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La Hongrie et ses vins

Par Mauss

Rencontré récemment un importateur connaissant bien ce pays de l'est européen. On évoque la session du GJE à Tokaj, les visites des caves d'Oremus et autres domaines, les nouveautés en rouge à l'ouest du pays, et les difficultés à vendre les vins liquoreux.

On parle d'un grand monsieur : Istvan Szepsy. Ce producteur indépendant est un fanatique (dans le bon sens du terme) de la qualité et de la rigueur.

Dans le contexte actuel, c'est un double problème.

A force d'entendre le corps médical dire plein de mal du sucre (et c'est vrai que l'abus est ici condamnable), la vogue des vins botrytisés que nous servaient nos vieilles tantes quand on prenait les patins pour leur faire la bise si redoutée, cette vogue est passée de mode.

En termes bruts : ces vins ne se vendent plus bien du tout, alors même qu'ils gardent une réputation prestigieuse. Certes, on ne sait pas toujours sur quoi les servir, et dès qu'on a en cave une caisse d'Yquem ou de Raymond Lafon, de Guiraud ou d'un SGN alsacien, de Disnokö ou de Montlouis, on se dit que c'est suffisant.

Tokaj souffre, et des domaines hyper-connus y perdent tout l'argent possible et imaginable, au point que les propriétaires baissent les bras et les mettent en vente. L'apostolat a des limites.

Et dans le même temps, alors que cette mévente pousse les producteurs à bien moins de rigueur dans les pratiques culturales et le travail en cave, un homme essaie, contre vents et marées, à imposer au moins dans une petite partie de cette vaste région de Tokaj, des règles respectant les modes de production des anciens. Il est quasi seul sur sa route et peu d'amateurs arrivent à comprendre pourquoi ses vins coûtent le double ou le triple des erzatzs mis honteusement sur le marché par d'autres. On ira revoir Istvan Szepsy en 2013 afin de comprendre ce qu'il propose aux sbires de Bruxelles.

Pendant ce temps, dans l'ouest du pays,  quelques domaines se lancent dans la production de vins rouges mais sans avoir de repères qualitatifs majeurs. On en parlait hier avec Stéphane Derenoncourt qui aime cette région et où il s'occupe, avec son équipe du Domaine Esterhazy. Il y a un réel potentiel, de beaux terroirs, des investisseurs volontaires, mais encore faut-il qu'ils aient de solides références.

C'est là que l'Europe de l'ouest peut jouer un rôle en participant à ce développement d'anciens ou nouveaux vignobles, en conseillant ces producteurs un peu neufs.

L'avenir du Grand Vin exige la diversité bien plus que l'uniformité. A nous les amateurs d'aider, autant que faire se peut, ces nouveaux producteurs qui ont beaucoup de mal à faire connaître leurs produits.


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