« L'amour, l'amour, toujours l'amour ! Mais l'amour, ça ne veut rien dire, Goldman. L'amour, c'est une combine que les hommes ont inventée pour ne pas avoir à faire leur lessive ! »
Nola, Harry et le reste du monde.
Vous trouverez une galaxie d'avis sur le second roman de Joël Dicker. Une palette de critiques contrastées, de la plus élogieuse à la plus féroce. Fidèle aux origines de l'auteur et aux miennes, je me tiens au milieu.
C'est avant tout la forme de ce pavé de 670 pages qui m'a épatée. L'auteur construit, déconstruit, visite le passé et le présent avec une grande maîtrise. J'ai beaucoup apprécié la mise en abyme, le livre dans le livre, l'écrivain en position méta-matriochka. Dicker écrit Goldman qui écrit Quebert.
Le personnage de Nola m'a fait traverser différents stades. Je l'ai trouvé naïve, ensuite passablement agaçante, puis terriblement énervante, profondément dérangée et pour terminer... J'en ai déjà trop dit. La dernière partie m'a réellement emportée dans un tourbillon réjouissant. Coups de théâtre sur rebondissements, l'accélération s'est avérée bluffante et électrisante.
Quelques bémols cependant, j'ai parfois trouvé le temps long, le souffle étant, à mon sens inégal. Des redondances sont inutiles, comme par exemple, les répétitions des dialogues enregistrés par Marcus Goldman. Le fameux chef-d'œuvre littéraire d'Harry Quebert manque de crédibilité. Les échanges épistolaires étant, à mon goût, passablement mièvres.
Aucune de ces réserves ne mérite la férocité de certaines critiques envers l'auteur. D'aucuns ne semblent pas lui pardonner sa sélection pour le Goncourt. En parcourant certaines d'entre elles, je me pose la question suivante : avons-nous un problème avec le succès ? Car La vérité sur l'affaire Harry Quebert est avant tout l'histoire d'un succès. Celui de Marcus Goldman et, quand la réalité dépasse la fiction, celui de Joël Dicker.
Quand un roman soulève autant de passion, je me dis que la lecture a encore de beaux jours devant elle.
De Fallois, 670 pages, 2012
Goncourt des lycéens 2012
Grand Prix du roman de l'Académie française
Extrait
« Les écrivains qui disent qu'ils ne s'inspirent de personne mentent, mais ils ont bien raison de le faire: ils s'épargnent ainsi quantité d'ennuis.
Comment ça?
Le privilège des écrivains, Marcus, c'est que vous pouvez régler vos comptes avec vos semblables par l'intermédiaire de votre bouquin. La seule règle est de ne pas les citer nommément. Jamais de nom propre: c'est la porte ouverte aux procès et aux tourments.
N'écrivez que des fictions.