Originaire de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, la folkeuse Flip Grater vient de publier en France son troisième album, "While I'm Awake I'm at war", somptueux opus empreint d'une mélancolie qui a déjà fait sa réputation aux antipodes. Installée six mois de l'année à Paris, et le reste du temps dans son pays, la chanteuse aussi auteure à ses heures, raconte sa vie à Paris dans un ouvrage à paraître en 2013.
La France représente, à proprement parler, le bout du monde pour les artistes néo-zélandais et peu sont ceux qui parviennent à s'y faire un nom. Je pense notamment à Bic Runga, qui s'était installée à Paris il y a quelques années, mais dont la percée ne fut que relative. A quoi est-ce dû selon vous ?
Je crois que pour tout artiste, il est devenu difficile de percer peu importe où l'on se trouve. La France a la réputation d'être un pays relativement fermé au reste du monde, et c'est sans doute ce qui le rend si attirant. Il faut savoir faire preuve de patience, le courtiser comme un amant inaccessible… Ce que je dis est peut-être encore plus vrai en ce qui concerne Paris, qui aime toujours un peu se faire désirer. Ceci la rend encore plus intrigante et désirable à mes yeux. Mais tout dépend de ce que l'on attend : je ne suis pas venue en France avec l'idée d'y faire un carton. Mon objectif premier était d'y vivre et, ensuite, pourquoi pas, d'y présenter ma musique.
Puisque la France est aux antipodes de la Nouvelle-Zélande, il n'existe aucun endroit sur Terre où vous seriez plus loin de chez vous. Est-ce que cette distance géographique s'avère un handicap supplémentaire pour percer ?
Sans aucun doute. Mais une fois qu'on a fait le voyage, on se rend compte à quel point le monde est devenu un village. Il est aujourd'hui possible d'aller vivre là où on veut être sans pour autant oublier ses racines. C'est l'un des grands avantages du monde actuel. Les différences culturelles sont évidentes entre nos deux pays, mais je vois aussi beaucoup de similarités.
La chanson "Careful", premier extrait du troisième album de Flip Grater :
La langue n'est pas un trop gros obstacle ?
C'est sûr que ça n'a pas été facile. En arrivant, je ne parlais pas un mot de français. Je prends des cours depuis trois mois et ça n'est pas évident. Heureusement, pas mal de gens parlent anglais à Paris, ce qui me permet parfois de sortir de situations délicates.
Vous connaissez sans doute Graeme Allwright, le Néo-Zélandais probablement le plus connu en France. Lui a fait le choix de chanter en français…
C'est quelque chose que j'aimerais peut-être essayer un jour, mais nous n'en sommes pas encore là (rires).
Paris occupe une position assez centrale en Europe, d'un point de vue géographique. Est-ce l'une des raisons qui vous ont décidée à vous y installer ?
C'est vrai que c'est un atout, d'autant que je tourne beaucoup en Allemagne, en Italie ou au Portugal… Il y avait aussi le fait que ma manager, qui est française, était basée à Paris. Mais celle-ci a déménagé à San Francisco la semaine de mon installation en France. Tout compte fait, je pense que le choix de m'installer à Paris tient davantage au fait que j'en rêvais depuis toujours.
On vous sait fin gourmet et passionnée d'œnologie… Ceci explique-t-il cela ?
Absolument ! Le choix des vins est ici vraiment incroyable. Côté alimentation, je suis végétarienne depuis une quinzaine d'années et beaucoup de gens imaginent parfois assez mal qu'un gourmet puisse être végétarien. Ce n'est pas mon avis. J'ai toujours été passionnée par la nourriture, et ce n'est sûrement pas parce que je ne mange pas de viande que cela va changer. Partout où je voyage, je suis fascinée par les relations entre les aliments et culture, et notamment entre la cuisine et la musique. Dans tous les pays que je visite, je m'efforce de m'en imbiber pour pouvoir partager mon expérience par la suite.
C'est justement le concept du "Cookbook tour", qui a été fort bien accueilli chez vous, et qui avait été publié peu après la sortie de votre premier album "Cage for a song", en 2007.
Alors que je m'apprêtais à faire la promotion de cet album en Nouvelle-Zélande, j'ai voulu proposer quelque chose d'un peu original. Il m'est venu l'idée de collecter des recettes des gens que je rencontrerais durant la tournée. Chez moi, ça a toujours été une sorte de hobby de toute façon. Au final, le concept alliait performances vidéo, journal de bord et livre de recettes collectées pendant la tournée. Il a été tellement bien accueilli que j'ai décidé d'en réaliser une série. Le second volume s'intitule "Cookbook Tour Europe" et rassemble des recettes collectées dans huit pays européens au cours de mes tournées.
