Les « Primeurs 2011″ un an après…

Alors que la campagne des primeurs 2012 débute dans deux semaines (du 8 au 12 avril) et que tout le monde se demande comment se goutera ce nouveau millésime et à quel prix les châteaux le proposeront, Millésima, le négociant de Bordeaux dédié uniquement à une clientèle de privés, proposait de redéguster le 2011 « un an après », juste avant la mise en bouteille.

Propriétaires, journalistes et passionnés ont ainsi pu déguster plus de 100 vins rouges d’un millésime un peu sinistré car il suivait de grands millésimes tels que 2009 et 2010 où la qualité et le potentiel spéculatif étaient bien là.

Depuis plus de deux siècles, les Grands Crus Classés bordelais vendent chacune de leur récolte en primeur au printemps aux négociants bordelais et leurs tarifs n’ont cessé de grimper depuis l’an 2000. Tout est sujet au débat : la qualité du millésime, la crise mondiale qui déprime les clients…

Cette dégustation est donc l’occasion de rappeler aux propriétaires que le seul outil efficace à la réussite de la prochaine campagne des primeurs reste le prix.

Patrick Bernard, patron de Millésima, les a exhortés à revoir leur prix franchement à la baisse afin que l’amateur puisse à nouveau s’offrir ces bouteilles qui lui sont devenues inaccessibles : « Millésima est désireux de voir les usages bordelais perdurer, ce système unique au monde ne peut être bafoué et l’on ne peut pas prendre le risque de l’user ».

Concernant spécifiquement le millésime 2011 qui a connu un printemps extrêmement sec et chaud et de grandes averses estivales suivies même de grêle qui ont retardé le début des vendanges un peu partout, j’avais déjà écrit un article l’an dernier justement pendant la semaine des primeurs au moment de sa toute première dégustation. Un an après, la dégustation est plus facile car l’on peut à nouveau soumettre les vins aux 3 points clefs d’une dégustation, à savoir : la nature aromatique, la structure tannique et la persistance, alors qu’avec des vins « en primeur » la notions de plaisir est plus difficile à extraire et l’on se concentre surtout sur les grands défauts qui ne pourront jamais s’améliorer avec l’âge (moisissure, végétaux, vinaigre…).

Ce que j’avais dit à l’époque c’est que si vous aviez un peu d’argent à dépenser, je conseillais d’acheter des blancs, 2011 étant une grande réussite pour les Pessac Léognan mais aussi pour les Sauternes. Concernant les rouges, tous les vins avec un assemblage majoritaire de Cabernet Sauvignon sont à privilégier, ce cépage est le roi de l’année : il confère une trame élégante et dense, des tannins soyeux, une belle complexité aromatique, mélange d’épices et fruits. Dans un context de changement climatique, tout me laisse penser que sa suprématie dans le Médoc sera totale. Le Petit Verdot, inconstant dans le passé, a aussi de belles cartes à jouer dans le futur.

Les « primeurs » 2011 sont encore en vente jusqu’à fin avril, voici quelques coups de cœur à l’heure de cette dégustation :

Les extraordinaires :
Château PALMER, Margaux, 3e crus classé
Château PICHON Comtesse de LALANDE, Pauillac, 2e cru classé

Les grandioses :
Château LASCOMBES, Margaux, 2e cru classé
Château. PONTET CANET, Pauillac, 5e cru classé
Château GRAND PUY LACOSTE, Pauillac, 5e cru classé
Château LYNCH BAGES, Pauillac, 5e cru classé

Les excellents :
Château RAUZAN GASSIES, Margaux, 2e cru classé
Château PRIEURE LICHINE, Margaux, 4e cru classé
Château PICHON BARON, Pauillac, 2e cru classé
Château LA FLEUR PEYRABON, Pauillac
Château LA CONSEILLANTE, Pomerol
Château GAZIN, Pomerol,
Château DE SALES, Pomerol
Château TROPLONG MONDOT, Saint-Emilion, 1er grand cru classé B
Château CANON LA GAFFELIERE, Saint-Emilion, Grand cru classé
DOMAINE DE CHEVALIER, Pessac-Léognan Rouge, Cru classé
Château PAPE CLEMENT, Pessac-Léognan Rouge, Cru classé