Si nous sommes venus pour plusieurs dégustations officielles de grands crus teutons, notamment lors des manifestations des VDP (à peu près équivalent pour l'Allemagne de UGCB à Bordeaux), c'est la première fois où j'assistais à la vente proprement dite de quelques grands crus type "liquoreux" (il n'y a aucun vin sec, vu de sombres règles historiques bannissant les vins chaptalisés et appliquant le mot "naturel" aux vins avec sucre résiduel par nature non chaptalisés).
Ce système de ventes aux enchères doit être unique au monde. Tout passe par des courtiers auprès desquels les amateurs placent leurs ordres du style :
- si le prix reste < à € 50, j'en prends 6 bouteilles
- si le prix arrive à € 80, je n'en prends que 2
- si le prix va au-dessus, et quel qu'il soit, j'en prends au moins 1 bouteille.
Vous imaginez le binz ?
Non, car vous ne savez pas l'essentiel : toutes ces tractations se font entre 4/5 personnes, qui calculent les allocations en fonction des ordres reçus et qui font tout ce travail à la main, sans calculette, alors même que de jeunes gamins fondus de PC ou de Mac vous feraient un programme idoine en deux temps trois mouvements.
Bref : tout cela se déroule dans une pure lenteur helvétique ! Les zozos d'Acker Merrall ne supporteraient pas la chose plus de dix minutes !
La salle est pleine, mais personne ne peut intervenir directement pour enchérir ! C'est fou ! C'est dingue, et à chaque cru présenté à la vente, des dames capables de tenir dix chopes de blanche viennent vous servir une goute du breuvage qui va passer aux enchères.
Je défie quiconque d'expliquer le système en dix lignes !
Néanmoins, et même si le déjeuner servi (€ 15) n'est en aucune façon accompagné d'un vin - ce qui pourrait susciter des ventes plus "actives" côté valeur - les gens présents sont tout sourire comme vous le verrez sur les photos ci-dessous.
Pour avoir dégusté quelques crus chez l'un ou chez l'autre, au moins une chose est sûre et certaine : l'Allemagne produit des rieslings liquoreux à faire pleurer ! Les beaux succèdent aux grandioses qui suivent les chefs d'oeuvre. Egon Müller est le Président de cet événement particulièrement singulier, et une fois encore - je n'ai pas les chiffres - ses crus vont atteindre des sommets.
Loosen était content de la vente de son Prälat Auslese avec un prix de € 360 (+ TVA) pour une bouteille de 0,75. Ne criez pas au scandale ! Venez visiter son terroir, et vous comprendrez pourquoi. Le travail à la vigne, ici, est simplement dantesque, vu les pentes abruptes des vignobles longeant la douce Moselle.
IMAGES
La célébrissime Porta Nigra de nos ancêtres romains
Famille Willi Schaefer : des tout grands !
Venu en voisin, Jean Trimbach
Oui, cette année, il sourit ! David Rayer, une sommité sur les vins allemands
Le sérieux papal légendaire d'Egon Müller
Les demoiselles JJ Prüm (gauche et droite), si chères au VP du GJE
Ernst Loosen et une jeune stagiaire en apprentissage au Domaine
Que des sérieux, mais sûr que ce soir, ce sera une blanche avec une belle paire de saucisses !
Belle tablée française : sommeliers du George V, Philippe Bourguignon et la représentante de la RVF