Qui sont les gens qui vous fournissent des recettes ?
Mon public, le plus souvent. Le sujet de l'alimentation est toujours une excellente base de discussion. J'apprends beaucoup sur les gens au travers de ce qu'ils me disent sur leurs habitudes alimentaires. C'est une fenêtre sur la culture d'un pays.
Et quel type de cuisine préférez-vous ?
En Nouvelle-Zélande, nous ne sommes pas très loin de l'Asie, et les cuisines asiatiques y sont très appréciées. Personnellement, je prépare beaucoup de plats thaï ou vietnamiens, mais j'aime aussi énormément la cuisine méditerranéenne. J'ai de très bonnes recettes du Sud de la France ou de l'Italie…
Et côté vins ?
J'adore le bon vin. Jusqu'ici, je connaissais surtout les vins italiens, et je vais de découverte en découverte depuis que je parcours l'Europe. J'ai encore énormément à apprendre. En Nouvelle-Zélande, nous avons quelques bons vins, mais la variété des cépages est très limitée. Au gré de mes voyages, je ne cesse de découvrir l'immensité de ce champ d'investigation. Et l'importance des terroirs, car un chardonnay néo-zélandais n'est en rien semblable à un chardonnay français.
Vous profitez de vos tournées, paraît-il, pour aller visiter les caves de viticulteurs. J'ai même lu que vous aviez donné un concert dans un château du fin fond du Médoc…
Tout à fait, c'était il y a quelques années. Partout où je passe, j'essaie de rendre visite aux producteurs locaux. L'an passé, j'étais dans le Val de Loire. Ces temps derniers, divers projets m'ont un peu retenue à Paris, mais je compte bien, dès que l'opportunité se présentera, continuer mes explorations.
Quel regard portez-vous sur les évolutions de l'industrie alimentaire dans le monde ?
C'est une époque compliquée. Nous devons tous faire des choix difficiles chaque jour sur ce que nous mangeons. Il faut déterminer où sont nos priorités. A chaque fois, je me pose la même question : suis-je bien certaine de vouloir ingurgiter cet aliment ou cette boisson ? Tout est question de priorités : est-ce qu'il est plus important pour moi de manger sain, local, équitable, bio ou végétarien ? Nous vivons à une époque où tant de questions autour de l'alimentation se télescopent.
Est-ce que Paris est à la hauteur de vos attentes en ce domaine ?
Je m'intéresse beaucoup aux producteurs bio, sans doute parce que c'est l'activité de mon père, qui est installé dans l'île Sud de la Nouvelle-Zélande, dans la région de Canterbury. Et à ce titre, Paris est un endroit vraiment formidable : il y a tant d'enseignes bio, de restaurants bio ou végétariens. Et puis j'adore faire les marchés : c'est sans doute l'endroit au monde où je me sens la plus heureuse. J'aime beaucoup y déambuler pour partir à la découverte de nouvelles saveurs, à l'instar de certains légumes anciens. Des produits que l'on ne trouve pas toujours en Nouvelle-Zélande.
Cela fera-t-il partie de votre prochain livre ?
L'ouvrage sur lequel je travaille actuellement est radicalement différent du "Cookbook Tour". Il s'agit davantage du journal de bord d'une Néo-Zélandaise à Paris. On y trouve bien sûr le récit de mes expériences musicales ou culinaires, mais j'y relate aussi les péripéties de ma vie parisienne au quotidien. Jusqu'ici, l'expérience s'est avérée à la fois difficile et enthousiasmante. J'espère que le résultat en sera à la hauteur. Le livre devrait être publié début 2013.
La vidéo de "I am gone", chanson du troisième album :
Quelle est votre premier souvenir musical ?
J'ai grandi au sein d'une famille catholique et mes premiers souvenirs musicaux se rapportent à mon expérience du chant choral à l'église. J'ai toujours eu un peu de mal car j'ai une voix assez grave qui n'allait pas toujours très bien avec le registre de certains chants. J'ai donc longtemps eu l'impression que je n'étais pas faite pour le chant parce que je n'atteignais pas les notes les plus hautes. C'est la découverte du folk, à l'âge de 10 ou 11 ans, qui m'a fait prendre conscience de mes possibilités. Mon père s'était mis à l'époque à jouer de la guitare et chantait Bob Dylan ou Tracy Chapman entre autres. C'est là que j'ai réalisé qu'il existait des chansons qui convenaient mieux à mon timbre de voix.
Et quand avez-vous écrit votre première chanson ?
