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Théâtre 1 et 2

Par Kinopitheque12

Kazuhiro Soda, 2012 (Japon)

Théâtre 1 et 2

LIGNE D’OZIRA

Dans sa série de documentaires d’observation, Kazuhiro Soda, après un passage en politique et en hôpital, s’intéresse à un sujet plus léger : le théâtre contemporain. Il y dessine le portrait impressionniste d’Oriza Hirata, metteur en scène singulier.

Théâtre 1 et 2


« Si la création est vraiment nouvelle, personne ne l’apprécie. Personne ne comprend même ce qu’il y a de nouveau. Si votre travail est compréhensible instantanément, cela signifie qu’il a déjà été fait. Il n’est pas neuf », exprime Oriza Hirata. Le metteur en scène japonais est radical dans ses propos paradoxaux, sa conception du théâtre ou son mode de travail. Il fait appel à un esprit de devoir, à une exigence impossible d’être à la fois neuf et incompréhensible.

Kazuhiro Soda peint Hirata par petits coups de pinceau. Ni voix off, ni introduction, ni conclusion : le spectateur est placé d’emblée en situation. Il est Hirata, il est ses yeux, se déplaçant en caméra subjective. À moins qu’il n’observe Hirata de l’extérieur, dans son quotidien. Une série de saynètes et de petites anecdotes reconstruit une histoire, nous mettant face au tableau de la création en marche… Durant 6 heures.

Le documentariste insiste sur les infimes changements qui feront de la pièce une illusion réussie. Les acteurs placent leurs répliques avec une précision d’horloger, tandis qu’Hirata a les yeux rivés sur son script. Quand il corrige ses acteurs, la mécanique est en marche, lancinante, les poussant à insister sur un mot, une réplique. Mis dans la situation des acteurs, le spectateur subit Oriza Hirata et son travail de longue haleine, et qui mène chacun à un état post-robotique.

Théâtre 1 et 2

Lignes de conduite
Soda s’évertue à élargir la vision, en multipliant les efforts pointilleux pour un rendu impressionniste. Les différentes lignes d’Hirata le dessinent dans un mouvement qui nous livre au fil du temps à cette illusion théâtrale : celle de voir venir ses pensées. Tandis qu’à l’extérieur, tout est figé et muet : les images ne font qu’accompagner des chats qui se promènent, des trains qui passent, des silhouettes silencieuses et anonymes, nettoyeurs de vitres, balayeurs des rues…

Hirata possède la parole. Il est omniprésent. Même lorsqu’il dort. Le bruit de la respiration rappelle qu’il y a un homme qui « contrôle » tout cela. Hirata, clef de voûte du documentaire, est bien le point de fuite dans le paysage. Il est à la base de la perspective, qui construit l’illusion théâtrale.

Côme Tessier pour Preview
en partenariat avec La Kinopithèque pour la 34e édition du Festival des 3 Continents

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