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Les Primeurs 2012 à Bordeaux (1)

Par Mauss

Voilà le buzz qui commence cette semaine et qui va durer 15 jours. Il va falloir raison garder et naviguer correctement entre les médisances et les flatteries.

Un bon départ est d'écouter le point de vue de Stéphane Derenoncourt : ICI

QUELQUES POINTS PERSO

1 : on dira ce qu'on voudra, mais il faut bien avouer qu'à part une petite poignée de professionnels et quelques rares journalistes bien habitués à Bordeaux, la plupart des zeus qui viennent à l'invitation de l'UGCB et/ou des châteaux sont strictement incapables de donner des avis censés, si ce n'est d'essayer de copier en moins bien ce que dira tel ou tel, style James Molesworth : ICI (merci Oliv)

2 : on sait que Bordeaux est la plus vaste zone de vignobles sous un seul nom, et donc qui peut aligner une production en volume plus que conséquente. Cela veut dire simplement qu'à chaque millésime, il y a toujours des crus qui font excellents, d'autres bons, enfin aussi des médiocres et des pas bons du tout. Comme 2012 a été une année difficile à l'automne, chacun va s'efforcer de trouver les quelques crus ou AOC qui s'en sortent mieux que la majorité. Il y aura donc quelques noms qui sortiront du lot, soyez en certain. A lire quelques rapports, par exemple, La Mondotte du Comte Von Neipperg semble jouer dans la cour des touts grands.

3 : on sait aussi que l'économie vinicole bordelaise est loin d'être un tout. C'est bien au contraire une atomisation de situations :

- des domaines phares, classés, reconnus, régulièrement "under the radar" et qui donnent une priorité (excessive ?) aux marchés neufs, aux clients n'ayant pas connu la période où les prix actuels en euros étaient en FF. Eux s'en sortiront sans problème, tant leurs marges dépassent très largement le coût de production, même en comptant la nourriture des chiens de la concierge.

- des domaines où les propriétaires ont des moyens financiers et les engagent sans compter afin de produire ce qui peut se faire de mieux sur leurs terres. S'il y a un handicap, il est double : être sur une AOC moins prestigieuse et/ou être trop neuf sur le marché, c'est à dire pas assez connu.

Trois exemples évidents : Rollan de By (un médoc), Reignac (un bordeaux), Haut-Carles (un fronsac), La Dauphine (encore un fronsac).

Eux s'en sortiront, quand bien même cela prendra du temps et encore bien des dépenses en communication.

- des domaines historiques, naviguant dans une rentabilité ± solide, avec une clientèle ± fidèle depuis des générations. Là encore un exemple évident : Haut-Marbuzet.

- des domaines de petite taille, avec une absence sensible de capitaux et/ou de volonté d'améliorer le produit, incapables financièrement et intellectuellement de communiquer comme il le faudrait, à la Bizeul, et dont l'avenir est incertain. Ils sont bêtement coincés aussi par le fait que bien des amateurs ne croient pas qu'on puisse faire bon à Bordeaux à moins de € 15. Ubuesque !

- des coopératives, certaines fonctionnant mieux que bien, d'autres à la limite du dépôt de bilan.

- des négociants produisant des marques, style Yvon Mau, et qui bénéficient d'un réseau commercial en place et de modèles économiques tenant la route.

4 : mais, et de loin, le plus important à retenir pour cette année sera le point suivant : quelque soit la catégorie dans laquelle se trouvent ces propriétés, tout le monde, les journaux en tête, exigera une politique de prix sensiblement plus proche du marché réel si la région veut reconquérir un tantinet une affection qu'elle a simplement et totalement perdu.

Bordeaux a oublié que le vin est une boisson, aussi prestigieuse qu'elle puisse être, et que sa valeur égale zéro dès le moment où le vin est bu. Avoir oublié ce fait basique, avoir alimenté des fonds spéculatifs, avoir berné la clientèle chinoise, tout cela n'est pas très fute-fute. Il va falloir rebondir. Espérons que cette campagne de primeurs, une année Vinexpo, sera  enfin la renaissance d'un sentiment positif sans lequel il est difficile d'imaginer un avenir un peu plus radieux.


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