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Grappillages 2013 (3)

Par Mauss

L'hiver parisien de ces derniers jours a permis de justifier quelqu'achat de pull 4 fils, de noble matière, comme on le dit d'un vin "de noble origine"…

Des news de tous les côtés, des vignerons comme Hervé Bizeul qu'on croise inopinément dans des endroits où la poussière est vigoureusement bannie, des coups de fil de vignerons donnant quelques nouvelles sur l'état des mises, les compliments ou les erreurs lus ici ou là, les "primeurs" bordelais qui approchent, bref : le bruissement habituel des choses du vin.

SAINT EMILION

On attend avec une certaine inquiétude ce qui va se passer juridiquement au sujet du dernier classement qui a été attaqué par quelques propriétaires se sentant grugés par les méthodes employées pour cette nouvelle hiérarchie. On n'y peut mais…

Entre temps, quelques mouvements de modification de capital, comme à Monbousquet, et des chinois qu'on voit discrètement parcourir les collines de la rive droite. Il y a en la matière un gros travail d'élagage qui va se faire tout doucement, tant il y a des intermédiaires vantant de mystérieux clients millionnaires et cherchant à toucher la crédulité des uns ou des autres en espérant toucher quelques subsides sonnant et trébuchant. Ils vont vite se faire repérer et les choses devraient se calmer sous cet aspect.

Autre news, annoncé par Nicolas de Rouyn : l'arrivée à FIGEAC - où des choses se passent - de Monsieur Jean Valmy Nicolas, la famille propriétaire du sublime La Conseillante en AOC Pomerol.

PRIMEURS

La grande foire annuelle se met doucement en place, mais on a le droit de douter qu'il y aura cette année l'enthousiasme  qu'on a pu constater lors de récents millésimes.

Mais il ne faut pas être grand clerc pour constater qu'on vit les dernières années de l' "Effet Parker". On veut dire par là, le grand cinéma bordelais qui consiste à être poli avec tout le monde (là, on est plus briton que gaulois), à dérouler des tapis rouges et offrir quelques agapes de haut niveau millésimées, alors même que le seul critique qui intéresse les propriétaires est et restera encore sans doute 2 ou 3 ans, Robert Parker dont les notes peuvent - moins évidement qu'il y a dix ans - entraîner des hausses de prix et des ventes inattendues.

Bordeaux, comme Wall Street ou Brogniart, n'aime pas les incertitudes. On verra le degré de cette zone brouillardeuse et de turbulences dans les prochains mois. Il est clair que si Antonio Galloni vient déguster les primeurs, maintenant ou avant Vinexpo, on assistera sur le NET, ici et là, à de belles analyses de comparaisons de notes et de commentaires entre ces deux anciens collaborateurs. Une chose est claire : ce brusque départ du "wine-critic" majeur du Groupe Wine Advocate, et dans un contexte qui va sans doute poser quelques problèmes aux nouveaux propriétaires asiatiques, ne va pas faciliter les choses. On se rassure : Bordeaux a toujours su s'adapter aux changements en la matière.

Mais comme 2012 ne va pas casser la baraque côté réputation du millésime, rien de grave, docteur !

Où on apprend aussi que quelques châteaux de très belle réputation, particulièrement soucieux de préserver une qualité minimale, sont revenus à une ancienne pratique, consistant à vendre en vrac les quelques cuvées sensiblement indignes de porter le nom du cru. Et souvent, à des prix inférieurs au coût de production. On applique alors la loi de "se couper un bras plutôt qu'avoir la gangrène".

Comme c'est le NEGOCE qui achète ces cuvées à prix plus que doux, assiste t'on à un nouvel équilibre entre propriétaires et négociants ? Malgré tous les défauts qu'on peut lister sur ce système bordelais, cela reste quand même un outil remarquable de commercialisation des vins (et surtout à Bordeaux où les volumes sont énormes) qui va nécessiter certainement des ajustements pour s'adapter aux nouveaux modes de communication internet.

AILLEURS

En Allemagne, il y aura de très belles choses. En Beaujolais comme en Loire l'amateur trouvera des cuvées de réel plaisir et on se doit tous de revenir un tantinet vers ces vins simples, bons, et n'aggravant pas trop votre compte d'exploitation.

Souci sérieux en Bourgogne où les grands domaines vont devoir signifier à leurs clients habituels une sensible réduction de leur allocation, dans un millésime particulièrement réduit en volume (- 30 %), qui a été délicat à gérer, mais où il y aura - comme partout - de belles pépites à découvrir. C'est d'ailleurs sous cet aspect que la critique doit jouer un rôle essentiel, à savoir dire aux amateurs où trouver ces cuvées de bons RQP.

