« Tu es très courageux ?
Juste à moité.
Qu'est-ce que c'est que t'as jamais fait de plus courageux ?
Il envoya un crachat sanglant. Me lever ce matin dit-il.
C'est vrai ?
Non. Ne m'écoute pas. Viens, allons-y. »
Tout a été écrit sur La route. Pourquoi rédiger un énième avis sur ce roman apocalyptique ? Pour vous encourager à le lire, si ce n'est pas déjà fait. On aime pour la vie ou on déteste. Je fais partie de la première catégorie.
Dès les premières pages, j'ai été happée. Obsédant, au bord du gouffre, glaçant, crépusculaire, terriblement réaliste. C'est ce qui, justement, fait partie de sa grande force. Arriver à nous persuader que si une telle tragédie nous arrivait, les évènements se dérouleraient de façon identique. Visionnaire? Sombre, oui, et horriblement humaniste.
Et cette question lancinante : quel est le véritable amour ? Celui qui protège pour survivre à tout prix ou celui qui met fin au supplice ? Aucune réponse, ni répit. Une lecture dont on ne sort pas indemne, un auteur au sommet de son art, un incontournable de la littérature.
Un film ? Durant ma lecture, j'ai été souvent intriguée par l'adaptation cinématographique de ce roman. Le film existe mais l'adaptation est-elle réaliste ? Sur le fonds, oui sans aucun doute mais la forme ? Le style est d'une maîtrise absolue. La forme et le fonds constituent à eux-deux un chef d'œuvre rare. Les séparer, c'est perdre une dimension spectaculaire.
Points, 251 pages saisissantes, 2009, admirablement traduit de l'anglais par François Hirsch
Prix Pulitzer 2007
Prix Ignotus 2008
Extraits
« On dit que les femmes rêvent des dangers qui menacent ceux dont elles prennent soin et les hommes des dangers qui les menacent eux-mêmes. Moi je ne rêve plus du tout. »