EXPLICATIONS
On trouvera ci-dessous deux séries de graphes.
La première série concerne les 20 premiers vins selon le modèle statistique de Bernard Burtschy à partir des résultats de la dégustation « aveugle », à savoir :
RANG VIN POINTS CONSENSUS
1 Smith Haut Lafitte 94,12 TB
2 Pape-Clément 93,09 TF
3 Rauzan-Ségla 92,58 M
4 Lascombes 92,53 F
5 Haut-Condissas 92,26 B
6 Clos du Jaugueyron 91,23 TB
7 Haut-Brion 90,80 F
8 Lafleur 90,78 F
9 Reignac 90,76 TB
10 Guadet 90,76 F
11 Valandraud 90,71 F
12 Haut-Bailly 90,68 M
13 Lupicaia 90,64 TB
14 Haut-Marbuzet 90,53 F
15 San Leonardo 90,47 TB
16 Lafite 90,16 M
17 Domaine de Chevalier 89,96 TB
18 Mouton-Rothschild 89,82 M
19 Rollan de By 89,50 B
20 Trotanoy 89,44 F
Comment lire ces graphes ?
Exemple avec le graphe « Lascombes ».
La note moyenne est représentée par la ligne horizontale en caractère gras. Les N° dans les cases colorées sont ceux des dégustateurs.
Pour les cases au-dessus de la ligne de la moyenne, ce sont donc les dégustateurs qui ont mis une note supérieure à cette moyenne tandis que les cases en-dessous sont celles des dégustateurs ayant mis une note inférieure.
La taille de la case correspond, sur l'axe vertical, à cette différence de points en plus ou en moins.
Le graphe suivant représente les mêmes indications, mais alors dans le cas de la seconde dégustation, avec étiquette.
Bon : pour ceux qui n'ont pas compris, s'adresser à laurentg qui se fera un plaisir mathématique de vous expliquer la chose.
Ainsi, le dégustateur n° 8 a baissé sa note entre son point de vue « aveugle » et son point de vue « étiquette », alors que le dégustateur n° 14 a coté dans l'autre sens.
La seconde série de graphes positionne pour chaque dégustateur, là encore identifié par son n°, ses deux notes pour chacun des 30 vins (axe horizontal noté de 1 à 30) selon l'ordre de service répété ci-dessous :
Ausone
St-émilion GC
1
Beauséjour Bécot
St-émilion GC
2
Canon
St-émilion GC
3
Clauzet
St-estèphe
4
Clos du Jaugueyron
Margaux
5
Domaine de Chevalier
Pessac-Léognan
6
Guadet
St-émilion GC
7
Haut-Bailly
Pessac-Léognan
8
Haut-Brion
Pessac-Léognan
9
Haut-Carles
Fronsac
10
Haut-Condissas
Médoc
11
Haut-Marbuzet
St-estèphe
12
Lafite
Pauillac
13
Lafleur
Pomerol
14
Lascombes
Margaux
15
LMHB
Pessac-Léognan
16
Lupicaia
Pirate
17
Malartic Lagravière
Pessac-Léognan
18
Monbrison
Margaux
19
Mouton-Rothschild
Pauillac
20
Pape-Clément
Pessac-Léognan
21
Péby Faugères
St-émilion GC
22
Petrus
Pomerol
23
Reignac
Bordeaux Sup
24
Rauzan-Ségla
Margaux
25
Rollan de By
Médoc
26
San Leonardo
Pirate
27
Smith Haut Lafitte
Pessac-Léognan
28
Trotanoy
Pomerol
29
Valandraud
St-émilion GC
30
EXEMPLE AVEC LES DEGUSTATEURS N° 6
Les ronds représentent les notes « aveugle » et les carrés rouges les notes « étiquette ».
Ainsi, pour le vin N° 2 (Beauséjour-Bécot) , le dégustateur n° 6 a mis rigoureusement la même note alors que pour le vin N° 12 (Haut-Marbuzet) , il a un différentiel de 3 points : 93 à l'aveugle et 90 sous étiquette. On espère que Laurentg a compris J
REFLEXIONS TRES PERSONNELLES
On ne m'enlèvera pas de l'idée que dégustateur du GJE ou pas, cette double dégustation montre à quel point la force de l'étiquette peut jouer un rôle important sinon essentiel dans l'appréciation d'un vin.
Mais auparavant, je me dois encore de souligner à quel point ces Membres du GJE ont joué le jeu. Ils auraient pu observer un principe régamien : ne pas sortir d'une fourchette réduite à quelques points, et dans les deux sessions. Disons des notes entre 88 et 92.
