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Vues de France: « ma CHRONOLOGIE et ma compréhension des événements au QUÉBEC »

Publié le 12 juin 2012 par Donquichotte

Depuis quelques temps, je collecte des articles et autres informations sur la crise estudiantine québécoise. Je tente de comprendre, de me faire une idée, je m'allume un peu plus chaque jour. Des images me reviennent en tête, entre autres celles liées à une grève étudiante que nous avions menée à l'automne 1975, en faculté de Sociologie, à l'université de Montréal, et qui avait duré 2 1/2 mois.

Je ne tente même pas de comparer les dossiers; je veux juste pousser un peu plus loin l'analyse (disons plus simplement, ma vision et ma compréhension) du mouvement étudiant actuel. J'y vais par grands titres des journaux (Le Devoir, Le Monde, et Libération, surtout). Comme chacun, cet hiver, je lisais la presse chaque jour... mais je n'ai commencé que tardivement à collecter des articles, soit le 31 mai dernier

C'est une collecte chronologique de "mots". Je ne prétend pas beaucoup plus; mais j'aime collecter ces "mots" qui m'aident à comprendre, et cela m'amuse.

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Ce soir, 31 mai, Le Devoir titre:

** Négociations dans l’impasse à Québec (Les étudiants menacent de se retirer)

Antoine Robitaille   31 mai 2012  Québec On y apprend que les étudiants ne «semblent pas vouloir déroger du gel» des frais de scolarité. Aujourd'hui, 1er juin, le Devoir titre:

** Québec quitte la table des négos

Antoine Robitaille   1 juin 2012  Québec

Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Montréal hier soir pour appuyer les étudiants.

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Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Montréal hier soir pour appuyer les étudiants.

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Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Montréal hier soir pour appuyer les étudiants. Les négociations qualifiées de «la dernière chance» ont échoué. La ministre de l’Éducation Michelle Courchesne a choisi de quitter la table de négociations en début d’après-midi hier, soulevant l’ire des représentants des associations étudiantes. Et aussi..

** L’écho des casseroles s’accentue

Lisa-Marie Gervais   1 juin 2012  Éducation
Plusieurs se sont dits déçus de l’attitude du gouvernement de Jean Charest. D’autres s’en prenaient personnellement au premier ministre.
Photo : Annik MH De Carufel - Le Devoir Plusieurs se sont dits déçus de l’attitude du gouvernement de Jean Charest. D’autres s’en prenaient personnellement au premier ministre. La rue a désormais l’habitude des manifestations nocturnes et de la symphonie tonitruante des casseroles sur le coup de huit heures. Mais ce fut avec une intensité renouvelée que des étudiants et badauds soutenant leur cause ont repris la cuillère en bois et sont sortis manifester, hier soir.Plus tôt en fin d’après-midi, sur Internet, les appels aux rassemblements étaient d’autant plus nombreux après l’échec des négociations entre les associations étudiantes et le gouvernement. Et aussi...

** La politique du pire

Michel David   1 juin 2012  Québec Le ministre des Finances, Raymond Bachand, avait raison : ultimement, il appartiendra à la population de trancher le débat sur la hausse des droits de scolarité à l’occasion d’une élection générale. *********************** Sans doute est-ce, ou sera-ce, la fin pour le gouvernement Charest! Perturbée sans arrêt par des annonces de scandales qui lient le gouvernement et le milieu des affaires, choquée du peu d'empathie de Charest à l'égard des jeunes en grève (il n'a rien senti, il n'a rien compris) sinon de l'attitude bête du chef du gouvernement, la POPULATION québécoise en a peut-être assez. Cette grève étudiante qui se transforme peu à peu en "mouvement social de plus grande envergure" a touché un grand nombre de Québécois qui se solidarisent un peu plus chaque jour autour des revendications étudiantes et au-delà. Cette POPULATION va-t-elle trancher par voie de référendum électoral? *********************** Le journal Le Monde à la une... aujourd'hui, 1er juin. Ce journal, du simple fait de la parution de ces nombreux articles (du "jamais vu" à propos du Québec, aussi loin que je me souvienne)  sur cette grève des étudiants québécois,  montre que ce conflit a une importance qui va au-delà du réel. Perrine Leblanc a raison, parlant d'une réalité-fiction, ou d'une fiction-réalité.

