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Des Hommes sans Loi (Lawless) de John Hillcoat

Par Geouf

Des Hommes sans Loi (Lawless) de John HillcoatRésumé : 1931, Etats-Unis, Comté de Franklin, Virginie. En pleine Prohibition,  alors que les guerres de gang font rage à Chicago, les trois frères Bondurant vivent tranquillement de leur petit trafic d’alcool. Mais les choses changent lorsque Charlie Rakes, un homme de loi corrompu (Guy Pearce) débarque et tente d’extorquer des sommes exorbitantes aux locaux contre sa « protection ». Alors que Jack (Shia LaBeouf), le cadet des Bondurant, transforme l’affaire familiale en entreprise florissante, lui et ses frères vont devoir se battre pour survivre…

Après un détour par le tétanisant et bouleversant La Route, le réalisateur australien retrouve une fois de plus son compère Nick Cave, déjà scénariste de The Proposition, pour un film de gangster situé en pleine Prohibition. Un genre tombé un peu en désuétude malgré quelques soubresauts, comme le Public Ennemies de Michael Mann, et qui avait bien besoin d’un coup de fouet pour revenir sur le devant de la scène.

La bonne nouvelle, c’est que Des Hommes sans Loi se démarque immédiatement de ses aînés en quittant le cadre habituel de Chicago pour se dérouler dans l’Amérique rurale. Les trois frères Bondurant, héros du film, n’ont en effet rien de gangsters classieux exécutant leurs ennemis à coup de mitraillette, portant le fedora, ou roulant à toute blinde au volant de leurs rutilantes voitures. Dans le Comté de Franklin, cadre de l’intrigue, tout le monde traficote sous l’œil bienveillant du shérif local. Et bien que le cadet des Bondurant, Jack (Shia LaBeouf), rêve de ressembler à Al Capone ou à Floyd Banner (Gary Oldman), le caïd local, ses frères ainés ont plus la tête sur les épaules et savent que le trafic d’alcool n’est qu’un moyen d’arrondir les fins de mois. Des Hommes sans Loi est donc de prime abord beaucoup plus « terre à terre » que d’autres films de gangsters classiques. Les héros préfèrent faire profil bas plutôt que d’affronter ouvertement les hommes de loi, et les différends se règlent aux poings plutôt qu’à coups de mitraillettes.

Des Hommes sans Loi (Lawless) de John Hillcoat

Ce qui ne veut cependant pas dire qu’Hillcoat propose un film naturaliste avec des personnages effacés ou réalistes, bien au contraire. En se reposant sur un casting impressionnant, Hillcoat et Nick Cave posent des personnages ultra-charismatiques et extrêmement attachants. Le plus emblématique est certainement le personnage de Forrest, l’aîné de la fratrie Bondurant qui, selon la légende, serait invincible. Le génial Tom Hardy apporte un charisme tranquille à un personnage calme et posé, bien éloigné de celui qu’il campait dans Bronson, malgré une capacité de violence assez incroyable. A ses côtés, Shia LaBeouf ne démérite pas dans le rôle plus classique du jeunot ambitieux et impulsif, même s’il semble un peu recycler le même personnage de film en film. Face à eux, Guy Pearce, tout simplement monstrueux, campe un salaud d’envergure comme on aimerait en voir plus souvent. Immédiatement détestable, son personnage effraie à chacune de ses apparitions par sa froideur et son imprévisibilité. Au milieu de ce monde de brutes, Jessica Chastain (Take Shelter) s’impose sans problème en femme forte, malgré un personnage un peu sous-développé, et apporte un peu de féminité aux côtés de Mia Wasikowska (Alice au Pays des Merveilles).

Des Hommes sans Loi (Lawless) de John Hillcoat

Construit comme un drame montant crescendo jusqu’à l’affrontement final,  Des Hommes sans Loi surprend souvent par son mélange de ton, et en particulier par son humour. Il n’est en effet pas rare que les dialogues ou certaines situations arrachent quelques sourires voire éclats de rire, sans que le sérieux du film en pâtisse. A l’opposée, le film propose quelques éclats de violence assez éprouvants, et se permet même un petit détour horrifique assez stressant lorsque Forrest est attaqué par deux rustres qu’il a éjecté de son bar (ce qui n’est pas très étonnant vu que Hillcoat avait déjà tétanisé le spectateur auparavant avec la terrifiante scène de la cave dans La Route). A vrai dire, le seul défaut majeur du film tient dans son léger manque de point de vue. Hillcoat peine visiblement à choisir son personnage principal entre Jack et Forrest, et cette valse hésitante est parfois un peu fatigante en cela qu’elle empêche un plein attachement du spectateur aux personnages et à leurs aventures.

Des Hommes sans Loi (Lawless) de John Hillcoat

Cela n’empêche cependant pas Des Hommes sans Loi de s’imposer facilement comme un des meilleurs films de l’année et de lancer en beauté cette rentrée cinématographique, après un été un peu avare en film réussis.

Note : 8.5/10

USA, 2012
Réalisation: John Hillcoat
Scénario: Nick Cave
Avec: Shia LaBeouf, Tom Hardy, Jason Clarke, Guy Pearce, Gary Oldman, Mia Wasikowska, Jessica Chastain

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