Ils auraient pu « tricher » en se faisant des anti-sèches rappelant leurs doux jours dans les lycées, collèges ou épreuves du baccalauréat. Mais comme ils savent que j'ai des amis « grands manteaux » ... :-)
Non : ils ont joué le jeu et donc, fatalement, les grands noms du bordelais ont été repêchés de façon ± noble. A la limite, cela ne me gêne pas trop, ayant eu moi-même des réactions identiques ce midi lors d'un déjeuner.
Il nous fut servi un Petrus 95 en magnum qui, face à un Petrus d'émotion quasi interdite, presque douloureuse, millésimé 1961 (j'ai eu la chance d'en déguster un bon nombre dans une jeunesse antérieure, dans les années 70) eut été pratiquement honteux de ce qu'il apportait par rapport à cet immense 61. Bref si ce Petrus 95 n'avait aucun défaut, était racé et tout et tout, il n'apportait malheureusement pas ce supplément d'âme qu'on est en droit d'attendre d'un si grand nom, fut-il encore jeunot, surtout en se souvenant de l'immense 61 qui vous fait pleurer sans honte aucune. On me comprend ?
Donc, qu'on repêche des noms illustres ayant des pedigree, des références longues comme un bras ministériel, pourquoi pas ? C'est un peu dans la logique de la nature humaine.
Mais qu'on agisse dans le sens opposé pour des vins moins connus ou des classés « inférieur », là, ça commence à me chagriner un tantinet. Car si en millésime jeune, je peux accepter d'incompétents notoires l'argument de dire « ils vont probablement mal vieillir [alors que le principe fondamental d'un grand vin est sa capacité à vieillir en s'améliorant], » ou du moins n'ont pas encore un pedigree pouvant prouver cette capacité, pour ce millésime 2001 dégusté en 2013 - je pense naturellement à Rollan de By, Haut-Condissas, Reignac -, j'eus aimé que certains dégustateurs eussent pour ces vins une vision plus positive.
Cette dernière remarque est particulièrement vraie pour deux cas extrêmes. Si on peut éventuellement comprendre que deux crus comme Petrus et Lafite gagnent un nombre de rangs significatif entre les deux dégustations « aveugle » et « étiquette », je ne vois vraiment pas pourquoi les deux crus italiens - des références de l'autre côté des Alpes - sont littéralement punis à la mode torquemadienne.
Il fallait que cela soit dit.
Pour le reste, ma foi, on reviendra aux principes de base :
- ce n'est qu'une image à un Temps T
- chacun exprime avant tout son propre goût et on sait qu'en la matière, il n'y a pas de règles d'harmonie intangible.
- une dégustation de 30 vins est différente de quelques vins dégustés en convivialité lors d'un repas
- s'il est important pour un critique de privilégier la dégustation « aveugle », il n'empêche que, quelque part, il doit tenir compte de l'environnement historique et culturel d'un vin, car ses lecteurs eux, le font consciemment ou non. Mais les meilleurs dégustateurs resteront ceux qui agiront avec beaucoup de précaution et sans trop d'a-priori dans ce sens. Il y a en a bien 5 ou 6 sur le marché, non ?
Bon : tout cela fait assez « fouillu »: je vous l'accorde. Tous ces billets ont été écrit un peu à chaud et nul doute que si j'avais reporté ces rapports d'un mois, je les aurai présentés autrement. Toutes mes excuses pour ce magma probablement pas facile à digérer.
Une chose est sûre : toutes les futures sessions du GJE seront basées sur ce nouveau protocole auquel on essaiera d'intégrer notre souci de noter les niveaux de plaisir ou d'émotion, et l'approche suivie par le dégustateur : noter ce qu'offre le vin à ce Temps T ou, chose plus délicate, et si faire se peut, noter son potentiel de vieillissement : en s'améliorant, hein ! Ne l'oublions pas !
On réduire le nombre des vins, car 30 : c'est trop.
Merci à tous ceux qui nous ont écrit leurs remarques, aux propriétés qui suivent nos travaux et nous font confiance, alors qu'elles ont souvent, à haut niveau, plus à perdre qu'à gagner.
Merci au forum LPV qui a ouvert un sujet sur cette dégustation (ICI).
Et enfin, merci au Laurent, aux Membres du GJE, et aux trop discrets amateurs qui nous ont offert quelques unes de ces bouteilles coûteuses. Sans oublier de remercier Nathalie Barbary qui a consacré une partie de sa nuit à me faire des graphiques présentables, étant totalement incapable de me plancher sur cette section d'excel, calmos que je suis !
A très vite pour une session « Bourgogne » !
« Bordeaux n'a été qu'une aimable répétition de maternelle... » qui a dit ça ? Tsss........
QUELQUES UNS DE CES GRAPHIQUES POUR CEUX QUI AIMENT VISUALISER :-)
OUF !!!!
:-)