** Québec : échec des négociations entre gouvernement et étudiants

La manifestation principale du centre-ville, regroupant près de 2 000 personnes, a dès le départ été déclarée illégale par la police car son trajet n'a pas été communiqué à l'avance.
Les négociations dites "de la dernière chance" ont été suspendues jeudi au quatrième jour des pourparlers, menaçant d'aggraver la crise sociale dans la province. LIRE  aussi:  *********************** Le journal LIBÉRATION, n'est pas en reste. Aujourd'hui, 1er juin, il titre:

** Les casseroles ne désarment pas à Montréal

Des manifestants québécois à Montréal le 26 mai 2012.
Plusieurs cortèges ont défilé au son des casseroles dans la plus grande ville du Québec, après l'échec des négociations entre les syndicats étudiants et les autorités provinciales.

Lire dans Libération: * ********* * Dernière heure, au journal Le Devoir, ce soir, toujours le 1er juin

** Charest demande aux manifestants de ne pas «nuire aux Québécois»

La Presse canadienne   1 juin 2012 12h55  Québec
Lors d'un point de presse aujourd'hui, le premier ministre a dit reconnaître aux étudiants le droit de manifester leur mécontentement, mais seulement de manière paisible et ordonnée.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir Lors d'un point de presse aujourd'hui, le premier ministre a dit reconnaître aux étudiants le droit de manifester leur mécontentement, mais seulement de manière paisible et ordonnée.

Québec quitte la table des négos

Québec – Au lendemain de la rupture des pourparlers avec les étudiants, le premier ministre Jean Charest a exhorté les manifestants à ne «pas nuire aux Québécois». Lors d'un point de presse aujourd'hui à Vaudreuil-Dorion, en banlieue de Montréal, le premier ministre a dit reconnaître aux étudiants le droit de manifester leur mécontentement, mais seulement de manière paisible et ordonnée. 
Les Québécois «veulent une période d'accalmie», a insisté M. Charest, inquiet des répercussions que pourraient avoir les manifestations sur la saison touristique montréalaise et au premier chef, sur la présentation du Grand Prix de Formule 1, du 8 au 10 juin. Par «respect pour les Québécois», les étudiants devraient s'abstenir de perturber l'événement, a dit le premier ministre. *
******
* Voilà, c'est très difficile de comprendre ce qui se passe au Québec, vu de si loin. Je suis en France, et je reçois des échos si différents. Comment comprendre cette sortie de Jean Charest? Comment peut-il demander aux étudiants une période d'accalmie pour qu'un événement commercial de l'envergure d'une course de F1 se tienne sans problème? Comment troquer un mouvement social pour une affaire d'argent de la plus petite espèce? Voilà, je ne comprend pas, je ne comprend surtout pas que le premier ministre Charest ne vole pas plus haut; c'est tout simple. Ou bien je ne comprend pas ce mouvement, (je l'estimerais trop, je le sublime) ou bien Charest est un con si c'est tout ce qu'il a à dire après plus de trois mois de conflit. Je dois dormir là-dessus... "ne pas nuire aux Québécois", je crois rêver. *
*****
* Je revois cette "une" de Libération, ce soir, 1er juin, et je me dis qu'il vaut mieux croire le "cri" de la rue.

** A Montréal, «la loi spéciale, on s'en câlisse»

Manifestations du 22 mai 2012 à Montréal.
REPORTAGE Pour le 100e jour de la grève étudiante, plusieurs dizaines de milliers de Québécois étaient ce mardi dans les rues de Montréal pour crier leur mécontentement.

