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Le "Spring Campus" de CroissancePlus (2)

Par Mauss

Qu'on me permette de revenir sur cet événement qui s'est déroulé de façon magistrale au Royal Evian de Danone. La société CroissancePlus dont Olivier Duha (Webhelp) est un des fondateurs regroupe de jeunes entrepreneurs français de tous les horizons, dont le CA de leurs affaires va de quelques centaines de milliers d'euros à quelques centaines de millions.

Des pointures. On était autour de 300 personnes.

Le thème général de cette année : "Le monde de demain".

Musique à l'écoute : les Quattro Pezzi Sacri de Giuseppe Verdi.

Système classique d'équilibre entre des séminaires généraux, des ateliers (on dit ici : "corners"), des repas plus que corrects avec le système "dînatoire-traiteur" qui permet de voltiger à droite à gauche pour faire des connaissances.

ORGANISATION

Hyper-professionnelle, avec une belle fluidité, un animateur maousse-costaud, une utilisation maximale des outils modernes, du style : "vous pouvez poser vos questions via l'appli IPHONE" qu'on avait tous, et hop, sur scène, les questions s'affichaient à l'écran, sur le portable du maousse-costaud, et ça ne traînait pas ! 

Partout des signaux pour vous dire où aller, qui faisait quoi, où étaient les corners, en ne manquant jamais de citer les Partenaires qui soutiennent cette manifestation : BNP-Parisbas, Danone, KPMG, Orange. Travail hyper-ro.

Timing serré. Le seul truc incompressible (et je le constate régulièrement) est qu'il faut un temps fou pour bouger 300 personnes, car on allait en bus au Palais Lumière d'Evian pour les conférences et corners, les zeus étant répartis dans 3 hôtels différents. 

Bon : il y avait une jeune équipe motivée en diable qui a fait là un travail plus que remarquable.

SEMINAIRES

J'ai déjà parlé du copain d'ABM, Monsieur Adler, une tête, un cerveau, quand bien même il doit exister d'autres têtes capables de lui tenir un discours opposé. Son dernier livre nous fut offert "Le jour où l'histoire a recommencé", et je l'ai commencé. Grande qualité : clarté des explications, argumentaire qui tient la route, et surtout qui est écrit en termes simples. Bref, ce n'est pas du Lacan :-)

La bonne formule : rassembler sur le podium plusieurs orateurs qui s'expriment à tour de rôle sur le sujet du moment. Cela donne un team où vous avez Madame Calmels (ex-Endemol), Bruno Bonnell (l'homme des robots), le DG Autolib (un monsieur plein d'humour), le DG  de Deezer, et un jeunot de BNP chargé de tenir la banque informée des nouveaux outils de communication et ce qu'ils impliquent.

Samedi matin, hier donc, un académicien, Jean-Christophe Rufin, lui aussi bardé d'un humour glacial du style "pince sans rire", qui m'a tout simplement bluffé par la leçon de modestie que doit avoir la culture occidentale quand elle veut bêtement, parfois à son corps défendant, imposer universellement sa façon de voir les choses. Bref : au fin fond de l'Afrique ou de l'Asie, on ne comprend pas nécessairement la déclaration des droits de l'homme de la même façon que nous en Europe.

J'ai également beaucoup apprécié le langage loin des langues de bois d'un économiste que j'avais remarqué dans CDANSL'AIR de Calvi : Jean-Marc Daniel. Je me permets de citer ici les 3 questions et réponses qui furent publiées dans le journal quotidien que CroissancePlus imprimait la nuit pour nous le remettre le lendemain : des pros, je vous dis !

Demain, l'Homme sera-t-il à moitié robot ?

Non. En revanche, son travail sera de plus en plus robotisé, puisque ce qu'on identifie aujourd'hui comme "travail" disparaîtra. L'organisation du temps de travail va changer de nature. les relations au travail vont devenir de plus en plus commerciales, puisque les savoirs seront commercialisés.

Quelle sera sa place dans les entreprises du futur ?

De façon idéale, elle serait nulle, comme dans un monde utopiste où le travail n'existerait plus en temps que tel. Ce qui ne signifie pas pour autant la passivités, puisque la création artistique par exemple reste une production intellectuelle. les productions seraient simplement plus libres, plus créatrices et diversifiées.

Quels sont les garde-fous à mettre en place ?

Il en existe de deux types. Le premier est collectiviste : c'est la situation dans laquelle l'Etat définit les règles pour limiter le retour à la technologie. C'est la solution étatique, communiste. Le deuxième, c'est la concurrence, puisque la liberté du consommateur constitue une garantie face aux excès de technologies.

Tout cela se discute, évidemment, mais inviter cet homme à une table ronde, ce n'est certes pas perdre du temps.

Je sens quelqu'atrabilaire  qui va me dire qu'ici on ne parle finalement que d'argent. Que nenni, loin de là, et il y a eu des interventions solides avec des questions de morale qui ont démontré à quel point ces entrepreneurs n'ont pas comme seul souci de maximiser des profits, quand bien même, naturellement, tous veulent clairement un succès dans leurs affaires. C'est le moins, convenons-en.

