Nouvelle procédure de dégustation au GJE

Lors des repas de fin d'année, nous fut offert un magnum de Mouton-Rothschild 1991.

Grande finesse, élégance évidente, un vin de classe. Eût-il été servi à l'aveugle que ces caractéristiques auraient été également notées, mais, va savoir Charles, on avait le droit de s'attendre à bien mieux pour un Premier. Bref : l'étiquette a influé sur mon jugement. Net et sans bavure.

Cela m'a donné une idée pour les prochaines sessions du GJE.

Ma source d'inspiration Nous sommes bien les premiers à connaître les faiblesses des dégustations à l'aveugle tout autant que ses qualités. On a évoqué ces questions en long et en large, sur ce blog, et dans la revue The World of Fine Wine où Michel Bettane a écrit un papier majeur sur la question. Et je ne peux que conseiller sur ce sujet, à ceux qui pratiquent l'anglais, de visualiser l'interview d'Antonio Galloni au dernier WWS, interview faite par Jean-Jérôme Carre : ICI
 On sait aussi que le système de l'aveugle est imprimé sur chaque numéro de la revue THE WINE ADVOCATE de Robert Parker, quand bien même il y a sans doute, avec les ans, une belle élasticité sur la chose. Cet homme a toujours dit qu'il ne fallait juger que le contenu, pas le contenant. C'est clair, net, précis.
 L'objectif premier du GJE est toujours de donner un outil de comparaison honnête et un peu objectif à des propriétés moins connues souhaitant savoir où elles se placent, "gustativement" parlant, par rapport aux références de la région, appellation ou millésime.  Mais c'est insuffisant et tout bonnement parce que 99 % des vins sont bus à table, bouteille devant soi, comme ce fut le cas pour ce magnum de Mouton-Rothschild. Donc, consciemment ou non, la vue de l'étiquette influence et j'avoue que devant ce Mouton, j'ai eu des phrases d'excuses pour le cru dont on aurait pu espérer beaucoup plus, vu son prestige, son rang, son histoire. Et, SVP, ne me dites pas que c'est à cause du millésime qui n'a pas cassé la baraque. A ce niveau de référence, on est en droit d'attendre du grand… ou alors on n'en produit pas, comme l'a décidé cette année Pierre Lurton pour Yquem. Proposition aux Membres Eminents du GJE D'abord, je ne suis pas du tout certain qu'ils vont accepter ma requête. On verra le 22 janvier. L'idée est la suivante : - on déguste à l'aveugle, en l'occurrence demi-aveugle car ils savent qu'il s'agit de vins de Bordeaux (il y aura 2 pirates) du millésime 2001. J'ai choisi un millésime "bon à boire" pour qu'on arrête d'entendre la sempiternelle chanson que le GJE ne déguste que des vins trop jeunes, donc loin de leur optimum, etc. - lors du debriefing, après avoir écouté quelques commentaires de l'un ou de l'autre comme nous le faisons à chaque fois, et toujours sans savoir de quel vin il s'agit,  je leur donne le nom du cru.- je leur demanderai alors, sur une autre feuille de saisie, d'indiquer si, à la vue du cru en question, ils souhaitent ajouter ou déduire des points à leur note. Cet ajustement devant normalement se justifier par quelques critères qui sont :- connaissance approfondie de la propriété et de ce qu'elle offre depuis des décennies- prise en compte du "prestige" de l'étiquette qui peut être puni ou au contraire, remonté de quelques points- prise en compte de la capacité de vieillissement du vin, basée sur son histoire et des expériences qu'ils ont sans aucun doute en mémoire- et probablement d'autres points à discuter. Tout cela est, à ce moment, brut de fonderie. C'est peut-être une très mauvaise idée. Peut-être quelque chose sans queue ni tête. Quelque chose sans intérêt. On verra bien. Pas d'ukase en la matière. Mais j'avoue que ce nouveau système m'excite bougrement… en espérant que mes zozos joueront le jeu à plein, sachant que la règle de l'anonymat des commentaires sera scrupuleusement respecté. Bernard Burtschy aura du travail en plus : je vais me faire morigéner ! Mais le boss reste le boss :-)