C'est à force de faire des reprises que j'ai eu, moi-même, le désir de composer. J'ai écrit quelques chansons durant mon adolescence, mais elles n'étaient pas très bonnes, il faut bien l'admettre. (rires) C'est une peine de coeur, à l'âge de 20 ans, qui fut le véritable déclic. Je venais de passer une année entière en Suède, et j'ai très mal vécu la fin de ma relation avec mon premier amour, un Suédois. A mon retour en Nouvelle-Zélande, j'étais totalement dévastée, et je me suis mise à composer. C'est vraiment là que tout a commencé pour moi.
Bien que la Nouvelle-Zélande soit relativement peu peuplée, la création artistique y est particulièrement développée. La scène musicale n'est pas en reste, avec une diversité particulièrement exceptionnelle. A quoi l'attribuez-vous ?
Nous sommes un pays jeune et donc porté sur l'expérimentation. La diversité culturelle de notre population est sans doute le principal facteur de cette diversité créative. Du fait de notre relatif isolement, de notre jeunesse et de l'absence de racines profondes, nous hésitons sans doute moins que d'autres à tenter de nouvelles choses, à prendre des risques. Je crois aussi que les artistes subissent moins de pression médiatique, ce qui a sans doute pour effet de moins les brider au final. Ils se sentent libres et n'hésitent pas à explorer de nouvelles pistes, à se montrer plus créatifs.
Quels musiciens néo-zélandais ont bercé votre enfance ?
J'étais attirée par tous les artistes s'accompagnant d'une guitare acoustique, à l'instar de Bic Runga, qui est sans doute l'artiste néo-zélandaise que j'ai le plus écoutée, avec Anika Moa, qui est devenue une amie. Ça fait toujours drôle de devenir l'amie d'une personne qui était pour moi une sorte de modèle lorsque j'étais plus jeune.
Vous faites partie des nombreux musiciens néo-zélandais participant au collectif Fly My Pretties. Mais votre participation est assez récente…
Absolument. La composition du collectif évolue au fil des époques. Il s'agit de sa quatrième incarnation. Pour ma part, j'ai joint le mouvement l'an dernier à l'invitation de Barnaby Weir (chanteur et guitariste de la formation néo-zélandaise The Black Seeds, ndlr). J'étais à Paris pour quelques mois à l'été 2011 lorsqu'il m'a demandé si j'étais intéressée de me joindre au collectif. J'ai tout de suite dit oui car j'étais déjà très fan du concept. Le timing était parfait car j'avais prévu de rentrer en Nouvelle-Zélande en octobre, pour promouvoir mon livre. Nous avons répété dans la foulée, et une série de six concerts a suivi avec les Fly My Pretties. Ce fut une expérience vraiment extraordinaire, le public étant particulièrement enthousiaste.
"I am gone", version interprétée par le collectif Fly My Pretties en Nouvelle-Zélande :
On parle souvent des rapports incestueux entre groupes néo-zélandais, les musiciens faisant souvent partie de plusieurs ensembles en simultané… Est-ce que ce fut votre cas ?
Oui, c'est inévitable, et je crois que c'est une chance énorme car c'est au contact des autres qu'on évolue car on explore différents styles par ce biais. Cet esprit de communauté est très important, à mon sens, pour favoriser la créativité. Mais en ce qui me concerne, comme j'ai commencé relativement tard, et aussi peut-être parce que je suis très indépendante, je n'ai sans doute pas fait partie d'autant de groupes que certains de mes amis… Avant d'évoluer en solo, j'ai quand même intégré le groupe Bannerman en tant que guitariste. J'étais d'autant plus enthousiaste qu'ils m'ont proposé de jouer de la guitare électrique, ce que j'avais peu fait jusque là. Pour le reste, j'ai surtout accumulé les collaborations avec différents musiciens, pour la scène ou l'écriture.
Vous composez vos morceaux à la guitare ?
Oui, je ne suis pas très bonne pianiste. Ma relation avec ma guitare est très forte. Il est vrai que je tourne souvent seule, ce que j'adore. Il m'arrive aussi de jouer avec un groupe, mais je suis le plus souvent seule, ce qui renforce encore cet attachement particulier à l'instrument. Inutile de vous dire à quel point j'étais dévastée lorsque ma guitare a été volée le jour de mon arrivée à Paris.
C'est vraiment pas de chance ! Et j'ai appris qu'on vous avait aussi volé votre portable, plus récemment…
Une série d'infortunes, en effet. Mais je me dis que les choses ne peuvent aller que mieux après tout ça…
Votre premier album solo, "Cage for a song", est sorti en 2006. Vous sentiez que le temps était venu pour vous… ?