Je donne comme seul exemple cet entrepreneur qui, originaire de banlieue "chaude", avec tous les handicaps que vous pouvez imaginer, a réussi à monter une petite affaire de nettoyage dans laquelle, dès le départ, il a réussi à convaincre des apporteurs de fonds, de la nécessité d'allouer une partie des profits à une ONG travaillant en Afrique. Là encore, une leçon.

Le plus impressionnant restera ce géant, du style audiardien : "quand un 120 kilos dit certaines choses, les 60 kg écoutent", qui a créé des outils de haute technologie permettant à des chirurgiens du cerveau l'introduction ultra précise  de stimulateurs pour combattre les effets de la maladie de Parkinson. Bon, pour le moment, il ne fait que quelques millions de CA, mais il ira loin, sans nul doute. Il est d'ailleurs classé dans le top 5 des hommes les plus importants, niveau technologie, par une revue scientifique canadienne où les autres noms sont ceux de Gates, Jobs, Zuckerberg : rien  que ça !!! J'aurai dû noter son nom : sorry !

ATELIERS-CORNERS

Une pointure comme pas deux a réussi à captiver la bonne trentaine de participants à un atelier sur la notion de "MARQUE". Simplement bluffant et superbe. Il m'a appris beaucoup en une heure. 

L'autre atelier auquel je me suis inscrit : "Comment parler en public". Là aussi, une équipe de très haut niveau nous a montré par A+B, avec, entre autres les exemples de Strauss-Kahn à TF1 et surtout Spanghero, quelles sont les erreurs à ne pas commettre. Du concret, du réel, là encore une superbe leçon de choses.

AUTRES REMARQUES

Manifestement, il y a là un gisement de clients potentiels pour le vin ! A part un ou deux qui avouent des caves en création ou déjà existantes, la plupart de ces jeunots devraient intéresser les bons producteurs. Il va falloir créer des passerelles et dès l'an prochain, je l'ai promis à Olivier, je vais m'occuper de fournir des crus de belle tenue à ces jeunots qui donnent au mot "risque" un sens quotidien ! Au lieu de sans arrêt parler entre nous, il n'est que temps d'envisager l'évangélisation bachique des nouvelles générations, non mais !

DRESS CODE

Ni d'Armani, ni de Gucci, ni de Scabal. Ici, le jean a été roi, parfois avec belle veste type blazer. Le style Jobs et Ballmer (PDG de Microsoft pour les ignares) a fait des émules.

FEMINISATION

On est loin d'un équilibre hommes-femmes, mais il y avait là des caractères féminins plus que bien trempés, pas du tout impressionnés par cette vaste majorité masculine. Et quand elles prennent pas parole, tous écoutaient sagement…

GRANDE QUESTION POUR LE FUTUR

Si je devais retenir qu'une seule chose de cet événement où la presse n'était pas conviée (il y aurait de quoi dire sur cette politique), c'est le début de prochains débats, probablement fondamentaux, qui devront traiter d'un sujet majeur pour les années à venir.

Je m'explique.

En parlant du monde de demain, on a évoqué, trop brièvement, qu'il va y avoir en Europe un pourcentage sensible de la population qui aura du mal à trouver un job. Je n'aime pas le terme "oisif" qui a été mal utilisé pour définir cette catégorie, tant il est vrai que si cette catégorie existe, elle est loin de définir les adultes sans travail. La question fondamentale est donc : qui va prendre en charge, et de quelle manière, ces gens qui ne trouveront pas de place dans le monde de la production "matière" ? Il y a eu des interventions - trop courtes - plus que remarquables sur ce sujet si délicat, et, c'est clair et net, ces jeunes entrepreneurs ont parfaitement conscience de ce problème qui va devenir majeur en Europe.

Je souhaite qu'un prochain événement traite de cette question.

Bon, finissons sur une note plus légère. j'ai fait connaissance du fondateur d'une boîte qui s'appelle LABRADOR, le genre basque dont la poignée de main laisse des traces d'une souffrance supportable grâce au sourire accompagnant ce salut viril et quotidien. Evitez, si jamais vous le rencontrez, la cuisine moléculaire : je ne vous dis que ça !

Bref : j'ai rencontré, d'un autre monde, des gens plus qu'intéressants, pas bégueules pour un sou, vous posant plein de questions au lieu de vendre leur soupe comme c'est trop souvent le cas. 

Merci à Olivier Duha de m'avoir invité à ce SPRING CAMPUS.

