Magazine Beaux Arts

Un couteau, un bureau, une fleur

Publié le 06 juin 2007 par Marc Lenot

Claes Oldenburg et Coosje van Bruggen, à la Fondation Miro de Barcelone, exposition terminée le 3 Juin.

Le couteau apparaît dans une performance assez fameuse à Venise il y a 22 ans, Il Corso del Coltello, fable mise en scène dans la ville que le couteau-bateau traverse. Oldenburg se déguise en Dottore Coltello, peintre amateur et explorateur costumé en couteau suisse, sa femme Coosje van Bruggen devient l’écrivaine voyageuse Georgia Sandbag pourvue d’un gros balluchon orné d’étiquettes de voyage, et l’architecte Frank O. Gehry personnifie le barbier Frankie P. Toronto dont l’habit est fait de colonnes doriques et de tympans romans. Ca a dû être très drôle, les costumes géants sont exposés ici, mais c’est surtout la série des aquarelles qui m’a plu, comme un carnet de voyage décrivant les aventures du couteau, mais je n’en trouve pas de reproduction à vous faire partager. Au delà de la pantomime, c’est aussi le dialogue éternel entre art, littérature et architecture qui était ici mis en scène.

Le Bureau européen (1989/90) est une grande table grise comme un champ de bataille où sont posés des outils de bureau désuets : un tampon buvard (ci-contre), un encrier, une plume d’oie, un pèse-lettres. Ils sont gigantesques, minéraux, sombres, funèbres. Ils sont défaits, déconstruits, écorchés. Ici et là, la reproduction de bribes d’un manuscrit de Léonard de Vinci, illisibles. Est-ce la fin de l’écriture ? sa déconstruction ? sa renaissance ? Là aussi, les trois disciplines se confrontent.

La fleur (Dropped flower, 2006) vient juste de tomber par terre, ses pétales traduisent tout juste l’impact du choc au sol. C’est un pavot géant d’un rouge éclatant; au centre une boule verte est comme emprisonnée dans une cage noire. Est-ce là son coeur ? son opium ? C’est une pièce très sensuelle, très tactile, qui marque aussi sa fragilité, sa beauté temporaire. Demain elle sera fanée, elle aura disparue, nous n’aurons plus que son souvenir, que les rêves qu’elle aura induits.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Marc Lenot 482 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte