Ce petit Chérubin les fesses à l'air sur son tonneau illustre le tout premier vin jaune d'Alice Bouvot et Charles Dagand. Une grande première pour ce domaine jurassien désormais phare, qui a su se tailler en moins de 7 ans une place de choix dans le milieu du vin bio et naturel jurassien, dans le milieu du vin du Jura tout court, dans le milieu du vin tout court. Alice et Charles, du domaine de l'Octavin, ont fait leurs gammes avec Mozart et ils ne l'ont pas renié, car ils bossent toujours avec Don Giovanni. Mais ils vont désormais au-delà, proposant une gamme de vins qui dépotent, contenant comme contenu. Pas de recette spécifique, en dehors d'un gros travail biodynamique à la vigne, plutôt un feeling et une inspiration qui leur donnent envie de se laisser guider par le raisin en cours d'élevage, question de confiance. Et le plus souvent, ça paye! D'une année sur l'autre, les vins ont leur propre identité. Un de leurs gros succès, que l'on trouve sur les meilleurs tables du monde, en toute modestie, c'est le Trousseau des Corvées.
Avec cette cuvée, dite du Nain, boire du trousseau n'est jamais une corvée. Une étiquette signée Mme Olif, tronche de peinture, qui a du coup été sollicitée pour habiller le Chérubin. Avec pour consigne toutefois de lui laisser les fesses à l'air. Un Nain jaune pour une désacralisation du clavelin, dont bien peu de vignerons, pour ne pas dire aucun, osent un nom spécifique, encore plus s'il est fantaisiste. Deux fûts élevés en parallèle dans une même cave fraiche et humide, mis en bouteilles séparément, et deux vins s'exprimant légèrement différemment. Ciré bleu pour un nez épicé, champignon de printemps, qui sait pourtant rester frais dans le gosier. Ciré jaune pour des arômes plus réservés au nez, mais une bouche tout en dentelle et en finesse, hautement salivante. Un jaune réjouissant, qui a pourtant frôlé le déclassement, n'exprimant pas une soit-disant typicité arboisienne, généralement sur la noix prononcée. Il s'est fort heureusement bien rattrapé à l'oral, le contraire aurait pû être un scandale à la hauteur de "la faute grave" qui a coupé les ailes du Moulin-à-Vent du domaine de la Molière tout dernièrement.
Les autres nouveautés, ce sont des histoires de rébus avec des chardonnays de la Mailloche macérés et un Zest de savagnin, lui aussi cuvé au lieu d'être râpé. De bien belles quilles et de quoi se taper une bonne partie de jeux de société en compagnie d'Alice et Charles! 7 qui prend?
Olif