J'avais toujours rêvé d'avoir mon propre label, ce qui correspond bien à mes velléités d'indépendance. Je souhaite être en contrôle de mon destin. Même si je suis une créative, j'aime aussi gérer mes propres affaires, c'est pourquoi j'ai créé l'étiquette Maiden Records, sur laquelle est sorti ce premier album.
L'une des chansons de cet album a été sélectionnée par les producteurs de la série télé américaine Brothers and Sisters, pour l'épisode final de la première saison. Est-ce que cela vous a aidé ?
Ça, c'est sûr; ça a payé mon loyer pendant environ six mois (rires). Qui plus est, cela m'a fait connaître un peu plus dans le monde entier, et notamment aux Etats-Unis, où je n'ai jamais tourné.
Vous avez fait beaucoup de scènes pour promouvoir ce premier album. C'est quelque chose que vous aimez ?
C'est ce que je préfère ! C'est mon deuxième chez-moi ! Etre en tournée me permet de voyager et de faire sans arrêt de nouvelles rencontres.
Et vous n'arrêtez pas beaucoup de tourner, c'est le moins que l'on puisse dire. Récemment, vous étiez encore au Portugal, ou en Allemagne, où la scène folk est très dynamique…
Absolument ! Je suis déjà allée trois fois en Allemagne en deux ans et ça s'est toujours très bien passé. Le public y est très accueillant et les salles vraiment sympa. L'an dernier, je m'y suis rendue avec les groupes français Aaron, et Cocoon, l'année précédente, ce qui m'a donné l'occasion de jouer dans des salles plus grandes que celles où je me produis lorsque je suis seule ou en duo. Et c'était plutôt sympa de me retrouver en Allemagne avec des Français.
Comment vous êtes-vous entendus avec les membres de Cocoon ?
C'était génial. Ils ont vraiment tout fait pour que je me sente à l'aise. Ce fut vraiment une chouette tournée.
Est-ce que cela pourrait donner lieu à une collaboration ?
Je l'espère. J'ai déjà travaillé certains textes avec Mark (Daumail, chanteur de Cocoon, ndlr), qui a un formidable sens poétique. Je sais qu'il travaille sur un projet en ce moment, mais pourquoi pas après. J'aimerais beaucoup ça.
Votre deuxième album, "Be All And End All", sorti en 2008, a été largement salué par les critiques. Avez-vous été surprise de la relative soudaineté de votre succès ?
Vu de mon côté, je n'ai pas eu le sentiment d'une percée éclair. Le bon côté d'être une artiste indépendante, c'est qu'on observe toutes les étapes d'un projet. On se rend compte que ce qui arrive est rarement accidentel. J'ai énormément travaillé pour ce deuxième album et c'est vrai qu'il a été plutôt bien accueilli. Cela fait toujours plaisir.
La chanson "This road leads home", extraite du deuxième album :
Où a-t-il été enregistré ?
Au studio "The Lab", à Auckland, qui appartient à un ami. Nous avons eu beaucoup de plaisir à l'enregistrer. J'étais entourée de super musiciens et l'ambiance était vraiment cool. C'est moi qui préparais à manger pour toute l'équipe ! De bons petits plats végétariens ! On n'avait vraiment pas l'impression de bosser.
Les chansons de votre troisième album "While I'm awake I'm at war", qui est sorti en France le 3 septembre chez Vicious Circle, sont empreintes de mélancolie. Cette écriture sensible, qui est votre marque de fabrique, reflète-t-elle la personne que vous êtes dans la vie ?
Je crois que mon écriture reflète un aspect de ma personnalité. Nous sommes tous des êtres complexes. Des personnes qui me connaissent s'étonnent parfois que ma musique soit aussi triste, alors que je suis plutôt de nature gaie et enjouée. La mélancolie n'est qu'une facette de ma personnalité, mais c'est de là que provient ma musique. Je suis persuadée d'ailleurs que la musique est pour moi une forme d'exutoire. Sans elle, je serais sans doute une personne beaucoup plus triste. Le chant me rend toujours heureuse.
Pouvez-vous nous dire deux mots sur votre chanson "Careful", qui est le premier single de cet album. Décrit-elle la personne sensible que vous êtes ?
Cette chanson aborde le thème de la vulnérabilité en général. Nous avons tous nos talons d'Achille, et je n'échappe pas à la règle. On peut être fort dans sa tête et tout en même temps être vulnérable.
Votre musique est parfois qualifiée d'éloge de la lenteur. Cherchez-vous à ralentir la marche d'un monde qui va parfois un peu trop vite ?