(à suivre: NON!) Mais je garde en mémoire cette soirée du 24 mai 2012: les manifestants avaient bravé la loi... (article dans Le Monde)

** Québec : près de 700 manifestants arrêtés dans la nuit

24 mai 2012 à 16:08
A Montreal mercredi soir.
A Montreal mercredi soir. (Photo Olivier Jean. Reuters)

"La province fait face à un conflit étudiant de grande ampleur depuis trois mois, pour protester contre la hausse des frais de scolarité. Près de 700 manifestants ont été arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi à Montréal et à Québec, dont la grande majorité pour«attroupement illégal», selon un nouveau bilan de la police. Plus de 100 jours après le début du mouvement étudiant contre la hausse des frais de scolarité, 518 manifestants ont été arrêtés à Montréal et 170 à Québec, ont indiqué les services de police des deux cités canadiennes".

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Je continue, difficile de m'arrêter... Aujourd'hui, mardi 5 juin 2012, dans le Devoir...

** Conflit étudiant - Pas de quoi rire

Marie-Andrée Chouinard   5 juin 2012  Actualités en société On devrait causer éducation, nature de la hausse des droits de scolarité, scénarios de sortie de crise étudiante, celle-là même qui nous tient en haleine depuis seize semaines, et de quoi s’émeut-on en lieu et place ? Du Grand Prix de Montréal ! *
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* Et oui, plus ça change, plus c'est pareil. Voir aussi cet article de Fabien Deglise, le même jour, dans le même journal qui dénonce, de façon très décente, les pharmacies Jean Coutu qui vendent des casseroles à bas prix pour les manifestants. Et Deglise de commenter: "De « exceptionnel », Jean Coutu fait même entrer ce détournement dans la catégorie des choses remarquables en liant ce « rabais-surprises » à des casseroles probablement fabriquées en Chine - à ce prix-là, peu de chance qu’elles viennent de Valleyfield ! -, et ce, pour des manifestants qui sont parfois dans la rue pour dénoncer les dérives du néolibéralisme, pour déplorer la délocalisation d’emploi, la marchandisation de tout et globalement l’absurde, selon eux, d’une économie bizarrement mondialisée qui fait perdre des emplois, des repères, du sens, des valeurs sociales… De bien jolies contradictions, en somme, pour remplir ses tiroirs-caisses tout en donnant l’impression d’être en phase avec l’air du temps, et qui bien sûr donnent envie d’ajouter un sujet d’indignation sur le cul de sa casserole."

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Et oui, plus ça change, plus c'est pareil. Je me rappelle ce lendemain de l'effondrement des Tours du World Trade Center à New-York, lorsque les premiers T-Shirts sont apparus avec avec une effigie des tours et cette inscription: "I WAS THERE". Navrant, navrant !

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Aussi bien continuer: aujourd'hui, mercredi 6 juin 2012,  la loi s'en prend à un PANDA.

Et le Devoir titre...

** Anarchopanda en cour

À visage découvert, Julien Villeneuve attaque la validité constitutionnelle du règlement antimasque de Montréal

Brian Myles   6 juin 2012  Justice
Julien Villeneuve, professeur de philosophie au collège de Maisonneuve, s’est présenté au palais de justice dans son célèbre costume d’Anarchopanda.
Photo : La Presse canadienne (photo) Graham Hughes "Julien Villeneuve, professeur de philosophie au collège de Maisonneuve, s’est présenté au palais de justice dans son célèbre costume d’Anarchopanda. Anarchopanda a perdu son anonymat hier pour devenir Julien Villeneuve, citoyen contestataire du règlement antimasque de la Ville de Montréal. Le professeur de philosophie au collège de Maisonneuve a fait durer le plaisir en se présentant au palais de justice dans son célèbre costume de panda, sous les acclamations de ses partisans et le regard admiratif des enfants." *
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* C'est désolant, ou plutôt, c'est intéressant, de voir qu'une personne, avec une initiative mi-comique, mi-tragique, et qui dénonce une situation politique incongrue (un gouvernement qui ne sait pas où mettre les pieds, et il les a gros), se voit traduit en justice parce qu'il porte une tête  nouvelle. Le professeur de philosophie - philosophe dans le concret lorsqu'il s'invente un personnage sympathique -,  essaie, je le vois comme ça, d'adoucir la dénonciation qu'il porte en lui; il porte un masque, cette tête, bien sûr - au sens de la loi -, mais une tête qui s'avère un coussin confortable au cas où une matraque passerait par là, non? En attendant, il réjouit-amuse les jeunes, et peut-être aussi tous les autres qui manifestent, et qui battent des casseroles (la casserole n'est pas un masque). Où cela mènera-t-il le panda ANARCHISTE? *** Ça continue. La loi 78 rafle tout ce qu'elle peut: Le Devoir titre...

