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Homosexualités, féminisme : maman, c’est toujours l’heure des luttes

Publié le 27 juin 2012 par Lecridupeuple @cridupeuple

C’est drôle cette histoire de Gay Pride. Nous y avons rendez-vous samedi. Pendant longtemps, je suis passé à côté. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi. Faut que je vous précise avant que vous ne preniez pour un vieux con d’hétéro réac. Ma maman (coucou, je pense à toi – je sais, je devrais t’appeler, milles excuses) est une féministe de toute éternité. Je crois même que mon premier souvenir militant est lié au féminisme : je l’accompagne tenir une permanence du planning familial à une époque (1974 ?) où elles sont animées par des bénévoles. Aujourd’hui encore, dans sa bibliothèque, on trouve l’intégrale, ou peu s’en faut, des Editions des femmes, pourtant disparues de longue date. Je pense qu’il y a un rapport entre cet engagement qui perdure, qui m’a marqué fondamentalement (la femme que j’aime se félicite bien souvent de cette ascendance et de son rôle sur ma petite personne), et mon rapport à l’homosexualité.

Allez-y pour les jeux d’imagination sexuelle, j’ai tourné ma phrase ainsi pour cela. Bon… ça y est ? On peut revenir aux choses sérieuses ? Merci. Non, non… Le plaisir était pour moi.

Homosexualités, féminisme : maman, c’est toujours l’heure des luttes

Bon… Je disais donc que je vois un rapport très net entre le féminisme de ma maman, la manière dont moi aussi il m’a marqué et le rapport à la différence d’orientation sexuelle. J’ai eu la chance, je le mesure aujourd’hui, de grandir dans un milieu que je vais résumer ainsi : comme mes copains du quartier, on bouffait toujours un peu la même chose : riz, pâtes, patates ; mais, pour les livres, j’avais la chance de n’avoir qu’à tendre la main. Donc, un milieu ouvert intellectuellement parlant. Mes parents ont même tenu la première librairie de bande-dessinées à Albi, rue Sainte-Cécile puis rue Toulouse-Lautrec. Du coup, ma famille côtoyait des gens qui lui ressemblaient : un peu bohèmes, un peu artistes, pas mal cultivés. Il se trouve que, dans le lot, j’ai envie de dire forcément, il y avait des homos.

Du coup, dès tout gosse, des homos j’en ai vus plein. Et ça m’est resté comme ce que cela doit être : un truc tout à fait normal. Grosso modo, moi j’avais quoi ? Dix onze ans ? Les gens étaient gentils avec moi, me prenaient un tantinet au sérieux. Je ne voyais pas ce qu’il y avait de mal à ce que deux hommes s’embrassent. Un tout petit peu plus tard, je me suis rendu compte que mon meilleur copain de l’époque, Sébastien, préférait les garçons. Bon… Ben, c’était mon meilleur copain. On s’est perdus de vue, mais ça n’a aucun rapport avec sa sexualité.

Homosexualités, féminisme : maman, c’est toujours l’heure des luttes

ou “quand je veux”, “si je veux” et “avec qui je veux”

Tout ça pour dire que l’homosexualité, comme le partage des tâches et l’égalité des droits entre hommes et femmes, m’a toujours paru naturelle. Du coup, je ne voyais pas pourquoi il fallait combattre pour des choses qui me semblaient relever de la norme. La Gay pride, c’était comme les commissions féministes, des trucs qui n’avaient plus lieu d’être. Jusqu’au jour où j’ai compris le problème. Ma norme n’est pas la règle générale. Et aujourd’hui encore, hommes et femmes, ensemble, doivent lutter pour une vraie égalité des sexes. Et aujourd’hui encore, hommes, femmes et trans sont obligés de se battre pour l’égalité des droits. C’est vraiment trop nul que ma norme ne soit pas celle de tout le monde. Et je vous engage, gentiment, à agréer à mon propos. C’est gentil.

Je suis convaincu qu’il y a une convergence de luttes entre féministes et LGBT. A la fin, il ne s’agit que d’une chose : quels que soient notre sexualité ou notre genre, nous avons les mêmes droits. Et les mêmes devoirs (en république c’est important). C’est aussi une question de rapport à la différence dans une société patriarcale parce que capitaliste, j’insiste sur le lien de causalité ; patriarcale parce que basée sur le rapport de pouvoir. Comme toute société bâtie sur une idéologie, elle a vocation d’universalisme. Le patriarcat n’est qu’une des armes de la domination mais elle exige d’être le référent unique. Si la différence de genres ou la différence de sexualité vient proposer un contre-exemple, elle doit être combattue. Ce n’est pas tout à fait un hasard si les féministes et les militants gay sont de concertles premières victimes de tous les intégristes religieux comme, par exemple, du pouvoir machiste à l’œuvre en Russie.

Homosexualités, féminisme : maman, c’est toujours l’heure des luttes

C’est aussi une question de rapport à son corps au final. Dans la société capitaliste, et donc patriarcale, le corps constitue un outil qui a un rôle particulier à jouer. Pas uniquement pour faire tourner l’appareil de production pour agrandir la richesse des possédants. Le corps de l’homme et de la femme ont pour rôle de reproduire la force de travail au travers des générations à venir ! Donc si, au nom du droit de la femme et de l’homme à disposer de son propre corps, la fonction reproductrice n’est plus mise en œuvre, y a crise. Heureusement, pendant quelques siècles, les religions monothéistes ont mis tout leur poids dans la balance pour prévenir les entorses à la règle.

Aujourd’hui, certes, Dieu est mort. Mais ses suppôts sont encore bien alertes partout dans le monde. Et, finalement, la Gay pride, au même titre que le combat féministe, ont encore de beaux jours devant eux. Malheureusement. Ma norme est pourtant sympa non ?

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Bonus vidéo : Pussy Riot “жжет путинский гламур

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