« C'est quoi ton rêve ? Roy réfléchissait et ne trouvait rien à répondre.
Il avait l'impression qu'il était seulement en train d'essayer de survivre au rêve de son père. »
On en a beaucoup parlé. J'ai hésité à rédiger cette piqûre de rappel... Sukkwan Island est sorti en poche. Mais non, vous ne devez pas passer à côté.
Il ne se passe pas grand chose et c'est justement là que réside toute la nervosité du roman. Malgré le cataclysme pressenti, la claque est violente, la tension, asphyxiante. Le lecteur reste prisonnier d'une tragédie presque shakespearienne.
J'aime beaucoup la nouvelle, et très juste, couverture.
Gallimard, 231 pages, 2012, traduit de l'anglais par Laura Derajinski
Prix Médicis étranger 2010
Extrait
« A travers la ramure des arbres, il aperçut quelques étoiles pâles, mais bien plus tard, après que le ciel se fut découvert. Il avait froid et il frissonnait, son cœur battait toujours, la peur s'était ancrée plus profond, s'était muée en une sensation de malédiction, il ne retrouverait jamais la route vers la sécurité, ne courrait jamais assez vite pour s'échapper. La forêt était horriblement bruyante, elle masquait même son propre pouls. Des branches se brisaient, chaque brindille, chaque feuille se mouvait dans la brise, des choses couraient en tous sens dans le sous bois, des craquements bien plus lourds aussi, un peu plus loin, sans qu'il sache vraiment s'il les avait entendus ou imaginés. L'air de la forêt était épais et lourd, il se fondait dans l'obscurité comme s'ils ne faisaient qu'un et se ruait sur lui de tous côtés. J'ai ressenti cette peur toute ma vie, pensa-t-il. C'est ce que je suis. »