** Khadir estime qu'il a accompli son devoir de parlementaire

La Presse canadienne   6 juin 2012 11h07  Québec
Le député Amir Khadir a été interpellé hier soir par le Service de police de Québec (SPVQ) pour avoir pris part à une manifestation illégale d’opposants à la hausse des droits de scolarité et à la loi spéciale (78).
Photo : La Presse canadienne (photo) Jacques Boissinot "Le député Amir Khadir a été interpellé hier soir par le Service de police de Québec (SPVQ) pour avoir pris part à une manifestation illégale d’opposants à la hausse des droits de scolarité et à la loi spéciale (78). Québec – Au lendemain de son arrestation pour avoir pris part à une manifestation illégale à Québec, le député Amir Khadir estime qu'il est du devoir d'un parlementaire de s'opposer à ce qui semble injuste, même s'il s'agit d'une loi. 
Hier soir, le député de Mercier s'est joint à une manifestation dans les rues de Québec. Ce rassemblement avait été déclaré illégal puisque les manifestants n'avaient pas donné leur itinéraire. Le cortège de casseroles se déroulait de manière pacifique, mais les participants ont été pris en souricière, menottés et amenés au poste de police où ils ont été avisés qu'ils recevraient chacun une contravention en vertu de l'article 500.1 du Code de la route pour avoir entravé la voie publique. Amir Khadir a mentionné qu'il n'y avait rien de plaisant ou de réjouissant à subir l'humiliation de se faire passer les menottes. Du même souffle, il s'est défendu d'avoir simplement accompagné son peuple, comme l'a fait Martin Luther King et Gandhi. Le député de Québec solidaire a reconnu qu'il avait posé un geste de désobéissance civile. Il ne s'en cache pas et ne ressent aucun regret, même s'il est membre de l'Assemblée nationale". *
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* Rien de plus normal. Il y a une loi. Le député enfreint la loi. Le député est arrêté. Mais, à distance, comme je trouve ça drôle. Je ne sais pas ce qu'en pensent les Québécois??? *
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* Curieuse nouvelle ce matin, 7 juin 2012, dans Le Devoir (pas si curieuse quand on y pense). J'ai envie de rire, ou de pleurer.

** Le PLQ craint les étudiants

Le parti de Jean Charest s’oppose à l’implantation de bureaux de scrutin dans les cégeps et les universités

Lisa-Marie Gervais   7 juin 2012  Éducation
Selon les représentants libéraux, le vote par correspondance doit plutôt être privilégié, car une étude a démontré qu’il permet de hausser le taux de participation de 10 %.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir "Le Parti libéral du Québec craint le vote des étudiants. À tel point qu’il s’oppose à l’implantation de bureaux de scrutin dans les cégeps et universités, tel que proposé par le Directeur général des élections (DGE) du Québec, a appris Le Devoir."  * *
* Le leader étudiant, Gabriel Nadeau-Dubois, prend la plume et écrit au journal Le Monde:

** Au Québec, "le pouvoir libéral de Jean Charest est usé"

Le Monde.fr | 07.06.2012 à 19h58. Par Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE

Vues de France: « ma CHRONOLOGIE et ma compréhension des événements au QUÉBEC »
Il écrit: "Lorsque le gouvernement de Jean Charest adopte sous bâillon parlementaire la loi spéciale 78 qui suspend les sessions universitaires et encadre sévèrement le droit de manifester. C'en était trop : la marmite saute. La colère accumulée contre le gouvernement Charest en plus de 10 ans se traduit enfin dans la rue. Par dizaines de milliers, des familles québécoises descendent spontanément dans les rues casseroles à la main, et plus seulement à Montréal. Depuis, le tintamarre se fait entendre chaque soir, à 20 heures dans toutes les villes du Québec." *
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* C'était prévu...

