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Guides et Foires aux vins (FAV) 2013 (2)

Par Mauss

Voilà le résultat de mes lectures rapides du samedi matin avec un compte-rendu papillonnant de trois revues : L'EXPRESS, le FIGMAG et la RVF.

Il y a là de la belle matière ! 

Juste quelques chiffres glanés sur le SUD-OUEST du jour, basés sur l'exemple du LECLERC de Saint-Médard :

Ventes annuelles de vin : 730.000 bouteilles

Ventes durant la FAV : 100.000 bouteilles avec un prix moyen en baisse, plutôt dans la fourchette € 10 - € 15. Madame Fédrigo, responsable de ce secteur à INTERMARCHE parle même d'un prix moyen entre € 7 et € 10.

Les grands noms des classés sont certes présents pour quelques belles fortunes, mais cela tient plus de l'exposition de prestige que d'une source conséquente de revenus pour la GD.

Chiffre d'affaires global des FAV dans la GD (Grande Distribution) en France : 400 millions d'euros. Quelqu'un peut transmettre cette info aux sieurs Hollande, Montebourg, Sapin et autres zeus se pinçant le nez à la simple évocation du vin, alors même que tous ces vignerons garantissent une certaine tenue des campagnes et un solide tissu économique, sans même rappeler qu'en export, on titille Airbus Industries ?

Une chose est sûre : les revues traitant du sujet ont parfaitement en tête ces chiffres.

L'EXPRESS

Bon : vous aurez le droit de pondérer mes vues du fait que ce sont mes amis Bettane et Desseauve, les B+D, qui ont en charge la présentation de ce cahier spécial de cette semaine.
En fait, c'est bien plus qu'un simple cahier ou les 100 pages de Dupont dans Le Point (qui reste une des références de lecture pour sa promotion de noms peu connus).
Il y a d'abord un petit calepin, à garder, où nos deux zozos, avec leur équipe et un jury d'amateurs, ont sélectionné "Des bons vins à moins de € 10". La présentation est rapicotante. On a des intitulés qui génèrent des plaisirs de lecture.

"Vins de soif et vins de copains"
"Les blancs adorables"
"Les champagnes qui vous changent une fête"
"Les valeurs sûres"
"Les chouchous de Bettane-Desseauve"
"Ceux qui seront encore meilleurs dans 2 à 5 ans"
"Des rosés toute l'année"

Avec une très belle et simple présentation de la valeur des millésimes, par région.
Certes, la région "Champagne" implique des prix supérieurs aux € 10 annoncés, mais c'est une évidence pour les crus de ce vignoble au prestige incontesté.

Pas de publicité intégrée et des descriptions avec des mots de tous les jours. Bref : une petite bible pour tous ceux qui ne veulent pas papillonner dans des listes sans fin et dont le budget "vin" est très sage.

Les frustrés seront les zeus dont les moyens et les ego réclament des noms hyper-connus qui forceront un certain respect lorsqu'ils les serviront à table. A ceux-là, on recommandera l'achat du GUIDE B+D où ils liront avec délectation les grands noms qu'ils pourront s'offrir. Il en faut pour tous les goûts et budgets, n'est-il pas ?

Le "Hors-Série" qui accompagne cet hebdo annonce en couverture "200 Vins et Champagnes" dégustés et commentés. (Le champagne n'est-il pas un vin ? : va savoir, Charles…).

On y lira à profit des présentations de domaines, de personnalités, de terroirs (le Liban) et pour ceux qui pensent déjà au millésime 2012 à Bordeaux, une sélection des crus qui mériteront un achat l'an prochain.

J'ai noté dans ces articles des évidences qu'il ne faut cesser de dire et redire.

Exemples : le rôle majeur du Négoce (interview de Bernard Magrez pages 24 et 25). A ceux qui enterrent un peu vite ce système, ne jamais oublier les carnets d'adresses et les réseaux uniques au monde des grandes maisons de négoce comme Joanne, Millesima, Johnston, Ballande et autres Moueix. Ils ont connu des crises, des moments de doute, des phases de pouvoir intense, mais les meilleurs sont toujours bien en place… même si Latour a jeté le trouble sur ce fonctionnement historique du marché des crus bordelais.

