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Un travail que devrait faire la critique du vin

Par Mauss

La Coupe des Crus Bourgeois, telle que rapportée dans le POINT de cette semaine, met en évidence le succès d'une ancienne propriété bordelaise de la Maison de Champagne Duval-Leroy. Ce que je retiens de l'article, c'est bêtement que le vin était bon à boire, offrait de réelles satisfactions. Château Muret.

Cette lecture a suscité une succession d'idées, de sujets aboutissant à ce titre du jour : "Un travail que devrait faire la critique du vin".

Expliquons nous :

Un des leit-motiv qu'on oppose à la validité des sessions du GJE, c'est de dire que pour les grands crus, nos travaux sont nuls et non avenus eu égard au fait majeur que les vins jeunes sont des vins en devenir, qu'il est en sus bien plus difficile d'évaluer leur potentiel à l'aveugle, et donc que, fatalement, des crus vinifiés pour être bus rapidement peuvent alors les devancer dans les classements "photographiques" que sont les nôtres.

Bien. Ça prouve au moins une chose : que lorsqu'on goûte, même les pros du GJE, on cherche quand même, consciemment ou non, un plaisir ou une émotion. Inutile de vous dire que voilà un point qui me fait bonheur :-)

Donc, admettons qu'effectivement, les grands noms ne peuvent se déguster correctement que lorsqu'ils sont à un âge adulte, à l'apogée de leur évolution. On oublie que cela va contre le principe parkérien qui a toujours été de dire qu'un grand vin DOIT être bon pendant toute la période de sa vie. Mais là je taquine, c'est là un autre sujet.

Acceptons le fait qu'une juste évaluation d'un classé ne peut se faire qu'au bout de dix ans. Soit. On a dégusté plusieurs fois des vins de cet âge, ce qui n'a nullement empêcher les Reignac, Rollan de By et Haut-Condissas de rester dans le haut du panier : désolé de donner des boutons de fièvre aphteuse à quelques thuriféraires des classements historiques.

Là où je veux en venir : enfin !

Si effectivement les grands crus ont besoin éventuellement d'un traitement à part, c'est à dire d'être évalué seulement lorsqu'ils sont autour de leur apogée, j'attends donc de la critique un tableau excel avec en ordonnée les 61 crus classés (et les équivalents de la rive droite), avec en abscisse les millésimes allant de 1961 à 2000 et dans les cases correspondantes, en date de 2013, la note qu'ils méritent. Pas la simplicité facile du "à finir", "à boire", "à garder". Ça, je sais faire tout seul.

Oui, oui, je sais, c'est un travail de romain, et on ne demande pas que toutes les cases soient remplies. Nous ne sommes pas des Caligula ! Mais ce serait quand même sympa de la part des grands guides, des critiques majeurs, de nous dire un peu ce qu'ils pensent de ces vins mythiques arrivés enfin à un moment où ils donnent (ou doivent donner) le meilleur d'eux-mêmes !

Car n'oublions jamais, pour ceux qui en ont en cave, que ce sont là des bouteilles qui valent souvent leur pesant de cacahouètes. Est ce que mes Lynch-Bages 2002 sont à boire ? Où en sont mes Latour 76 ? Qui me dit ça au jour d'aujourd'hui ? François Audouze ? Il n'a pas le temps : trop occupé à batailler sur LPV tel un Du Guesclin du XXIème siècle !

Et oui, j'insiste : c'est là un travail majeur que devrait nous proposer la critique sérieuse. Ce n'est pas trop grave, financièrement, d'ouvrir un cru qui se situe autour de € 15 alors que pour un mogul valant plusieurs centaines d'euros, on souhaite quand même quelques informations à jour !

Comment faire ? Simple : demander au château, une fois tous les 3 ans (faut pas pousser quand même) qu'ils organisent pour les meilleurs critiques mondiaux (comme cela on amortit les bouteilles) de venir à la propriété, et de déguster une verticale de 10 à 20 millésimes, histoire de donner un point de vue compétent et surtout à jour pour tous ces amateurs qui, finalement, tapent un peu à l'aveugle dans leurs caves sans trop savoir s'il vaut mieux choisir le Haut-Brion 88 ou le Margaux 79. Si c'est pas malheureux d'en arriver là !

Et chiche qu'il y aurait des amateurs prêts à payer pour ce service ! Et hop, des sous du côté des lecteurs !

J'avoue : ce n'est pas vraiment mon problème, ni celui de la majorité de nos amis du blog : on aime plus ici discuter des styles de gamay d'un Marionnet par rapport à ceux de Burgaud ou Bouland. Mais il n'y a pas de raison de s'inquiéter aussi de temps en temps des riches qui sont dans le brouillard : même si ça fait tousser ABM :-)

Bon, départ pour Singapour via Londres. On vous dira tout !

UN EXEMPLE QUI ME VIENT EN TETE :

Lors de l'inauguration des nouveaux chais de Pavie (superbes), lors du dîner, nous fut servi Pavie 1999. Une beauté. A tout haut niveau, subtilité, fascination des équilibres, finale classieuse, bref : un tout grand vin … très éloigné de tant de bêtises écrites à son sujet à sa naissance, bêtises bien trop souvent dictées par des critères n'ayant rien à voir avec le cru.

Et l'idée que les châteaux fassent pour 15 grands noms ces verticales régulières : l'UGCB a les moyens, du moins ses membres, de financer une telle opération ! Et le fait de convoquer le même jour les Bettane, Burtschy, Parker, Martin, Masnaghetti et autres Payne ou Duhr, cela aurait du panache, non ? En sus, on pourrait comparer leurs points de vue sans fausse note car vins dégustés le même jour, dans les mêmes conditions, et d'une même bouteille ou magnum !

C'est-y pas une toute bonne idée, M'me Michu ?. Va savoir, Charles !


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