** F1: départ sur fond de crise

Les policiers étouffent dans l’oeuf les menaces de la CLAC

Marco Bélair-Cirino   8 juin 2012  Actualités en société
Arrestation d’un manifestant rue Notre-Dame angle des Seigneurs, près de l’endroit où se déroulait hier soir le bal du Grand Prix de F1 du Canada.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir "Arrestation d’un manifestant rue Notre-Dame angle des Seigneurs, près de l’endroit où se déroulait hier soir le bal du Grand Prix de F1 du Canada. Le coup d’envoi du week-end du Grand Prix du Canada à Montréal a été donné hier soir sur fond de crise sociale. Des centaines de manifestants opposés à la tenue du grand événement ont tenu en haleine les policiers, aussi très nombreux, durant toute la soirée. 

Peu après 18 h 45, les policiers ont repoussé protestataires, journalistes et amateurs de F1 qui s’étaient mêlés à la foule sans s’en rendre compte ou par curiosité. Des dizaines d’agents ont bloqué l’accès au site durant quelques minutes, invitant les visiteurs — ainsi que deux « pitounes de F1 », le nombril aux quatre vents appelées en renfort par leurs consoeurs mitraillées depuis de longues heures par des photographes amateurs — d’emprunter une autre entrée"

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* Le journal Le Monde ne désarme pas; des articles affluent de toutes parts pour essayer de faire comprendre la situation devenue embarrassante du gouvernement Charest face aux manifestations étudiantes. Pour faire le point avec Le Monde. *
* Le Québec (le Gouvernement libéral actuel) s'en prend maintenant, il s'agit d'une sorte de frustration, à ses artistes. Ainsi, Fred Pellerin, le conteur... se voit incriminé.

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** Le carré rouge de Fred Pellerin : «violence et intimidation», affirme la ministre de la Culture

Le conteur de Saint-Élie-de-Caxton refuse pour l’instant l’Ordre national du Québec

Jean-François Nadeau   9 juin 2012  Actualités culturelles
Comme plusieurs artistes, Fred Pellerin s’affiche avec le carré rouge, comme ici lors de la Journée de la Terre, le 22 avril dernier, avec Roy Dupuis.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir "Comme plusieurs artistes, Fred Pellerin s’affiche avec le carré rouge, comme ici lors de la Journée de la Terre, le 22 avril dernier, avec Roy Dupuis. Christine St-Pierre, la ministre de la Culture, regrette que Fred Pellerin ait refusé d’être fait chevalier de l’Ordre national du Québec. À cause de la crise sociale, le conteur-chanteur préfère pour l’instant s’abstenir de festoyer sa « nouvelle chevalerie ». Ne serait-ce que par délicatesse à l’égard de son peuple, explique-t-il.
Hier, la ministre St-Pierre (elle délire..., non?) estimait que Fred Pellerin « a le droit de porter le carré rouge, on est dans la liberté d’expression, mais nous, on sait ce que ça veut dire le carré rouge, ça veut dire l’intimidation, la violence, ça veut dire aussi le fait qu’on empêche des gens d’aller étudier ; pour nous, c’est ce que ça veut dire et pour une grande, grande, grande partie des Québécois, c’est ce que ça veut dire ». La ministre St-Pierre répondait ainsi à une question posée par Le Journal de Québec. Dans sa lettre adressée à l’Ordre, le conteur explique avoir été « viré à l’envers de fierté. […] J’en suis flatté, dans le sens du poil debout sur les bras. […] On allait me piquer à la veste un bout de brillance au nom du peuple québécois. Mon peuple », écrit-il. « Mais il se trouve, poursuit-il, que ce peuple à qui on me demande de faire honneur en tant que membre de l’Ordre se trouve présentement plongé dans une crise sociale d’ampleur. Je m’en voudrais de célébrer et de trinquer à l’honneur de ce peuple dans le contexte actuel, où même notre démocratie se fait secouer par la base. » Remerciant l’Ordre pour sa « comprenure », Fred Pellerin dit aussi qu’accepter la médaille de l’Ordre serait faire un « faux pas dans [s]a neuve chevalerie » et qu’il préférait finalement refuser l’honneur qu’on lui décernait. « Choix très difficile à faire, mais j’ai eu beau m’essayer l’idée du 7 juin dans tous les sens, je n’aurais pas été capable de me rendre au bout. » Soulignons que le chef d’orchestre Jacques Lacombe et la chanteuse Isabelle Boulay ont aussi, pour diverses raisons, laissé leur chaise vide, jeudi, lors de la cérémonie."
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* Des journalistes du Devoir, incognito, vérifient si "vraiment", on arrête les gens au "faciès", ou disons plutôt, au port du fameux "carré rouge". La réponse? Voir...

