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Jazz sur la Croisette. Cannes 1958

Publié le 03 juin 2012 par Assurbanipal

" Jazz sur la Croisette "

Le Festival de Jazz de Cannes 1958.

Enregistré au Palais des Festivals de Cannes, Alpes Maritimes, France du 8 au 13 juillet 1958 pour la Radiodiffusion française.

Edité par l'Institut National de l'Audiovisuel.

Le Jazz est associé à la Côte d'Azur grâce aux festivals d'Antibes Juan les Pins créé en 1960 et de Nice créé en 1971 après une première édition en 1948. Le cinéma c'est Cannes. Et pourtant en l'an 1958, deux mois après le festival du film, un festival de Jazz unique eut lieu à Cannes, au Palais des Festivals, sur la Croisette et même sur le porte-avions Saratoga de l'US Navy.

Le programme était hallucinant pour l'époque et il le reste encore 54 ans après.

Pour le Jazz dit " classique ", Sidney Bechet (sax soprano), Sammy Price et Joe Turner au piano, Coleman Hawkins au saxophone ténor, Roy Elridge, Teddy Buckner, Bill Coleman à la trompette, Ella Fizgerald au chant.

Pour le Jazz dit " moderne ", Donald Byrd et Dizzy Gillespie à la trompette, Barney Wilen, Zoot Sims, Stan Getz au saxophone ténor, Sacha Distel à la guitare électrique, le Modern Jazz Quartet, Tete Montoliu au piano, la rythmique du Blue Note, club parisien de l'époque (Martial Solal, Pierre Michelot, Kenny Clarke).

Bref que des grands musiciens tous aussi référencés dans le Nouveau Dictionnaire du Jazz.

La musique ruisselle de Swing et de joie. Enthousiasmé par la cuisine locale, Sammy Price composa et joua un " Bouillabaisse boogie " pour l'occasion. Dizzy Gillespie, disciple improbable de Guillaume Apollinaire (" Et l'unique cordeau des trompettes marines ") joua de sa trompette coudée dans la Mer Méditerranée (c'est photographié mais pas enregistré malheureusement). Martial Solal brille de mille feux, accompagnateur stimulant de Barney Wilen, Stan Getz, Dizzy Gillespie et éblouissant de légèreté et de vivacité en trio sur " The Squirrel " de Tadd Dameron. Ella Fitzgerald, ravie de l'accueil qui lui a été réservé (un de ses fans, Jean Cocteau, lui offrit un dessin dédicacé) renverse tout sur un son passage avec un " Saint Louis Blues " d'anthologie. Jean Cocteau fit en outre visiter aux musiciens la chapelle des pêcheurs de Villefranche sur Mer qu'il venait de peindre en y représentant notamment son ami Django Reinhardt.

Cette musique regorge de tant de merveilles qu'il est vain de vouloir les décrire toutes. Je vous laisse donc les découvrir, lectrices balnéaires, lecteurs estivants. L'INA les a édité dans un coffret en  deux CD: un consacré au Jazz classique, un au Jazz moderne. Vous trouverez encore plus d'image et de son, moyennant phynances, sur le site Internet de l'INA.

Pour vous donner une idée de l'ambiance, voici la rythmique Martial Solal, Pierre Michelot, Kenny Clarke au service de quatre géants du saxophone ténor: Coleman Hawkins surnommé le Père du saxophone ténor, Don Byas qui assura la transition entre le Jazz classique et le bebop, Barney Wilen jeune homme surdoué (il n'a alors que 21 ans et a déjà enregistré avec Miles Davis en 1957 la BO du film " Ascenseur pour l'échafaud " de Louis Malle) et " The Sound " Stan Getz.


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