INDIE ROCK - Pour les fans d'Interpol ça devient compliqué: plus rien à se mettre sous la dent depuis 2010 et Paul Banks, signature vocale si particulière du groupe, qui reste muet depuis 2009 en ce qui concerne ses projets solos, si ce n'est un court EP sorti plus tôt cette année. BANKS, album éponyme, 3ème du nom, arrive donc à point nommé.
BANKS ce n'est pas du Interpol, c'est presque mieux. Je dis « presque » parce qu'Interpol c'est quand même les résurrecteurs du post punk et de la new wave ainsi que les dignes descendants de Joy Division, Echo and the Bunnymen, Killing Joke, Siouxsie and the Banshees et j'en passe.
Dix titres sur cet album et quasiment rien à jeter. On pouvait s'y attendre entant donné ce qu'avait laissé présager au mois de juin le EP JULIAN PLENTI LIVES… Ce qu'on peut regretter, par contre, c'est que seul subsiste "Summer Time is Coming" alors que ce projet abrite 4 autres joyaux (dont 3 reprises) comme "Perimeter Deactivated" (le fans de Schwartzie reconnaitront l'hommage à Running Man), "Mythsyzier", "I'm A Fool to Want You" dans lequel Banks se découvre des talents de crooner en rendant hommage à Sinatra et enfin "Cavern Worship".
Mais revenons à nos moutons, c'est de BANKS dont il s'agit ici. Musicalement tout le monde devrait y trouver son compte. Les inconditionnels d'Interpol se feront du bien avec "I'll Sue You", "No Mistakes" et "Summertime Is Coming" donc, au final tout en fragilité. Du Quiet/Loud/Quiet comme on aime. Dans le même genre mais plus hybride on notera "Over My Shoulder", morceau pop même si on reconnait facilement la signature, et "Paid For That" sur lequel le fantôme d'un Bowie passé semble venir hanté Banks. Seul bémol: "Young Again", morceau mou qui nous fait l'effet d'un somnifère.
Mais là où le disque se démarque vraiment, c'est quand Banks nous emmène sur des territoires inattendus, bien différents d'Interpol. Que ce soit avec "The Base" pour l'entrée en matière ou "Arise Awake", morceau aux samples suggestifs, à écouter sur la route un jour d'orage, on découvre clairement un autre aspect de sa personnalité.
Enfin, Paul Banks ce n'est pas qu'une voix sombre, c'est aussi un formidable compositeur. Il suffit d'écouter le superbe "Lisbon", voyage instrumental qui sent bon le fado, le soleil et l'océan et dans lequel transpire un forme de vulnérabilité mélangée à l'urgence. À écouter en boucle, respect! De la même trempe, "Another Chance": nouvel instrumental, là encore une réussite. Pas besoin de parole, la musique parle d'elle même. Une vraie BO de film, magnifiée par des samples qui interpelles. On est dans un film de P.T. Anderson.
Alors même si JULIAN PLENTI IS…SKYSCRAPER, qui n'est pas un hommage à Demi Lovato mais le premier projet solo de Banks sorti en 2009, avait placé la barre très haut (avec des titres comme "Only If You Run", "Skyscraper", "No Chance Survival"), si haut qu'on se demandait si elle serait un jour dépassée par l'artiste, ce nouvel opus, différent dans son genre, s'en rapproche de très prêt.
Et si jamais le 24 décembre à midi vous ne savez toujours pas quoi offir pour Noël à vos potes, je vous recommande chaudement des places pour son concert qui aura lieu le 31 janvier 2013 aux Docks de Lausanne, histoire de bien commencer l'année. En tout cas, moi, ça me ferait plaisir…je dis ça, je dis rien…
Ecrit par Gwenn Rethoret - Le 23 oct 2012