** Récit d'un petit voyage en métro avec un carré rouge

Catherine Lalonde , Raphaël Dallaire-Ferland   10 juin 2012 03h53  Actualités en société
La présence policière demeure par ailleurs imposante tant sur le site du circuit Gilles-Villeneuve que sur les lieux des festivités à Montréal et dans le métro.
Photo : La Presse canadienne (photo) Luca Bruno "La présence policière demeure par ailleurs imposante tant sur le site du circuit Gilles-Villeneuve que sur les lieux des festivités à Montréal et dans le métro. Depuis le début du Grand Prix du Canada à Montréal, des rumeurs couraient sur les réseaux sociaux. Contrôles d’identité dans le métro pour les porteurs de carrés rouges, fouilles, visites au poste pour ceux qui refusent de s’identifier. Ce samedi, deux journalistes du Devoir, incognito, carrés rouges à la poitrine, ont voulu vérifier ces allégations. Résultat?  Extrait: dans leur périple, il est 14h31: "Les journalistes coopèrent, retournant une question pour chacune qu’on leur pose. Pourquoi nous fouiller? «Parce que vous arborez un signe révolutionnaire», répond le matricule 5363, «pis parce que je suis tanné du monde comme vous.» N’est-ce pas du profilage? «On fait juste ça, du profilage criminel», poursuit le même agent. Le parc Jean-Drapeau n’est-il pas un lieu public ? «Aujourd’hui, c’est un lieu privé ouvert au public,» répond un autre. Pourquoi ne pourrions-nous pas en être? «Les organisateurs ne veulent pas de vous ici.» Le SPVM, aujourd’hui, répond donc aux besoins et désirs des organisateurs du Grand Prix ? «Tout à fait,» dira le matricule 5323, et le répétant même fièrement une deuxième fois". *
* Y a-t-il un rapport entre le mai 68 en France et le mouvement actuel de contestation au QUÉBEC? Pas sûr. Stéphane Baillargeon, au journal Le Devoir,  analyse... Mais je ne vois pas pourquoi l'on cherche  absolument à comparer ce mouvement à un autre. Comme si certaines personnes voudraient absolument revoir ce qui a été. Les étudiants d'aujourd'hui.... 1/ vivent autre chose, et surtout, une autre époque,  2/ leurs revendications, au départ si simples, refus de la hausse des frais de scolarité, enflent avec le temps, avec la répression policière, avec le mutisme, l'insolence et l'intolérance du gouvernement, avec l'appui de la population exécrée des abus et des frasques du pouvoir, et deviennent des revendications d'un "mouvement social" davantage que d'un "mouvement de grève étudiante". C'est simple, ils sont jeunes, ils sont dans une situation de travail (à venir) plus difficile qu'en mai 68 (trouver un travail à l'époque était d'une grande facilité), ils sont conservateurs (tellement d'acquis viennent de leurs parents: la révolution tranquille, avancées technologiques incroyables, vies individuelles si faciles puisqu'ils sont "rois", dit-on) mais, mais, voilà mais: ils sont socialement mis à nus, ils sont contraints de voir, de comprendre, de se solidariser, de connaître ce qui se passe autour d'eux (des moyens de communications sans précédents), et surtout, dans le MONDE (Irak, Iran, Europe, Chine, Brésil, Afghanistan, Syrie, et tous ces "printemps arabes", dont ils empruntent quasiment  le label "érable"). Je crois que la "différence" est là. Le MONDE frappe à leur porte; tous ne se voient pas si individualistes, tous ne se voient pas si conservateurs (même s'ils le sont tous) et un si grand nombre de personnes, au départ en dehors de ce mouvement, maintenant, partagent leurs objectifs ("élargis") qu'ils se sentent portés en avant vers quelque chose qu'ils ignorent (sans doute), mais qu'ils pressentent. ET c'est ça qui vaut le coup. On verra bien. Baillargeon titre:

