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Le crowdfunding suscite aussi des débats, de la méfiance, en passant par la peur d’une marchandisation ?

Publié le 08 mai 2012 par Monartiste

Bonjour,

La montée en puissance du crowdfunding, depuis maintenant trois ans, considérée aujourd’hui comme l’une des dix tendances fortes de l’économie mondiale pour l’année 2012, démontre bien qu’il ne s’agit pas uniquement d’une mode. Mais des doutes, des inquiétudes subsistent encore chez beaucoup  d’acteurs du web et d’internautes. De nombreux freins ou des sujets d’incompréhension demeurent. Petit florilège :

La hantise de la démagogie dans la sélection et la promotion

Pourquoi les sites communautaires apparaissent toujours démagogiques ? Y-a-t-il forcément un risque de démagogie en permettant aux internautes de sélectionner les projets ?

Beaucoup d’acteurs culturels ou de prescripteurs présentent, à tort ou à raison, le risque d’un choix populaire au détriment de la pertinence artistique. Ils appuient sur un point sensible à juste titre ou non (est-ce de la peur ?): En rendant inutile les intermédiaires, prescripteurs, producteurs ou autres curateurs avec internet, allons – nous vers un art plus pauvre ? Comment le commun des mortelles sans connaître les codes de l’art pourrait-il juger de la pertinence d’une démarche ? Les internautes choisiront-ils une œuvre qu’ils aiment sur l’instant, privilégieront-ils l’empathie qu’ils peuvent avoir pour l’artiste, grâce à sa vidéo ?

Ce sont des questions légitimes au regard de l’histoire de l’art..

Il est vrai que peu d’artistes de grandes valeurs ont été reconnus de leur temps.

D’un autre point de vue, aujourd’hui les internautes ne sont-ils pas, seuls capables de déterminer la pertinence et la sincérité d’une démarche artistique ?
Un internaute n’a t-il pas assez d’informations, de clefs de compréhension, de culture pour faire la différence ? Sur la toile , on donne toujours de pouvoir aux

Passer par une sélection de professionnels, d’experts, de producteurs, pour ne pas les nommer, est-il une condition sine qua non pour valider un projet, pour légitimer cette démarche de sollicitation de fonds. ? 
Pourquoi est-il si difficile d’imaginer aujourd’hui qu’un artiste puisse émerger, naître, sans avoir été découvert par un producteur ou un galeriste… ?

En clair, donner le pouvoir aux internautes, est-ce nécessairement l’appauvrissement de la qualité artistique, ou l’arrivée d’une nouvelle vague de créateurs ?

Début de réflexions…

J’ai participé à ce débat sur Newsring : le-buzz-revele-t-il-de-vrais-talents,

Il montre bien, qu’il n’y a pas de réponses définitives. J’amorce la discussion et je vous invite à poursuivre la discussion sur le site ou à l’alimenter par des commentaires sur mon blog.

Beaucoup d’artistes n’ont pu voir leur talent reconnu que parce qu’ils étaient soutenus par des mécènes.

Il en va des écrivains philosophes tels que Voltaire et Rousseau, des dramaturges comme Molière ou Racine, des musiciens comme Bach ou Mozart, des peintres et sculpteurs comme Léonard de Vinci ou Michel-Ange pour ne citer quer des artistes très célèbres…

Ces mécènes étaient de grands amateurs d’art  et ce sont souvent eux qui ont poussé les artistes à être plus créatifs, plus inventifs, plus provocateurs tout en leur commandant des œuvres reflétant les clivages de l’époque. Ces personnages n’étaient pas particulièrement « formés » pour cela. Aucun d’eux n’a jamais suivi une école artistique quelconque. Il faut attendre les galéristes et les critiques d’art du xxème siècle pour voir apparaître ces individus imbus de leur savoir et faisant la pluie et le beau temps sur la création. Quelquefois avec talent, reconnaissons-le.

