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De la nécessité des locomotives

Par Mauss
Dans toutes les régions vinicoles, il y a des organismes de promotion, privés ou ± étatiques, qui reçoivent des subventions de membres ou qui doivent participer obligatoirement comme producteurs enregistrés faisant des déclarations de récolte. Il est évident pour tout le monde que ces organismes, type CIVB, se doivent de prendre en compte tous les participants, qu'ils soient des propriétés de premier ordre (style des « classés » à Bordeaux) ou de plus modestes vignerons payant régulièrement leur tribu.

Ces organismes sont essentiels pour la promotion internationale des vins des régions qu'ils représentent : c'est là leur tâche majeure.

Pour autant, dès que sont mis en avant les noms majeurs de leur région, on a rapidement des mouvements d'humeur de propriétés plus modestes qui crient facilement aux « deux poids - deux mesures ».

La question délicate est donc de savoir jusqu'où ces organismes peuvent utiliser les noms indiscutables pour tirer les autres. En d'autres termes, comment faire bien comprendre à tous qu'un train a besoin d'une locomotive pour bouger et qu'il faut tout faire pour éviter que cette locomotive s'avance seule sans se soucier de tirer des wagons qui n'ont pas les moteurs requis pour cela.

J'écris ce texte suite à une réunion magnifique hier soir à l'Auberge de l'Ill où un grand amateur, Monsieur Rinaldi, avait réuni quelques domaines phares qui sont reconnus comme faisant partie des plus belles propriétés vinicoles en Alsace et en France : Trimbach, Weinbach, Zind-Humbrecht, Albert Mann.

La soirée avait débuté par la dégustation, remarquablement organisée par Serge Dubs, d'un riesling La Vanne 1865 qui n'avait aucune trace d'oxydation, développait une finesse exquise et montrait urbi et orbi à quel point un riesling pouvait défier le temps.

D'autres crus (merci Monsieur Hubert Preiss) ayant plus de 40 ans d'âge,  démontraient également cette capacité de ce cépage d'exception, à tenir dans le temps.

Oui, il faut que tous acceptent et comprennent à quel point, pour une promotion internationale d'une région, il est fondamental de mettre en lumière la locomotive sans que cela soit considéré systématiquement comme un privilège « anti-démocratique ».

A un moment où ailleurs, en Californie notamment, on s'évertue à créer des classifications copiées sur le modèle bordelais ou bourguignon, les grandes régions européennes se doivent de développer de tels organismes chargés de la promotion des crus locaux. Non seulement c'est un impératif économique, mais pour toutes les opérations internationales, comme le fait si bien l'UGCB, c'est simplement une ardente obligation.

L'Europe ne peut se satisfaire de se contenter de son passé et de sa réputation. Sur les nouveaux marchés, Asie, Inde, Amérique du Sud, le combat va être féroce et dire simplement « mon nom suffit » est dramatiquement réducteur. Prenons un seul exemple particulièrement significatif. Vous prenez un propriétaire comme Egon Müller qui a très peu (euphémisme) de vins à vendre ; Il n'empêche : il parcourt sans arrêt le monde entier pour mieux faire connaître ses crus, les expliquer, les faire déguster.

Il est évident que de tels frais ne sont pas à la portée de chaque producteur. D'où l'impérative nécessité d'organismes qui, subventionnés par tous, seront capables de mettre à l'honneur les appellations qu'ils doivent défendre.

De chaque côté, en haut en plus bas, il va falloir accorder les violons pour développer une efficacité qui manque encore à beaucoup de régions. Lourde tâche, mais pas impossible.

QUELQUES IMAGES

 

vann

En provenance de la cave privée de Paul Haeberlin : une pureté d'exception

 

marc

Dire que je l'ai connu en culottes courtes ! Merci Marc, pour cette soirée !

 

vins

Attention : nous étions 24 convives, et que du sérieux !

muhl

Même si René Millet me morigène encore, je n'y peux rien, mais Mühl : j'aime !


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