** Crise étudiante - Mai 68, en gros

Quel est le rapport entre la France alors en révolte et le Québec maintenant en crise ?

Stéphane Baillargeon   9 juin 2012  Éducation
Des policiers, membres des CRS, manient la matraque rue Saint-Jacques à Paris lors des heurts entre les manifestants et les forces de l’ordre qui bouclaient le Quartier latin le 6 mai 1968, pendant les événements de Mai 68. Les manifestations, qui étaient interdites, ont pris un tour très violent durant l’après-midi pour se terminer, le soir, dans un climat d’émeute.
Photo : Agence France-Presse "Des policiers, membres des CRS, manient la matraque rue Saint-Jacques à Paris lors des heurts entre les manifestants et les forces de l’ordre qui bouclaient le Quartier latin le 6 mai 1968, pendant les événements de Mai 68. Les manifestations, qui étaient interdites, ont pris un tour très violent durant l’après-midi pour se terminer, le soir, dans un climat d’émeute. Les étudiants manifestent en surnombre. La rue joue à la révolution dans une atmosphère festive, avec des pointes de violence. Le gouvernement exsangue s’entête et cherche des sorties. L’ordre constitutionnel lui-même semble menacé, enfin, au moins un peu." *
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Des Français, intellectuels, politologues, artistes, médecins... (et autres) écrivent dans les journaux des textes relatives à la crise québécoise.

Leur point de vue apporte une vision sans doute peu différente de celle des intellectuels et autres critiques québécois, mais celle-ci diffère en ce sens qu'elle vient d'yeux extérieurs; le fait que cette crise québécoise trouve un écho à l'étranger montre qu'elle ne laisse pas indifférents ceux qu'un tel "mouvement social" touche. Et même si on compare cette crise à celle de mai 68 en France, chacun sait bien que l'on n'est pas dans le même contexte, que l'on ne veut pas changer les mêmes choses, que l'on ne veut pas briser les mêmes idoles, et, comme le dit un article cité plus bas, "on ne conteste pas les mêmes rites".)

Ainsi...

Alain Badiou éclaire sous un angle plus large le "conflit étudiant" au Québec. Il recommande d'avoir un "oeil" sur le Québec.

** Point chaud - L’enjeu philosophique mondial du conflit étudiant

« Ayons toujours un oeil sur le Québec », conseille Alain Badiou

François Gauvin   11 juin 2012  Éducation
Pour le philosophe Alain Badiou, l’histoire du Québec est marquée, encore aujourd’hui, par des phénomènes à la fois irréductiblement particuliers et ayant quand même un aspect novateur universel.
Photo : Agence France-Presse Patrick Hertzog "Pour le philosophe Alain Badiou, l’histoire du Québec est marquée, encore aujourd’hui, par des phénomènes à la fois irréductiblement particuliers et ayant quand même un aspect novateur universel".

Professeur et auteur. Alain Badiou est professeur émérite de l’Université Paris-VIII Saint-Denis et auteur entre autres de L’être et l’événement (Seuil, 1988), Logiques des mondes (Seuil, 2006), Circonstances, 4. De quoi Sarkozy est-il le nom ? (Nouvelles Éditions Lignes, 2007) et Circonstances, 6. Le réveil de l’Histoire (Nouvelles Éditions Lignes, 2007).