L’art a dans son ADN, si je puis dire, cette notion de subjectivité qui fait aussi toute sa richesse. On peut donc répondre tout aussi bien par la négative que positivement à cette question de savoir si les internautes sont aptes ou non à juger de la qualité artistique d’une oeuvre. Tout dépendra de la connaissance desdits internautes, et ils pourront peut-être découvrir un nouveau génie de la peinture comme s’extasier devant un peinturlureur de croûte. Lorsque l’on voit et entend certains artistes du disque on peut légitimement s’interroger sur le goût du public comme sur le discernement des producteurs. Car l’art et en particulier l’art contemporain ou le cinéma, est devenu avant tout une valeur marchande, un bien de consommation comme les autres et il est bien difficile de juger qui passera à la postérité de par son talent.

Mais n’oubliez pas que l’argent étant la clef de toute réussite dans notre société humaine, il est préférable de plaire à ceux qui en ont. Andy Warhol l’avait prédit, tout le monde a le droit d’être artiste aujourd’hui.

Des échecs et des déceptions que l’on ne peut nier : le mirage des labels participatifs

Le modèle des labels communautaires, malgré les perspectives intéressantes de développement de liens avec les fans apparaît encore comme un moyen de limiter la prise de risque des maisons de disque. Alors que la volonté des fans de soutenir et de s’impliquer est forte, la réalité révèle que les labels se sont plutôt servis du qualificatif communautaire pour créer du buzz et financer leur production. La principale déception est sans doute là, ils n’ont créé aucune valeur en utilisant la puissance d’internet.

Un modèle transposé mais pas de réelle innovation, aucun rapprochement avec le public

La non remise en cause du modèle économique de l’industrie en est sans nul doute la cause. Il est très difficile d’accepter pour eux qu’il est devenu presque impossible de vendre de la musique sur internet. Ils ont beaucoup de mal à redéfinir leur rôle, ainsi malgré le succès tonitruant de Grégoire et ainsi à travers lui des internautes qui avaient misé sur lui, le modèle s’est très vite enrayé et aucun autre artiste n’a réussi à reproduire ce premier succès ;

La fragilité (supposée ?) du modèle économique des plateformes de crowdfunding.

En France, en particulier le modèle économique des plateformes d’intermédiation, qui se rémunèrent en prélevant une commission sur les collectes réussies, est encore fragile. Il ne génère pas encore assez de chiffre d’affaires et au-delà de projets réalisés pour espérer être rentable.  Même si l’on sent un frémissement, si l’on en entend de plus en plus parler, que des plateformes émergent presque chaque semaine. Le crowdfunding est encore une tendance, une piste de financement, loin d’être la nouvelle façon de découvrir et de suivre la nouvelle création, qu’est devenu Kickstarter. Cependant, Pour placer dans le contexte actuel cette montée en puissance, pour Jérémy Rifkin, nous vivons la troisième révolution industrielle. Qui connaît la portée du crowdfunding dans 5 ans ? Qui aurait pu penser que Kickstarter aurait eu un tel succès ? Personne, sans doute. !

Pour soulever les doutes et anéantir les réticences. Il faut rétablir la confiance, qui est à la base de toute relation

Il n’y a pas de solution miracle, les modèles type Deezer ou Dailymotion peinent à trouver la rentabilité, mais à travers les solutions qui apparaissent comme le crowdfunding et les Licences Creatives Commons une grande tendance structurante fait son apparition, il s’agit du rapprochement des artistes et du public et de l’implication de celui-ci. Avec le crowdfunding ou le financement participatif, c’est un nouveau type de lien social qui se crée, démultiplié par l’initiative individuelle permise par le web. C’est en rétablissant la confiance et le respect entre le créateur et le spectateur (ou lecteur), que l’on ira vers la bonne direction. Considéré la culture et la création comme une marchandise en la « marketant » a tué ce respect mutuel, l’urgence une nouvelle fois est de rétablir cette confiance, de donner à voir et ne pas considérer le public comme des voleurs


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