DEUX TRES MAUVAISES PHOTOS DEPUIS MON IPHONE

Marc Thiercelin, ce grand navigateur : séminaire sur l'énergie

A droite de Virginie Calmels, le PDG d'Autolib (Bolloré)

AU SUJET DU TRAVAIL

En remerciant encore Henri du lien qu'il nous a indiqué en commentaire, je me permets de reciter ici, sous ©, le début du texte de Charles Gave (ICI) :

"Pour faire simple, il y a trois sortes de personnes dans la vie

  1. Ceux qui veulent se débrouiller tout seul, s’occuper de leurs affaires et qu’on les laisse tranquilles.  De façon générale, quand ils prennent des risques, ils en assument les conséquences. C’est dans cette catégorie que l’on peut ranger les « entrepreneurs », et c’est d’eux et d’eux seuls que dépend la croissance économique puisqu’ils sont responsables de la « destruction créatrice » de ce cher Schumpeter sans laquelle aucune croissance n’a jamais eu lieu, nulle part.
  2. Ceux qui veulent que l’on s’occupe d’eux. Catégorie parfaitement honorable, mais qui ne cultive pas un amour exagéré du risque. On y trouve les fonctionnaires, les salariés des très grandes entreprises, les rentiers, les retraités…Vivre dans l’incertitude leur est difficile, leur but étant de voir leur vie s’écouler comme un long fleuve tranquille.
  3. Ceux qui veulent s’occuper des autres sans vraiment travailler, probablement parce que leur maman ne les a pas assez aimé quand ils étaient petits. On les trouve aujourd’hui dans la politique ou dans les « media ». Leur processus intellectuel est toujours le même: « Ils » diagnostiquent un problème, » ils » offrent une solution (qui en général passe par un accroissement des pouvoirs de l’Etat – et donc de leurs pouvoirs à eux), la solution échoue (comme toujours quand l’Etat se mêle de quelque chose en dehors des domaines Régaliens), ce qui ne les gène en rien puisqu’ils ont une « nouvelle » solution pour régler les problèmes  qui n’existaient pas et qu’ils ont créé de toutes pièces, et surprise, surprise, cela suppose à nouveau un rôle accru de l’Etat ( et donc de leurs pouvoirs).Ils veulent en général laisser leur nom dans l’Histoire.   Thomas Sowell les appelle les « Oints du Seigneur  (ou ODS)  (annointed en Anglais) pour bien montrer la nature religieuse  et non scientifique de leur discours.. L’idée est toujours que nos « élites « vont  intercéder pour nous avec la Divinité, mais que pour que ca marche, il faut que nous les payions constamment et fort cher. Rien de neuf donc, la base de  tout charlatanisme ayant toujours été l’infinie crédulité des victimes. (Voir « le Devin » chez Astérix et Obélix, ou le programme de monsieur Hollande à la dernière élection pour plus de détails)

Le schéma théorique tel que décrit par Sowell s’est déroulé dans la pratique de façon impeccable avec l’Euro.

Chaque pays était géré selon son pacte social et disposait de sa propre monnaie. Si un pays était bien géré, sa monnaie montait, s’il était mal géré, sa monnaie baissait, ce qui fait que tous les entrepreneurs européens étaient sur un pied d’égalité, les dévaluations et réévaluations ajustant pour les différences d’efficacité des systèmes politiques. Ce n’était pas tres élégant, mais ca marchait plutôt bien. Tout allait donc bien en Europe et la croissance était la même à peu prés partout la même puisque tous les entrepreneurs étaient sur un pied d’égalité.  .

Pour nos ODS ,tout cela était au contraire, très, très mal car l’on ne faisait jamais appel à  leur services et cela voulait dire que le Marché (et non pas eux) déterminait le taux de change et le taux d’intérêt qui s’appliquaient  à chaque pays. Si la politique suivie était stupide, le taux de change baissait et le taux d’intérêt montait, ce qui est insupportable si vous êtes sorti premier de l’école et que vous êtes à l’origine de cette politique stupide..Pour eux, il allait falloir remplacer tous ces systèmes inefficaces par un bon gros Etat central qui saurait gérer l’Europe au bénéfice de tout le monde et surtout cacher leurs erreurs le plus longtemps possible.

Et qui gérerait ce nouveau monstre?

Quelle question! Nos ODS bien sur! Qui d’autre?

La première étape vers la création de cet état Européen se fera par la monnaie, nous dirent ils et  de ce fait nous aurons une merveilleuse convergence des économies sur tout le vieux continent. L’Euro est créé dans l’enthousiasme général pour améliorer des choses qui n’en avaient guère besoin, mais soit….

Attali, Minc, BHL Rocard, Juppé, Sapin, Adler, etc… tous sauf Philippe Seguin dont il faut relire le discours sur l’Euro, nous annoncent une longue période de croissances ininterrompue, accompagnée par une baisse du chômage et une convergence des niveaux de vie partout en Europe. (Relire les déclarations de tous ces Oints du Seigneur aujourd’hui est irrésistible).Bien plus,  nous assurent les mêmes, politiquement, l’Euro permettra de contrôler l’Allemagne, bien trop puissante après sa réunification et donc contribuera à  la bonne entente entre tous.

Douze ans après, où en sommes nous?

Cinq ou six pays européens sont en faillite ou en quasi faillite, le chômage atteint 25 % en Espagne, 50 % chez les jeunes de l’Europe du Sud, nos systèmes bancaires sont en danger d’implosion et l’Allemagne donne des ordres a tout le monde  … Tout le contraire de ce qu’ils nous avaient vendu.Difficile de se tromper plus…Les responsables de ce désastre, honteux et confus, ont ils décidé de se faire rare et de demander pardon aux populations , ce qui serait la moindre des choses. ?

Point du tout!"

Allez lire la suite : c'est un sujet passionnant !


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