D'abord un passage à Château Margaux, histoire de vérifier les notes du Grand Jacques. Et bien oui, le 2012 est charmeur, fin , délicat, féminin, une prima donna en devenir.
Mais ce qui m'a bluffé grave, c'est le blanc 2011, car impossible de déguster le 2012 puisque nous sommes passés en période de mise en bouteille. Bon : sentiment juste car Monsieur Paul Pontallier nous a confirmé haut et fort qu'en blanc, le millésime 2011 est "la" référence des blancs sur cette propriété. Je le crois en applaudissant des deux mains, et je me suis même permis de solliciter une seconde lecture de la chose.
Les travaux importants avancent tranquilos, la tonnellerie (300 barriques par an) est partie dans la section des ateliers, et tout le reste baigne dans une sereine sérénité : c'est dire !
Passer de Monsieur Paul Pontallier à Henri Duboscq, c'est passer de l'opéra Garnier au théâtre populaire de Bussang. Certes, les deux hommes portent à la perfection la veste en velours, marque incontestable et incontestée des grands hommes du vin.
Certes, Henri Duboscq (l'homme aux 51 vendanges : personne ne dit mieux en Aquitaine !) fréquente aussi Scabal et n'a pas perdu cet accent si particulier dans tout le médoc ni cette faconde si agréable rappelant le temps des grandes heures, des jaguars et autres babillements de nos jeunesses inconscientes. Oui, oui, on se connaît depuis plus de 30 ans.
Quant à Monsieur Paul Pontallier… comment dire… il s'est fondu totalement dans l'âme de la propriété, dans Château Margaux. Je ne connais aucun autre dirigeant de grand vignoble qui soit autant en symbiose avec la propriété qu'il dirige. S'il exagère dans un commentaire, ce n'est pas lui, c'est la terre qui le porte qui parle par sa bouche.
Donc, nous voilà à Haut-Marbuzet, dans la salle de dégustation jouxtant un chai où on peut sans problème dîner sur de belles pierres tant les choses ici sont d'une propreté clinique. Verrerie parfaite, température des vins idéale et hop, un petit tour des 2012, 11, 10, 09. On avance dans le temps et la complexité. Superbe leçon de chose. Notamment sur les différences fondamentales entre vins de plaisirs et vins de travail de tête : mais bon, je ne vais pas revenir là-dessus : cela ferait désordre pour nos amis zwinglistes :-)
Mais le bijou arrive : un 1982. Là, les garçons, une bouteille d'anthologie : exactement tout ce que j'aime dans un grand bordeaux. Clair : il n'y aurait point ce nouveau sens des responsabilités automobiles confortées par les impitoyables uniformes bleus toujours là où il ne faut pas, que la topette aurait été séchée en deux temps trois mouvements.
Henri Duboscq peut être fier de ce 1982. Après tout, après tous ces commentaires qui doutaient des capacités de vieillissement heureux de ses vins, voilà une preuve magnifique des erreurs de jugements de jeunes galopins qui se prennent pour des autorités en matière d'analyse vineuse. Le cru a ses 30 ans bien sonnés, âge presque canonique pour pas mal de vins. Lui, c'est la force de l'âge, l'épanouissement serein, la joie de vivre, le don de tout, sans complexe et sans jouer les minauderies de fausses jeunettes incompétentes.
Vous avez compris : passer un moment comme cela à Haut-Marbuzet, écouter le maître des lieux parler de ses augustes voisins (Bouygues et Reybier (ex jambon d'Aoste (achtung : le Aoste de France) : excusez du peu !), évoquer Parker qui a toujours aimé ses vins, et redire la stupidité de ce journaliste téléphonant un dimanche matin alors même que le Maître a d'autres occupations ignorées de l'impétrant, bref, écouter Henri Duboscq, c'est prendre un gros bol de pur plaisir, saupoudré régulièrement de quelques notes percutantes sur les qualités de tel ou tel millésime.
Un homme qu'on aime, vous l'avez compris !
Sa devise : Etre le premier ? Peu m'importe. Etre le préféré ? Ça oui !
Bon; il dit cela nettement mieux que bibi. pas grave : je suis pardonné :-)
L'étiquette bien connue de tant de restaurateurs qui savent à quel point ce cru est consensuel.