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Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn – Ben Fountain

Par Theoma

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« Existe-t-il un point de saturation, un nombre de morts suffisant qui finira par briser en mille morceaux le rêve d'Amérique ? »

Après avoir commis un délit mineur, Billy Lynn se voit offrir une porte de sortie à la prison... s'engager en Irak.

A travers une fable excentrique et terriblement réaliste, Ben Fountain en dit beaucoup sur son pays. Le premier mot qui m'est venu à l'esprit : obscénité. L'obscénité de l'Amérique. Ses extrémités, ses paradoxes, son besoin absolu de héros - nécessité exacerbée depuis le 11 septembre.

L'auteur questionne son pays sur le sens de l'engagement américain en Irak mais il serait dommage de résumer ce roman habile et féroce à cet unique objectif. Billy Lynn s'interroge avec ses propres moyens, sans pour autant remettre en question le système dans lequel il est englué. De nombreux passages m'ont marquée comme le club de strip tease et la découverte du fameux stade accueillant le Superbowl. L'évolution de la parade militaire en cirque médiatique. Promouvoir la guerre comme n'importe quel produit cinématographique ou musical.

Alors que dans certains romans, l'utilisation du langage parlé démontre une pauvreté du vocabulaire de l'auteur, elle est ici parfaitement maîtrisée. Ce sont des soldats qui s'expriment. Les pages sont crédibles, remuantes et sans concession. Parfois acidulé, souvent grinçant, Ben Fountain nous offre un roman d'une piquante intelligence.

Albin Michel, 416 pages, 2013, traduit de l'anglais par Michel Lederer

Extraits

« Tant que tu ne peux pas faire autrement, fais semblant » se rappelle-t-il. C'est ainsi qu'il a jusqu'à présent survécu à la vie militaire. »

« Jamais les Américains ne ressemble davantage à une bande d'ivrognes que quand ils entonnent les derniers vers de leur hymne national. »

« Au moins, lui confie un homme, le 11 septembre à fait taire les féministes.

Ah bon ? » Billy consulte son verre. Les féministes ?

« Et comment ! Maintenant qu'on nous attaque, elles parlent moins de « libération ». Il y a des choses que fait un homme et qu'une femme est incapable de faire. Comme combattre, par exemple. Un tas de choses dans la vie exigent de la force physique.

On a peut-être besoin d'une guerre de temps en temps pour reconsidérer l'ordre des priorités », ajoute un autre homme.

Pioché chez Sandrine, merci ! Chaudement recommandé par Keisha, un peu laborieux pour Sylire


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