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Exhibitions

Par Emmyne

ExhibitionsExhibitions - L'invention du sauvage - est l'une des expositions temporaires du Musée du quai Branly; une exposition aussi incroyable qu'édifiante.

A travers pas moins de cinq cents documents et pièces ( photographies, affiches, matériels " scientifiques ", moulages, lithographies, gravures, tableaux, produits publicitaires ou " souvenirs " ) ainsi que des montages vidéos mettant en scène l'iconographie, l'exposition présente un parcours historique ( à partir du XVIème siècle ) sur l'altérité, dans l'esprit du cabinet de curiosité. Exceptionnelle et impressionnante.

C'est le regard occidental sur les peuples des autres continents, du pseudo-anthropologique source et légitimité des préjugés, de la formation d'un inconscient collectif dégradant, colonialiste et raciste qui aboutira à la création de ménageries mêlant humains et animaux au début du XXème siècle, une fascination ( et une peur, le goût de cette peur ) pour les " phénomènes " associant pêle-mêle difformités et exotisme, manipulant les notions de " normalité ", " supériorité ", celles d'identité et de race.

" L'Autre interroge, étonne et permet de se situer... Souvent originaire des zones lointaines, il a cristallisé les fantasmes, les peurs, mais aussi les ambitions de domination. "

" Le parcours de cette exposition rappelle un théâtre : on y trouve la scène, ses acteurs et ses accessoires tandis que les coulisses montrent l'envers du décor évoquant les destinés des ces exhibés et montrant l'incroyable production d'images qui a façonnée une culture du regard. " - Extrait de l'introduction à l'exposition -

La différence. Tout commence par là. Avec les grands explorateurs qui ramènent aux cours européennes leurs butins et trophés ( Christophe Colomb revient de son premier voyage avec six Amérindiens, revient avec..., pas accompagné de... ) : objets précieux, animaux jamais vus, membres de peuples qui paraissent si étranges par leur couleur de peau et leur mode de vie. L'incarnation du Sauvage.

Dans le même temps se développent les cirques et les foires dans lesquels sont exhibés " les phénomènes humains ". L'exposition présente les figures célèbres de " monstres " et d'exilés qui ont laissés des traces " documentaires " dans les annales historiques ( comme cette famille Inuit au XVIIIème siècle ). Tous soumis à la curiosité occidentale qui évoluera en " construction scientifique de la différence ". Ce sont les débuts de l'anthropologie au XIXème siècle, une passion et une folie de classification sur la " variété du genre humain ". Des instruments de mesures anthropométriques sont créés ( notamment pour les dimensions du crâne, du visage - on appellera cela la phrénologie ), c'est la grande époque des relévés, des daguérréotypes et des moulages de bustes. Ne pas oublier que les théories élaborées à partir de ces " études " furent également publiées dans les manuels scolaires, les " sciences naturelles "... Quant à la supériorité blanche, elle est affirmée jusque dans les jeux d'enfants. L'exposition présente des cartes dont l'illustration et la petite maxime inculquent le racisme aux plus jeunes; il y a aussi des maquettes et des automates.

Puis ce sera la période populaire du spectacle de la faune exotique et l'indigène au zoo avec les Expositions Universelles ou les scènes de café-théâtre. Les peuples africains et amérindiens tiennent le haut de l'affiche. Les Folies Bergères attirent des milliers de visiteurs avec six guerriers Zoulous qui dansent et se déchaînent sur scène ( à qui on a bien précisé que ce serait plus mieux s'ils grognaient aussi ). Pas des esclaves, des exploités avec, certes, contrat et salaire mais traités comme des " inférieurs ", privés de liberté.

Le spectacle le plus célèbre, ayant connu le plus de succès et ce durant des années, est celui créé par le chasseur de bisons Buffalo Bill avec des Indiens. A Paris, en 1905, près de trois millions de spectateurs assistent à ce show.

Entre 1877 et 1937, il y aura plus de 35 exhibitions " ethniques " au Jardin d'Acclimation, des familles parquées. 

Il faut le voir pour le croire, c'est le cas de le dire.

PFM

- Paul Friedrich Meyerheim - In der Tierbude ( Ménagerie ) - 1894 -

JA

- Exposition jusqu'au 3 juin ( billet depuis plus d'un mois dans les brouillons, c'est mal ! ) -

- Le livret enfant est extrêmement bien conçu ( posant en épilogue la question de l'existence contemporaine de " zoos humains " avec l'écran de la télévision... ce qui ne gâche rien ) - Très bien aussi l'idée d'installer des miroirs déformants dans la salle des affiches d'exhibitions ... -

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- Exposition jusqu'au 3 juin ( billet depuis plus d'un mois dans les brouillons, c'est mal ! ) -

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