Page 15, un encart sur Stéphane Droulers (Château Carles) dont le cru Haut-Carles qui reçoit autant de soins - sinon plus - qu'un Premier de 1855, est quelque part "puni" par une AOC (Fronsac) que peu de gens connaissent alors même qu'historiquement, ce fut une des gloires de la Gironde. Ce cru est incontestablement un des meilleurs, sinon le meilleur RQP de la région et surtout fera des bouteilles de référence dans dix ans. Je cite la dernière phrase de l'article, que je pourrai signer des deux mains : "Précipitez-vous, le 2012 est franchement splendide". A l'aveugle au GJE, nul doute qu'il fera un carton, comme l'ont fait en leur temps Rollan de By et Reignac.

Les chipoteurs vont faire leur bouche en cul de poule, pas grave !

Ne pas oublier aussi dans cette AOC les progrès plus que significatifs de La Dauphine de Guillaume Halley qui a pris Michel Rolland comme conseil. Là encore un RQP de référence.

Billet d'humeur (sans aucun excès) sur Parker, pages 26 et 27 que je pourrai signer des deux mains.

Sont-ce là des pages déjà publiées dans des numéros antérieurs ? Tu me dis, Nicolas ?

Belle présentation des crus de Gevrey-Chambertin (pages 28/29/30) où, à mon dernier voyage, on évoquait la vente éventuelle d'une ouvrée du GC Chambertin (il y en a 24 dans un hectare) avec une mise à prix (si, si) de 1 million d'euros ! Un groupe d'investisseurs asiatiques, "drivé" par un français parti s'installer à Singapour, écume la région à la recherche de vignobles et de partenaires connus pour les cultiver. Ça chauffe grave de grave en Bourgogne !

Lire aussi les pages sur le Liban, pays entre marteau et enclume où des propriétés se battent pour proposer des crus de référence et où les Gardinier, propriétaires de Taillevent, ont investi dans une cave splendide (page 37).

Voir Hubert de Boüard et Gérard Perse, les nouveaux Premiers Grands Crus classés A, trinquer comme "barons en foire", lire les ambitions sur Figeac de Jean-Valmy Nicolas, la passion de Nicolas pour le Chante-Cocotte dont on reparlera, une présentation du Chêne Bleu, propriété magnifique de Nicole Rolet, une autre de la maison Mellot, une autre encore sur ces institutions financières, assurances et banques investissant à Calon-Ségur, Lascombes, Grand Puy Ducasse et autres châteaux. Bref : on y apprend plein de choses dans ce Hors Série.

Pourquoi alors avoir publié d'autres pages comme celles sur Michel Chapoutier (Homme de l'année du B+D) ou Patrick Brunel (CNDP) dans le cahier normal de l'Express (page 122) ?
Va savoir, Charles !

C'est clair : ceux qui ne courent pas acheter ce n° de l'EXPRESS feront dorénavant partie des HVM (haineux, vindicatifs, malfaisants) : une tribu qu'Audiard voyait croissante :-)

FIG MAG

Les 52 pages du FIG MAG dont la clientèle habituelle n'habite pas forcément dans le 9-3, devront satisfaire les amateurs pouvant et voulant encaver des crus majeurs, quand bien même les sélections de Bernard Burtschy (800 vins) contiennent une belle proportion de crus à moins de € 30. La famille Dassault dont le cru éponyme est vendu dans le millésime 1995 à € 45,05 chez Vinothèque, verra son honneur sain et sauf : mais que diantre ! A quoi sert ce € 0,05 ? Je taquine, je taquine…

On l'a compris de facto : ce supplément est le compagnon idéal du précédent. Cela reste raisonnable : seuls 4 vins dépassent le seuil des € 100 dont Yquem (cela se comprend) et le sublime Clos des Goisses 2004. Merci à Bernard d'avoir aussi une colonne "coup de coeur". J'avoue avoir été sensible aussi au fait qu'il mentionne quelques crus étrangers (page 142), quand bien même cette section devrait être étoffée. Après tout, ne jamais oublier qu'on est ou doit être européens !
Il faudra, le bougre, qu'il m'explique comment un vin peut avoir seulement *** (sur **** possibles) "Prix/Plaisir" et en même temps un "coup de coeur" comme le Crozes-Hermitage bio 2011 de Combier. Bernard deviendrait-il janséniste ? Je chipotte, je chipotte…

Les pages suivant les listings donnent pour chaque enseigne majeure "LE" cru à acquérir comme le Rollan de By 2011 chez Carrefour (€ 14,95). Là encore, l'homme pressé aura l'information de base pouvant le guider dans ses achats.

