Kelly Walker (GJE) a publié sur plusieurs sites/forums américains un rapport personnel sur la nouvelle procédure de dégustation qu'on essaie de mettre en place - et qu'il faudra améliorer - pour nos sessions régulières : d'abord une dégustation à l'aveugle, avec un ordre à suivre, puis en sachant ce qu'il y a dans chaque verre, et là, chacun peut déguster dans l'ordre qu'il veut.
Et bien les amis, c'est fou les réactions épidermiques que cette procédure suscite !
Si certains lecteurs sont intéressés à cette nouvelle approche, si d'autres n'y voient pas vraiment un intérêt fondamental, il en reste un solide petit nombre qui sont farouchement contre, partant du principe qu'il y a suffisamment sur cette planète, particulièrement chez nos amis britons, de savants palais totalement réfractaires à toute influence extérieure sur le vin qu'ils dégustent, au point qu'avec étiquette ou pas, ils sont capables de mettre les mêmes notes, d'écrire les mêmes commentaires.
Je savais le briton supérieur au continental depuis des lustres, mais sur ce plan… :-)
Bref : la logique voudrait que ces palais supérieurs dégustent donc systématiquement à l'aveugle puisqu'ils sont totalement imperméables à toute influence extérieure. C'est jésuite comme raisonnement ? J'assume ! :-)
Je pousse peut-être le bouchon un peu loin, certes, car il est vrai que plus d'un dégustateur de qualité est capable de garder ± les mêmes opinions sur ce qu'il déguste. Mais qu'on me permette alors de placer un sérieux bémol. Ce sont là des dégustateurs n'ayant aucun rôle de conseil "professionnel"; ce ne sont pas des journalistes ou des "wine-critics". Vaste différence, tant il est vrai que ceux qui communiquent comme métier doivent et ont fatalement une approche différente, connaisseurs qu'ils sont des domaines, des propriétaires, du cadre historique, géographique dont sont issus les vins et donc, ayant le droit et le devoir - dans une certaine limite - d'intégrer ces connaissances dans leur jugement.
La meilleure preuve ? Demandez à mes zozos pourquoi tel vin a gagné plus de dix rangs, tel autre qui en a perdu autant, et pourquoi tel ou tel est resté ± à sa place "aveugle". Vous allez me dire qu'ils sont des médiocres, trop sensibles à l'étiquette, et que ces valeureux britons, eux, sont d'imputrescibles outils insensibles à toute influence extérieure ? Vaste blague !
Restons avant tout des modestes. Chacun sait - s'il a la basique humilité continentale - que les circonstances, les connaissances, en matière de dégustation de vin, jouent un rôle plus ou moins conscient qui s'impose, certes à des degrés divers, sur ce qui ressort ensuite de ces dégustations. Allons plus loin : et c'est tant mieux, tant il est vrai que 95 % des vins sont consommés étiquette devant soin, en convivialité, et à table ! Si cela n'influence pas sur le goût et l'appréciation de la chose !! Damned ! (© Mortimer).
Et, dernier mot fondamental : en matière de goût, chacun a son propre palais, et c'est lui l'outil ultime. Oui, bien sûr, il s'éduque comme toute chose, et c'est là que doit agir le critique : ne pas imposer ses vues propres, mais nous apprendre comment développer notre propre palais, notre propre goût.
Messieurs les britons : restez sereins : vous n'êtes pas les meilleurs en tout :-)
Non, non : je n'ai pas sorti la grosse Bertha : je la bichonne mamour pour des causes plus sérieuses !