On lit ici et là quelques commentaires sur cette vente "petits bras" d'une partie de la cave présidentielle. Monsieur Michel Chasseuil n'a pas aimé.
Nous non plus, mais pas de la même façon.
Là où on peut critiquer le besoin démagogique d'un gouvernement souhaitant montrer des exemples futiles d'économies afin de cacher celles qui vraiment sont nécessaires, ce Monsieur Chasseuil se plaint de constater que ce sont des étrangers qui achètent ces crus estampillés "Cave de l'Elysée". ICI
Comment peut-on passer ainsi à côté des fondamentaux du vin ?
Un cru est fait, fondamentalement, pour être bu, et si possible à son optimum d'évolution. C'est le but recherché par le producteur, c'est le but de l'amateur, c'est le but de ce secteur économique.
On a écrit ICI à quel point la "collectionite" est, en matière de vins, quelque chose de critiquable, sinon de détestable. Je le redis : c'est une insulte au travail du vigneron autant qu'une vaine gloriole de vanité et de suffisance pour le collectionneur qui exige qu'aucune de ses bouteilles ne soit consommée.
Certes, on comprend parfaitement la nécessité des vinothèques des domaines, des châteaux où là le but est de laisser aux générations futures quelques flacons qu'ils pourront déguster en souvenir de générations passées. Ce que fait avec panache la Maison Bouchard Père et Fils.
Ceci admis, de quel droit Monsieur Chasseuil voudrait interdire à quelques richissimes asiatiques le fait d'acquérir de telles bouteilles mises en vente par La Tour d'Argent, le palais de l'Elysée ou je ne sais quel autre cave de prestige ? Qu'est ce que c'est que ce nationalisme de médiocre facture ? Tout le but de ce secteur économique, qui apporte plus de 9 milliards d'euros à la balance commerciale française, est bien de faire apprécier dans le monde entier un produit, le vin, qui, chez nous, a pris depuis des siècles ses lettres de noblesse ? Quel malthusianisme vulgaire appliqué au vin !
A quel titre devrions nous interdire à un non-français de s'intéresser à ces vins ? Parce qu'ils quitteront le territoire ? Et alors ? Parce qu'on a pas les moyens de se les payer ? Sans oublier que rien ne dit que le contenu est au niveau du contenant…
Chacun sait qu'il en reste largement assez dans toutes les caves et qu'on doit bien plutôt blâmer ces vins oubliés qui meurent implacablement alors même qu'il y a tant d'amateurs qui aimeraient les déguster : n'est pas Monsieur Chasseuil ?
On devrait applaudir des deux mains ces généreux amateurs étrangers ! Car, contrairement à Monsieur Chasseuil, plus que probablement ils trouveront des occasions pour déguster ces crus avec des amis autour de soirées conviviales. Et, petite cerise sur le gâteau, encore ne faut-il pas oublier que nos amis de La Pergola à Rome, Marco Reitano (membre GJE) et Heinz Beck (chef ***) ont acquis une belle partie de cette vente qui sera donc mise sur la carte de ce restaurant romain.
Bon : on ne va pas s'énerver trop sur de telles futilités. Gardons simplement en mémoire, et en restant sur un simple plan économique, que bien des producteurs disent merci chaque jours à ces amateurs étrangers qui leur permettent de vivre décemment de leur travail.
Maintenant, si on ajoute à ce volet économique un tantinet réducteur, un volet de culture et de prestige pour le pays, on voit à quel point au lieu de condamner et de critiquer ces acheteurs étrangers, on devrait les remercier plus que chaleureusement !
M'enfin, ce que j'en dis…
Un des plus grands chefs européens : Heinz Beck… et à sa droite, le Chef du George V : Monsieur Eric Briffard : un tout grand aussi dont le Pithiviers automnal vaut le voyage :-)
Marco Reitano qui fait visiter la cave de La Pergola à Rome : là aussi, cela vaut le voyage !
HORS SUJET
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