Les investissements chinois dans le vin

A un moment où le buzz du vin va évoquer la vente - partielle ou totale - de Bon Pasteur (Pomerol) qui appartient à la Famille Rolland* (l'affaire a pris quelque temps à être signée) à un investisseur chinois, il faut quand même savoir que depuis quelques années, d'autres asiatiques, très discrètement, ont également acquis des propriétés viti-vinicoles, que ce soit en bordelais ou ailleurs.

* : ne pas oublier qu'il reste à Michel et Dany Rolland le très beau château Fontenil et quelques arpents de bonne terre en Argentine :-). Ils sont toujours vignerons !

On a fait donc connaissance, récemment, grâce au B+D qui en avait fait un commentaire sortant de l'ordinaire pour son primeur 2012, d'un saint-émilion sur la commune de Saint Christophe des Bardes, le Château Tour Saint Christophe.

Voilà la troisième propriété bordelaise acquise par un ressortissant de Hong-Kong, Monsieur Peter Kwok que j'ai pu rencontrer lors d'un déjeuner à Troplong-Mondot (impressionnant ce restaurant créé sur la propriété). Un homme affable, discret, définitivement exigeant en termes de qualité, voulant enraciner sa famille (3 enfants = 3 châteaux) dans le monde du vin.

Certes, Haut-Brisson ou Tour Saint Christophe (la propriété surplombe Barde-Haut) ou La Patache (Pomerol) ne sont pas le château de Chambertin ou le Bon Pasteur qu'on a cité ci-dessus, mais voilà trois propriétés en rive droite qui feront parler d'elles, tranquillement, sur le plan qualitatif à défaut de faire les pages des revues architecturales ou émotionner les bobos de la rive gauche… parisienne :-)

L'équipe solide et unie mise en place par Peter Kwok  (Charles Lemoine, Sandrine Bosc et le maître de chai dont j'ai oublié le nom : mea culpa)  est simplement passionnée par le potentiel de ces trois domaines. Comme ailleurs, il faut du temps, mais on peut déjà vous dire que Haut-Brisson, cuvée "La Réserve" 2010, en lui permettant une belle aération d'une heure au moins, est un vin subtil, fin, ne manquant de rien, bien au contraire. On est loin des blockbusters si tentants à faire, histoire de séduire quelque critique outre-atlantique.

En fait, pourquoi je vous parle de cet homme en particulier ? Simplement parce que son discours, tout en modestie et volonté, est finalement assez rare à entendre dans un monde où les egos sont quand même largement développés.

Et comme mes lectures actuelles* évoquent souvent cette Asie fascinante, qu'on est sans doute qu'au début d'une période plus intense d'investissements de là-bas pour ici, je tenais à saluer Monsieur Peter Kwok pour son approche du vin, son sens de l'accueil, de la patience, sa simplicité et la place essentielle qu'a sa famille dans ses projets. Tout cela en un homme, ce n'est pas si commun.

* : si vous aimez l'Asie et l'astrophysique, lisez le livre très émouvant de Trinh Xuan Thuan, "Le Cosmos et le Lotus" (en Livre de Poche) où il raconte sa vie et ses recherches. Sa famille a traversé toute la période troublée de l'histoire du Vietnam depuis l'avant-guerre, et ce chercheur raconte cette tragédie avec une compassion rare. On s'était rencontré au Laurent où je compte bien l'avoir un jour comme conférencier au WWS.

Trinh Xuan Thuan (lire son interview dans le dernier LE POINT (n° 2124, page 106)

Un nom à retenir