Pages spéciales sur l'Alsace (sa région d'origine : faut l'excuser, le Bernard), avec les domaines de référence, et belle photo des Deiss avec un Jean-Michel qui ressemble de plus en plus, côté cheveu blanc et fou, à Roberto Voerzio.
4 pages sur l'étiquette et ses évolutions. Comment appelle t'on déjà les collectionneurs d'étiquettes ? Et 3 pages sur le bouchon qui reprend des couleurs : cela devrait faire plaisir à Amorim et autres producteurs assiégés par les capsules, les bouchons en verre et autres nouvelles propositions de bouchage.

RVF

Oui, oui, j'ai aussi acheté le n° 574 de la RVF (€ 7,90) qui offre généreusement un drop-stop et son petit livret "Guide d'achat des crus" avec un palmarès inédit ! Diantre, on va regarder cela tout de suite !

D'abord, pas encore lu de propositions sur quelques Gris de Toul : ignares, ces revues, ignares !!! On va sévir ! Avec le changement climatique, d'ici à ce que les Jadot ou Bouchard investissent dans la Moselle ou la Meuse…

Ce petit Guide, soyons franc, est décevant. Outre une formulation particulièrement lapidaire des commentaires par cru, il ne parle que des bordeaux : cela aurait dû être mentionné clairement en couverture. Et ce ne sont pas les quelques indications de valeurs de millésimes bourguignons qui autoriseront une absolution de ce manque d'égard pour le lecteur.
Et la belle affaire de nous dire qu'un sauternes ayant un 17/20 ne peut se comparer à un margaux ayant la même note ! Qu'on nous donne alors une notation et une hiérarchie des grandes appellations afin que l'amateur puisse pondérer la note universelle sur 20.

Le financier appréciera les deux pages rappelant les prix des classés depuis le millésime 2000.

Les fondus du bio trouveront leurs fournisseurs en AOC Beaujolais pages 184 à 187.

Le critique vérifiera que la note d'un classé (pages centrales) est la même que celle reproduite dans le petit Guide détachable. S'il trouve des différences, gageons que sur LPV il suscitera quelques grivoiseries.

L'avantage majeur de ce n° spécial FAV est de présenter clairement les enseignes de la GD par région, ce qui évitera des frustrations ici et là. Ainsi, le sage bordelais apprendra qu'au Carrefour-Market de Caudéran, il y aura 600 références, sous un tente externe, dont une belle sélection de domaines du Sud-Ouest.

Dommage que dans les pages des coordonnées des producteurs ne soit indiqué que le n° de téléphone alors qu'à l'heure d'internet, l'adresse courriel ou du site eut été nettement plus intéressante. On va morigéner le petit Maurange :-)
A part cela, les pages classiques habituelles, bien nourries en publicité (où j'apprends que le Domaine Alphonse Mellot a 500 ans !!!), mais quand même, un bel outil de travail par région pour ces FAV.

242 pages de lecture : de quoi remplir votre dimanche ! 14 experts au service de la RVF avec deux zèbres qui ne sourient pas sur leur photo : le petit Maurange (connu du temps des grandes heures du GJE en Hongrie) et le redoutable bretteur Olivier Poels.

Billet trop long ? je suis bien d'accord avec vous. Je demande une indulgence plénière !

PAS TOUT A FAIT HORS SUJET

Le sieur Nicolas (de Rouyn pour les intimes) a pondu un article net et précis sur un ouvrage à acheter :

"Le vin c'est pas sourcier" de Miss Glou-Glou. ICI

Commandé hier sur Amazon, reçu ce samedi : dingue la vitesse de travail de cette boîte. Avec en sus les quatuor de Dvorak que, toute honte bue, je n'avais pas ! Shy. Michel va me gronder…

Effectivement, un superbe livre pour qui s'initie au vin et surtout pour tous les autres qui se croient… Merci du conseil, Nicolas !


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