"Le Québec et sa crise actuelle pourraient-ils servir à mieux penser le monde ? Oui, assure Alain Badiou, ancien leader de Mai 68 qui ne renie pas son passé maoïste. Rencontre avec un des philosophes français les plus connus et controversés de l’heure". Il ajoute par ailleurs, lors d'une entrevue...: "Les élections? Sont-ce (ce sont) des pièges à cons?" *
* Cherche-t-on des mots clés pour résumer ce conflit étudiant? On peut lire François Ricard, essayiste, dans le Monde. Mais ces mots clés n'y arrivent pas, à résumer le conflit. Pas plus que de dire que le printemps "érable" n'a rien à voir avec le printemps "arabe", ou vice et versa. Voyez ces "mots" de Ricard. Que peut-on en dire, et retenir? Ces "mots" nous donnent-ils une image juste, une explication claire, des éléments de compréhension? Niet! "Ce conflit survient à un moment où le Québec est devenu une société ennuyeuse, dans laquelle il fait bon vivre, sans doute, mais que plus rien, aucun "projet", aucune cause commune ne mobilise. Faute d'adversaires, le combat national et linguistique s'est étiolé ; le désir d'émancipation collective a cédé aux charmes de la mondialisation et du bonheur individuel ; et la grande modernisation entreprise à l'époque de la "révolution tranquille" a soit tourné à la routine et à la défense de "droits acquis", soit pris le visage d'un néolibéralisme implacable qui veut tout soumettre, y compris le fonctionnement de l'Etat, à la logique des coûts et profits."

Mais qu'est-ce qu'ils peuvent, tous et toutes leurs analyses, en mettre des mots, et des mots, pour traduire cette réalité (le conflit) qui échappe à tous ces mots. Je reviens à cette idée première...

Nous sommes peut-être dans ce monde de Ray Bradbury, dans des « fictions d’idées ».

*
* Avant hier, 10 juin 2012, Libération publiait un article qui traite du Nouveau Monde que veulent implanter ces étudiants québécois, parlant d'une nouvelle génération qui entre en politique.

** Le nouveau monde et la crise des valeurs (extraits)

10 juin 2012 à 19:06

Par BARBARA CASSIN philosophe, EVELYNE SIRE-MARIN Magistrate, syndicaliste, ROLAND GORI Psychanalyste et professeur émérite de l’université, MARIE-JOSÉ DEL VOLGO Médecin, VINCENT DE GAULEJAC Sociologue

"Pour les plus anciens d’entre nous, l’insurrection étudiante au Québec réveille de bien vieux souvenirs. Comparaison n’est pas raison. Il n’empêche. Un sentiment trouble s’empare de nous, ravive une mémoire à fleur d’actualité, accroît l’espoir et éveille l’attention. Comme en Mai 68, c’est un événement en apparence mineur et bien localisé à la jeunesse étudiante qui déclenche les manifestations.  Et puis, là-bas comme ici, un traitement imbécile, purement administratif, technique et gestionnaire du symptôme, un manque total de lucidité politique... Hier, les slogans chantaient que le fond de l’air était rouge et que l’on ne saurait perdre sa vie en la gagnant. Aujourd’hui où l’on risque de la perdre sans la gagner, l’ethos n’est plus le même. C’est contre les valeurs d’un monde qui les traite en surnuméraires et en survivants que les représentants de la jeunesse se révoltent".

À leurs yeux (encore une fois des "français" se penchent sur ce mouvement-social-mal-être-québécois), une nouvelle génération est entrée en politique; et celle-ci "refuse un monde obsédé par la réussite individuelle, elle veut construire une fraternité nouvelle, un monde ouvert dans lequel chacun pourrait accéder aux savoirs et avoir sa place, un monde dans lequel l’ordre n’est pas assuré par la police, mais par le souci du bien commun". (à suivre) *

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