Melissa Auf Der Maur Out Of Our Minds (Roadrunner records 2010)
Article rédigé pour les amis de Métal Chroniques.
C’est ça de ne pas tenir un blog musical proprement dit. J’ai tout loisir d’écrire sur qui je veux, quand je veux.
Ou de publier des articles froids écrits pour d’autres. En vrai, j’ai un faible pour le rock féminin en général
et pour Melissa Auf Der Maur en particulier.
Je vous ai déjà fait partager l’interview que j’ai réalisée d’elle. Voici donc la chronique de l’album Out Of Our Minds,
son dernier opus en date.
Sortir de son esprit, pour aller au cœur, voici l’objectif que se fixe Melissa Auf Der Maur avec ce deuxième album après un brillant opus éponyme paru en 2004. Pourtant, paradoxe apparent, cette livraison sonne bien moins directe, musicalement, beaucoup plus travaillée, « atmosphérique » selon ses propres dires. Il va falloir s’y faire. Melissa est sortie du business pour développer un projet très personnel et ambitieux, décliné sous forme de disque, de court métrage (28 minutes tout de même), de bande dessinée et de site. L’un répondant autant qu’il complète les autres. Quand on vous dit que tout cela est travaillé, c’est qu’il y a une raison. Pour l’heure, tenons-nous en à la partie musicale, si tant est que c’est possible, le reste sera développé dans une interview à venir de Melissa.
Bassiste émérite, déjà remarquée en tant que songwriter chez les filles de Hole, la grande rousse se découvre au fil de ses deux productions personnelles comme un personnage des plus complexes, assumant parfaitement la part schizophrène qui habite chaque artiste indépendant : d’une part les pieds sur terre, d’autre part un esprit qui vole haut dans l’éther des rêves. Lorsqu’elle parle de sa musique, la Dame convoque aussi bien Man Ray et les surréalistes français que les sorcières de Salem. Et elle nous parle de cultures très anciennes (le très émotionnel Isis Speaks), de celles qui rassemblent les gens plutôt que de les opposer.
Et la musique dans tout ça ? En lien avec son temps, Melissa livre une production assez sombre, reflet de ses propres interrogations autant que de son existence assez bouleversée. L’on peut aisément imaginer que le morceau introductif, l’angoissant The Hunt, illustre une chasse aux sorcières, dont il n’est guère compliqué d’imaginer qu’elle a été la victime… Elle a audiblement survécu et célèbre cette victoire obtenue à l’aide de vikings (dont on se doute désormais qu’ils furent les premiers Européens à découvrir l’Amérique du Nord), incarnés ici par des invités brillants issus de groupes cultes de la scène indie, tels que Nine Inch Nails ou Helmet… Manière aussi pour Melissa d’assumer ses racines musicales.
Viking donc, et maîtresse des mers, Melissa parle aux éléments sur Follow The Map pour les dompter, calmer leur tension épique pour guider l’auditeur au-delà des vagues de guitares qui déferlent par à-coups brutaux parfois, tourmentés souvent, émouvants toujours jusque dans leurs passages les plus calmes. Ceux qui augurent d’une tempête à venir (22 Below).
Les atmosphères évoluent ainsi, au fil d’une sorte de sabbat dont la Reine arbore chevelure de feu, reprenant des mélopées chantées depuis des millénaires (1 000 years, définitif et excellent). Les forêts qui saignent abritent les réprouvés réunis pour une dernière danse autour de la tombe du père. La messe est dite. Cet album remue les tripes autant qu’il sollicite l’âme. Et nous serons qui la suivrons jusqu’au bout.
Tracklisting :
1. The Hunt
2. Out Of Our Minds
3. Isis Speaks
4. Lead Horse
5. Follow The Map
6. 22 Below
7. Meet Me On The Dark Side
8. This Would Be Paradise
9. Father’s Grave
10. The Key
11. The One
12. 1 000 Years
Le site officiel de Melissa Auf Der Maur
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Bonus vidéo : Melissa Auf Der Maur “Meet Me On The Dark Side”