CINEMA

Vu la performance époustouflante d'Anthony Hopkins dans le film retraçant la période de réalisation de Psychose d'Alfred Hitchkock

LECTURE

Certains m'en voudront de reparler encore de Monsieur Millau qui vient de publier un nouvel ouvrage dont quelques formules lues dans la presse de week-end (Fig Mag) impliquent un achat qui se fera tantôt. C'est l'occasion de citer quelques formules ou citations telles que :

de Talleyrand : "Les financiers ne font bien leurs affaires que lorsque l'Etat les fait mal"

de l'auteur : "Le passé est indéchiffrable, le présent illisible, le futur inimaginable" ou, plus délicat, sa définition de la Kalachnikov : "Mode d'expression répétitif, apprécié dans les banlieues "sensibles""

GASTRONOMIE, à l'attention du Grand Jacques

S'il est évident qu'un nouveau mouvement culinaire impliquant des mariages qu'on a le droit de qualifier d'hasardeux, s'il est vrai qu'il y a encore des restaurants cotés au plus haut niveau qui vous imposent une multitude de petites choses auxquelles on ne comprend rien, il y a heureusement quelques chefs qui savent encore vous préparer des mets d'une grande simplicité mais tellement supérieurs gustativement parlant.

Un bel exemple d'un déjeuner composé d'un seul plat:

truffe

Une tranche d'un bon pain de campagne, de fines lamelles de moelle, généreusement recouvertes d'autres fines lamelles provenant d'une belle melanosporum.

 THEATRE

Vu la pièce où joue avec un naturel confondant Pierre Arditi, au théâtre Edouard VII. Salle comble comme il se doit pour les théâtres consolidant leurs revenus sur des noms connus. La performance de cet amoureux du vin, c'est quelque chose. Bon, on n'est pas dans une pièce de Sartre ou de Simone de Beauvoir, mais qui a dit bêtement que qualité doit être associée à tristesse ou pensum ? ABM ?

MUSIQUE

Il devient de plus en plus difficile pour les éditeurs de rentabiliser des enregistrements neufs d'oeuvres connues, tant il est vrai que l'amateur peut trouver si facilement d'anciennes éditions, déjà largement amorties, et à prix cassé ? Alors, on refait des intégrales composées de fonds de tiroir, mélangeant du sublime à de l'ordinaire (confer les intégrales sur BACH ou sur VERDI ou WAGNER).

Et à l'époque du CLOUD (je n'ai toujours pas compris comment cela fonctionne réellement sur MAC) c'est assez dingue de voir tout ce qu'on peut mettre dans le "nuage" et reprendre ad libitum là où on se trouve, pour autant - si j'ai bien compris - qu'on ait un compte et une liaison internet. 

Il n'empêche : quid du jour où des zozos mal-intentionnés style NSA, vont avoir accès à toutes ces données accumulées dans d'énormes serveurs qui chauffent tellement qu'on est en train d'en installer dans le cercle polaire ? Comment les promoteurs de tels systèmes peuvent-ils garantir une totale sécurité en la matière ? Va savoir, Charles !…

TRAÇABILITE

Rencontré à Paris les inventeurs d'un nouveau système de traçabilité destiné prioritairement au monde du vin, où une minuscule puce informatique collée au dos de l'étiquette peut permettre à quiconque de vérifier un paquet d'informations à l'aide d'un simple IPHONE ou SAMSUNG. 

C'est plus qu'impressionnant mais, pour en avoir discuté ce jour avec un propriétaire, ce peut être la source de quelque problème juridique. En effet, quiconque devient propriétaire d'un bien ne peut être sujet à "traçabilité" de la part d'une entité tierce. En termes plus simples, si vous achetez une caisse de Petrus - et pour autant que ce château utilise cette puce sous l'étiquette - cela ne regarde et ne doit regarder personne à part vous. Donc, toute localisation éventuelle sous format GPS peut relever de conflits juridiques. A suivre…

Il n'empêche : le futur des ventes aux enchères et la solidité de fonds placés en grands crus va rendre quasi obligatoire l'authenticité des bouteilles, et c'est là un outil majeur en la matière… jusqu'au moment où - dans 10 ou 20 ans - on inventera un outil capable, sans ouvrir la bouteille, de lire l'ADN du contenu. 

Mais bon : cela ne concerne que les étiquettes valant des sommes à 3 ou 4 chiffres. Ce n'est pas notre quotidien : understatement :-)

Bon week-end et n'oubliez pas qu'un Marionnet ou un Burgaud, cela se boit mieux à 16° qu'à 18° :-)


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