(Rires) Si ce pouvait être l'effet de ma musique, alors j'en serais très heureuse. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne s'agit pas d'une décision consciente. Mon premier album était sans doute le plus rock de tous. Cela correspondait à une époque où j'aimais jouer de la guitare de cette façon. A présent, je préfère jouer plus doucement, et plus lentement aussi. En ce moment, je suis déjà en train de composer les chansons de mon prochain album, le quatrième, que nous enregistrons ce mois-ci à Paris, et ce que je puis dire, c'est que mon style a encore évolué. Donc, il faudra s'attendre à quelques surprises.
La chanson "While I'm awake I'm at war", extraite de l'album éponyme :
En Nouvelle-Zélande, votre troisième album est sorti il y a déjà deux ans et sort seulement ces jours-ci en France. Vous allez devoir faire la promotion de cet album alors que vous êtes déjà en train d'enregistrer le suivant, qui aborde un autre univers. N'est-ce pas un peu frustrant ?
C'est sûr que c'est étrange. Cela est lié au fait que je travaille à la fois sur plusieurs territoires. La sortie du troisième album en France a été repoussée à plusieurs reprises, ce qui explique ce retard, mais cela m'importe peu. J'aime toujours beaucoup les chansons de ce disque et ça me plaît de pouvoir continuer à les jouer. Et puis je n'aime pas m'ennuyer. Alors, entre la promotion du troisième album et l'écriture des nouvelles chansons, je me trouve bien occupée…
Avec qui travaillez-vous pour ce nouvel album ?
Je suis actuellement en train de me constituer un groupe, qui s'étoffe de semaine en semaine. Je travaille plusieurs compos avec Antoine, du groupe Clint Is Gone, que j'ai rencontré par le biais de Julie, d'Aaron. Il devrait aussi faire quelques plages de guitare sur l'album. Je pense avoir trouvé mon producteur, ainsi que le studio.
Quelle relation entretenez-vous aujourd'hui avec votre pays d'origine ? Est-ce qu'il vous manque parfois ?
Oui, naturellement, mais je suis vraiment très heureuse en France. En fait, je crois avoir trouvé mon idéal : comme je déteste l'hiver, je vis en France de mars à novembre et, le reste de l'année là-bas. De cette façon, je vis à l'heure estivale toute l'année. Et trois mois sont suffisants, chaque année, pour me permettre de revoir la famille et les amis en Nouvelle-Zélande. Je ne sais pas pendant combien de temps je vivrai de cette façon, mais dans l'immédiat, j'ai l'impression de vivre un rêve ! C'est le meilleur des deux mondes en quelque sorte.
Vous êtes née à Christchurch, la deuxième ville du pays. Etiez-vous en Nouvelle-Zélande lorsque les tremblements de terre ont saccagé votre ville natale en septembre 2010 et février 2011 ?
Je vivais à Auckland à l'époque, mais je me suis rendue sur place tout de suite après chacun d'entre eux. J'ai pu aider ma famille à nettoyer. J'ai aussi apporté de l'eau et des vivres à des amis. Ce fut vraiment traumatisant et la ville ne ressemble plus du tout à ce que j'ai connu dans mon enfance. C'est ce qu'il y a de plus difficile à vivre quand on est loin de chez soi. C'est une période si importante pour Christchurch ! Il y a tant à faire pour reconstruire. D'un certain point de vue, c'est aussi une période très enthousiasmante car on y construit une toute nouvelle ville.
Les musiciens se sont aussi mobilisés en nombre pour venir en aide aux victimes en organisant d'importantes opérations de prélèvement de fonds…
C'est vrai. Il y a eu beaucoup de concerts de soutien. J'ai d'ailleurs participé à plusieurs d'entre eux, mais pas autant que je l'aurais voulu. Des disques ont aussi été publiés pour cette cause. La communauté a su se mobiliser et sort renforcée de ces tragédies.
Propos recueillis le 28 juillet et traduits de l'anglais par Titus. Interview publiée partiellement ce jeudi 5 septembre 2012 dans Le Télégramme (rubrique Musiques). Egalement visible sur le site Le Monde de Titus.
LIENS SYMPA
L'album "While I'm awake I'm at war" est sorti le 3 septembre chez Vicious Circle en France. Flip Grater sera en concert au Café de la danse, à Paris, le 14 septembre 2012.
Le site MySpace de Flip Grater
Le site officiel de Flip Grater
Flip Grater sur le site de Vicious Circle
Pour commander la musique de Flip Grater : Amplifier
DISCOGRAPHIE
"Cage for a soul" (2006)
"Be All and End All" (2008)
"While I'm awake I'm at war" (2010 en Nouvelle-Zélande, 2012 en France)