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Germania

Par Kinopitheque12

Maximiliano Schonfeld, 2012 (Argentine)

Germania

LA PESTE ET LA PERTE

Si Germania de Maximiliano Schonfeld évoque un drame amoureux, le film est assez éloigné du Roméo et Juliette de Shakespeare. Seul point commun : la peste qui s’est abattue dans le film sur une famille vivant dans une communauté germanophone d’Argentine du nord.

L’aube, le champ. Un groupe de jeunes gens heureux s’amuse. Contraste frappant avec la réalité sombre qui entoure la ferme familiale d’une petite ville de l’Entre Ríos. La mère de famille (Margarita Greifenstein), son fils Lucas (Lucas Schell) et sa fille Brenda (Brenda Kruetli) sont contraints de quitter leur maison pour toujours. La réalité de Germania : l’intérieur pesant d’un poulailler, la volaille morte, un départ précipité. La famille met en vente la ferme, emporte le nécessaire, quitte la maison. La raison reste dans un premier temps mystérieuse. Maximiliano Schonfeld déploie lentement le dernier jour des trois personnages principaux. Il révèle de plus en plus de détails sur les émotions et les sentiments de chacun. Plus tard, tout deviendra clair. La ferme est dévastée par la peste et le départ de ses propriétaires est inévitable.

Réalisme opaque
Le drame intérieur des personnages s’exprime non par les dialogues détaillés, mais par les images d’une réalité grossière, qui parlent d’elles-mêmes. Le film crée une sensation de présence. Par l’observation des mouvements, des visages, soutenue par une image photographique parfaite, le réalisateur transmet le sentiment de la perte. Lucas est forcé de dire au revoir à ses amis. Margaret dit adieu à son mari, enterré dans le cimetière local. Brenda doit se résoudre à trouver une nouvelle vie. Les héros devront également se séparer de leur langue maternelle. Germania laisse un sentiment d’aliénation sous tension. La sensation de la rupture et de l’abandon est intensifiée par les scènes naturalistes : Brenda jouant avec un poulet mort, le cadavre d’une vache dans un champ, les corps d’animaux qu’il faut brûler.

Le film des ruptures
Toutes ces images accablantes illustrent quelque chose de plus que ce qui est à la surface. La ferme délaissée et les conflits familiaux symbolisent la rupture avec la maison, la fin de la jeunesse, l’adolescence, la perte de la culture, la décadence de la vie locale et le délitement des liens familiaux. C’est ce que que le film déroule devant le spectateur par de légères allusions, sans donner les réponses, sans imposer une manière de penser ou de ressentir. La fin boucle la boucle, dévoile un nouveau jour sur la ferme délaissée. Le soleil pénétre dans la maison familiale qui ne sera plus jamais comme avant.

Oksana Chirkashina pour Preview
en partenariat avec La Kinopithèque pour la 34e édition du Festival des 3 Continents

Germania


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