Un phoque, une robe rose bonbon, une grue qui surmonte Montreuil, une urne funéraire, autant d’éléments improbables pour cette fable de crise économique, perchée entre le réalisme cru et les coïncidences rocambolesques. Mais à vouloir absolument superposer les vignettes cocasses, Queen of Montreuil sonne malheureusement assez creux.
Synopsis : Agathe, qui vient de perdre brutalement son mari, ne sait pas quoi faire de ses cendres. L’arrivée inopinée chez elle de deux islandais pourrait l’aider à surmonter le deuil…
Une jeune femme en deuil rencontre deux islandais, un jeune homme et sa mère bloqués à Paris, et décide de les héberger. En quelques jours, la mère se fait employer en tant que conductrice de grue. Tout dans Queen of Montreuil est aussi simple que cela, les choses se font et se défont ainsi, sans autre raison que l’envie et l’intuition du moment.Les bizarreries s’accumulent pour dresser un portrait léger et vivant d’une petite communauté de gens qui vivent les uns avec les autres, dans l’absurdité de l’instant. Tout ici doit être loufoque, et tant pis si les personnages finissent par manquer de consistance à force de frivolité.
Alors certes, tous ces seconds rôles farfelus sont parfois drôles et attachants, mais ils ne se différencient pas vraiment les uns des autres, ils répondent tous à la même logique d’insouciance et de folie douce, jusqu’à ce que la fantaisie de l’ensemble paraisse forcée.
L’ouvrier de la grue, la maitresse du mari, le gardien de zoo, le fétichiste des robes, tous entrent et sortent de l’histoire sans rien y changer vraiment, chacun compose sa partition anecdotique, créant une vignette qui n’a pour fonction que d’ajouter encore un peu d’étrangeté dans le scénario.
Caruso et Ulfur sont des personnages creux, ils introduisent dans la vie d’Agathe de nouveaux éléments incongrus, un arbre généalogique (autour duquel se crée un délire très artificiel) ou un phoque (plus réussi). Et puis il y a Anna, dont l’énergie un peu exagérée nous séduit autant qu’elle nous agace. C’est aussi le cas de Florence Loiret-Caille : parfois son air à côté de la plaque nous touche vraiment, d’autres fois elle en fait un peu trop.
Le projet entier semble paradoxalement manquer d’authenticité. A force d’accumuler un tas de petits éléments disparates et saugrenus, le film fait décalé mais ne l’est pas vraiment. Pour quelques moments drôles et tendres (notamment ceux impliquant le voisin fauché), on reste le plus souvent sceptique devant cette comédie désordonnée et un peu longuette.
Note : 3/10
Queen of Montreuil
Un film de Solveig Anspach avec Florence Loiret-Caille, Didda Jonsdottir et Úlfur Ægisson
Comédie – France – 1h27 – Sorti le 20 mars 2013