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Syrie : Guerre des communiqués entre Washington et Moscou

Par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé mercredi la position des Etats-Unis à l'égard de l'opposition syrienne comme étant une "justification du terrorisme", accusant Washington de ne pas avoir condamné l'attentat du 18 juillet à Damas.

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"C'est une position assez horrible", a déclaré M. Lavrov en évoquant cet attentat qui a tué plusieurs hauts responsables syriens.

"Je n'arrive même pas à trouver les mots pour formuler notre position à ce sujet. C'est une justification directe du terrorisme", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Le chef de la diplomatie russe a critiqué l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, affirmant qu'elle avait déclaré après l'attentat que le Conseil de sécurité de l'ONU devait voter une résolution menaçant Damas de sanctions.

"En d'autres termes, cela signifie que +nous+ (les Etats-Unis) allons continuer de soutenir de tels actes terroristes aussi longtemps que le Conseil de sécurité ne fera pas ce que nous voulons", a expliqué M. Lavrov.


Trois responsables directement impliqués dans la répression de la révolte en Syrie, parmi lesquels le beau-frère du président Bachar al-Assad, ont été tués dans l'attentat mercredi dernier. Le chef de la Sécurité nationale a succombé vendredi à ses blessures.

Le département d'Etat américain n'avait pas explicitement condamné cette attaque.

Un porte-parole, Patrick Ventrell, avait déclaré le 19 juillet que "les Etats-Unis ne voulaient pas davantage d'effusion de sang en Syrie, mais que ces hommes (tués) étaient les principaux architectes de l'agression du régime d'Assad contre le peuple syrien".

Mais mercredi, la porte-parole en titre de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a affirmé que le "jour de l'attentat, nous avions exprimé très clairement notre condamnation de toutes les formes de violence en Syrie".

"Nous ne fermons les yeux sur aucune forme de violence, nous avions alors condamné l'attentat. Mais je note que ce ne sont pas des civils qui ont perdu la vie mais les organisateurs de la campagne militaire d'Assad", a-t-elle justifié.

La Russie a par ailleurs condamné les nouvelles sanctions imposées lundi par l'Union européenne contre la Syrie, le qualifiant de "blocus".

Ces mesures comprennent de nouveaux gels d'avoirs et l'obligation de contrôle des navires et aéronefs soupçonnés de transporter des armes à destination du régime.

"De fait, les mesures prises par l'UE peuvent être considérées comme un blocus aérien et maritime", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.

Moscou a répété son hostilité aux sanctions unilatérales "contre-productives", qui "ne contribuent pas à normaliser la situation en Syrie et ne correspondent ni à la lettre ni à l'esprit du plan de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan".

La Russie, partenaire de longue date du régime syrien, a bloqué jeudi dernier, pour la troisième fois et aux côtés de la Chine, une résolution occidentale au Conseil de sécurité de l'ONU menaçant Damas de sanctions.

Moscou a semblé prendre ses distances ces dernières semaines avec le régime de Bachar al-Assad, sans pour autant infléchir son opposition de principe à toute ingérence dans une crise qu'elle juge "intérieure".

La Russie affirme défendre le respect du droit international. Lundi, le président Vladimir Poutine a mis en garde contre une guerre civile de longue durée en Syrie si le président Assad était démis de ses fonctions de manière "inconstitutionnelle".


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