrire des sons, j’aurai aimé partager avec vous cette partie de la soirée. Vous sauriez à quel point c’était euphorisant d’assister à un évènement pareil. Plus tard, après Feeling Good, place à Tutu de Miles Davis qui me fit pleurer telle une enfant. Impeccable était le mot, oui irréprochable à tous les niveaux. Qu’il s’agisse de présence sur scène ou agilité/savoir-faire des musiciens.

Marcus et sa bande ont pu faire d’une salle en plein air, un monde imaginaire. Un monde luxueux, sophistiqué où j’imaginais de belles dames se dandinant dans leur plus belle robe devant le comptoir d’un bar d’hôtel somptueux, là où les hommes aux smokings exemplaires ne jurent que par leurs cigares venus de Cuba et leur verre de whiskey.

Et une énième standing ovation avant ce que j’ai appelé « la feinte de Miller ». Il quitta la scène puis revint après quelques minutes. Il nous interpréta avec ses compatriotes 3 dernières chansons dont Blast.

Vous savez, Miles Davis a dit : « Pourquoi jouer tant de notes alors qu’il suffit de jouer les meilleures ? », et je pense que c’est l’une des choses que Marcus Miller a le plus retenu de son amitié avec Davis.

Bilan : En un seul mot : Parfait.

Bonus : Durant les répètes qui ont précédé le concert, un jeune lycéen sous le nom de Reda Ammoumi du Lycée Lyautey de Casablanca a eu l’honneur de faire une JAM session avec Marcus Miller. Je suis donc partie lui poser quelques rapides questions :

Moi : Comment as-tu rencontré Marcus Miller ?
Reda Ammoumi : Durant la séance dédicace qui eut lieu à la FNAC. On devait lui poser des questions, alors mon ami a eut le courage de lui proposer que je jam avec lui. Malheureusement, il n’y avait pas d’ampli, alors il me proposa de venir le rejoindre à ses répétitions qui allaient se dérouler le lendemain à 18h. Et voilà !

Moi : Comment ça s’est passé ?
Reda Ammoumi : C’était génial. Les artistes sont sympathiques. C’était à mes yeux meilleur que le concert en lui-même. Le guitariste a vraiment un « putain » de feeling et puis le batteur est une bête de scène. C’était vraiment l’un des plus beaux jours de ma vie, ça a duré une bonne heure et Miller m’a même dit : « Good Job! ». Du coup je suis très satisfait !

Moi : Comment trouves-tu Miller ?
Reda Ammoumi : Très sociable. Il n’a pas la grosse tête malgré son parcours. Et puis voilà, il est humble.

Si vous voulez en savoir plus sur ce jeune garçon, il s’agit du bassiste de The Funkys, un super bon groupe !

Marcus Miller au Jazzablanca : une perfection envoûtante
Rita (Rita Hassan Jawhari)

La rousse fatale.



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