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Quand les amis passent, les bouteilles trépassent...

Par Eric Bernardin

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Il y a une bonne semaine, j'ai été visité à plusieurs reprises. Non par la vierge (Lourdes est loin) mais par des amis. Du coup, les bouteilles qui reposent tranquillement dans la cave connaissent l'angoisse de la dernière heure. Vont-elles survivre au week-end ?

Dieu merci, la majorité a été épargnée (j'suis pas un monstre...). D'autres ne peuvent en dire autant. 

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Ainsi, ma dernière bouteille d'Enira 2007 (vin bulgare de Stephan von Neipperg) a été sacrifiée pour la bonne cause. Perso, j'adore ce mélange atypique de cépages bordelais et de syrah, tonifié par le petit verdot. Des tannins ultra-civilisés matinés d'une grande fraîcheur épicée. C'est apparemment cette fraîcheur qui a quelque peu dérangé Fabien. Il appelle cela de l'acidité. Tssss, quelle idée...

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Mort aussi au champ d'honneur le Savennières le Bel ouvrage 2006 de Damien Laureau. Un peu entre deux âges, entre vigueur juvénile et maturité resplendissante. Une aromatique évoquant presque un beau Layon, sur le coing confit, la pomme tapée et la thérébentine. Et une bouche ample et tonique, à la matière généreuse, mais pas lourde pour un sou. Ma dernière bouteille aussi, sniff... Mais je suis heureux de l'avoir ouverte, car on avait conseillé il y a peu à l'ami Didier de déguster cette cuvée. C'est chose faite ;-)

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Dans la même rafale, Andrea (née en 2005 à Monbazillac) a elle aussi succombé. A l'ouverture, le bois dans laquelle elle avait été élevée dominait. Le lendemain, elle était radieuse, un hymne à la rondeur. Un peu comme cette pub Dove, quoi :

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Son aromatique avait beaucoup évolué, entre pêche blanche, cire d'abeille et truffe. Elle commençait à me rappeler sont aînée de 2002, que j'avais adorée quelques années plus tôt.

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Avec un plat bien d'cheu nous (un tournedos de canard), j'avais sacrifié l'un des fleurons des vins du Sud-Ouest en l'honneur de Didier, grand amateur de Madiran : La Tyre 2001 d'Alain Brumont. Une vin d'une grande austérité que la carafe a quelque peu déridé, avec une matière très dense qui ne faisait pas son âge. Le nez oscillait entre les fruits noirs (cassis, sureau), l'encre et la résine. Mais en bouche, ça restait assez monobloc. D'après Didier, le 2000 goûté il y a peu avait plus de charme (alors que l'année est nettement moins réputée dans la région. A attendre encore ?)

Comme on l'avait achevée avant le fromage, j'ai débouché un Clos Basté 2004. Un vin plus facile d'approche, plus rond et gourmand, même si la finale virile rappelle toutefois son origine madiranaise. 

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Avec une tarte glacée au citron revisitée, une fois n'est pas coutume, j'ai sorti un vin allemand : un Riesling Kabinett Erdener Treppchen 2009 de J. Christoffel. Un hymne à l'agrume, entre zeste de citron et de combava, avec une touche d'hydrocarbure. Une bouche fraîche, élancée, légèrement perlante, à la finale douce, équilibrée par une amertume très "écorce de pamplemousse".

D'autres décès survenus dans le week-end : un Impertinent rouge  2010 des Estanilles – d'une grande gourmandise – , un chenin Sud-africain, Kama des Vins d'Orrance,  absolument génial au bout de 48 heures de carafe ! Un Silène des Peyrals 2001, un peu en fin de course, un Alsace 2010 de Deiss (assemblage de 13 cépages), atypique mais très gourmand... Bref, on chôme pas le week-end à Brive...

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C'est un vrai cimetière, chez toi ! Et tu officies avec beaucoup de goût ! Un Savennières, mâtin ! tu ne t'embêtes pas ....


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