Magazine Cinéma

Anonymous

Publié le 20 septembre 2012 par Olivier Walmacq

Et si William Shakespeare n'était pas l'auteur de ses pièces, mais un politique proche de la Reine Elizabeth? Une question bien plus complexe qu'elle n'y paraît...

La critique shakespearienne de Borat

Je ne l'ai jamais caché: je n'aime pas Roland Emmerich. Le genre typique de la grande gueule bien implantée dans le système. Depuis son arrivée à Hollywood, l'allemand n'a cessé de faire le tâcheron sur quasiment tous ses films que ce soit par le film mythologique (le pas mal Stargate, le complètement naze 10000), le film de costume (The Patriot), le film catastrophe (le rigolo Jour d'après, l'involontairement drôle 2012), le remake (Godzilla), le bourrin (Universal Soldier) et le film d'invasion d'aliens (Independence Day). Il était temps qu'il réalise un vrai film (ouh que c'est méchant!). C'est probablement le cas avec Anonymous (rien à voir avec le groupuscule utilisant des masques de V), sorti discrètement en début d'année. Pour une fois qu'il ne fait pas de la merde, personne ne va le voir (en même temps, je suis mal placé pour le dire, l'ayant vu en BR, mais pas sûr qu'une misérable entrée aurait changé grand chose). Un comble! Emmerich se paye également un casting classieux: Rhys Ifans, Vanessa Redgrave, Joely Richardson, Xavier Samuel, David Thewlis, Edward Hogg, Rafe Spall (vu dans Prometheus), Jamie Campbell Bower et Derek Jacobi.

En revenant à un film plus simple et surtout moins débile (parce qu'il faut bien avouer que depuis Stargate, c'est vraiment la bérézina niveau intellectualité), Emmerich risque bien d'avoir fait sa plus belle pièce. J'entends déjà certains dirent "il était temps!" Alors certes historiquement, le film en lui-même n'est pas vraiment fiable. Clairement il faudra aller bien plus loin dans le travail de recherches pour réellement convaincre que Shakespeare est un faussaire, ainsi que les événements évoqués. A vrai dire, on ne sait pas réellement qu'est-ce qui est vrai et non, au point de s'y perdre au niveau de la réalité historique. Néanmoins, on ne peut que rester béa devant un film purement passionnant. C'est bien la première fois (même pour Stargate, assez lent dans son déroulement, le film allant beaucoup dans l'exposition) qu'Emmerich réussi à me captiver du début à la fin. Le film commence comme une pièce de théâtre justement. Jacobi nous présente le dilemme: et si William Shakespeare, auteur de pièces prestigieuses comme Hamlet (beaucoup la connaissent rien que par Last action hero) ou Roméo et Juliette, n'en était pas l'auteur?

Shakespeare la rock star derrière le maître.

Telle est la question que nous pose Emmerich et dont il va essayer de nous répondre. En fait l'auteur de toutes les pièces serait un certain Edouard de Vere, comte d'Oxford. Un personnage important car a des relations auprès de la Reine et particulièrement autrefois (là par contre, on y croit pas trop quand même aux multiples bâtards). Un homme de lettre condamné à la politique. Comprenant qu'un noble ne peut écrire de divertissement ou tragédie, il se met en tête de donner ses pièces à un autre en vue de créer un patrimoine digne de ce nom. Peu à peu, l'ivrogne et sans intérêt William Shakespeare arrive dans l'équation. Metteur en scène de quelques comédies populaires ou controversées, Shakespeare veut un peu plus d'argent ce qui donne lieu à de grands problèmes. Déjà parce que sa vanité devient de plus en plus conséquente mais surtout que le comte commence à en avoir marre de lui. Mais les problèmes politiques vont également se mêler. On peut regretter qu'Emmerich casse un peu le rythme avec des flashbacks surtout qu'au départ et sans indication on a du mal à comprendre qui sont les personnages autrefois.

S'il y a aussi une bonne raison de voir ce film, c'est pour l'interprétation de son personnage principal. Ifans trouve pour une fois un vrai premier rôle sur le devant de la scène, lui qui est parfois trop cantonné aux second-rôles de grande classe (on se souvient encore de Coup de foudre à Notting Hill, Human Nature et Good Morning England où ses apparitions sexuées restent encore mémorables). Il est clairement charismatique dans le rôle du comte d'Oxford, un politique quoi. Il était pour cet acteur d'avoir un vrai rôle au premier plan. Redgrave en impose en Reine Elizabeth vieillissante, passionnée de théâtre mais aussi de ce vieil amour de De Vere. Thewlis aussi en manipulateur de la cour. En revanche, Spall surjoue peut être trop en Shakespeare. Il manque cruellement d'un certain charisme et notamment au niveau du visage. Pour la reconstitution (composée de scènes en studio et de CGI), le film s'en sort vraiment bien même si on se doute de certains plans trafiqués en post-production. L'effet comique étant que ce film n'est pas vraiment un biopic ou un réel film historique mais une véritable tragédie. En l'occurvence celle de De Vere, contraint de rester dans l'ombre sous peine d'humiliation.

Tu vois Roland que ce n'était pas dur de faire un bon film! Un cru intéressant au détriment d'être mémorable historiquement et devant en grande partie à un Rhys Ifans parfait.

Note: 16/20

Anonymous
Excellent film historique riche et intéressant, surperbe reconstitution et le tout sans esbrouffe inutile. Emmerich surprend et offre son meilleur film qui se classe pour ma part dans le top 15 de l'année... 17/20


Retour à La Une de Logo Paperblog